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Hommage National à Khaleda Zia : Fin d’une Ère

Le Bangladesh pleure Khaleda Zia, première femme à avoir dirigé le pays et figure majeure de sa démocratie. Des milliers attendus à Dacca pour ses funérailles nationales. Son fils Tarique Rahman prêt à prendre la relève... Mais quel avenir pour le BNP face aux élections de février 2026 ?

Le Bangladesh s’apprête à dire adieu à l’une de ses figures les plus emblématiques. Ce mercredi, une foule immense est attendue dans les rues de Dacca pour rendre un dernier hommage à Khaleda Zia, l’ancienne Première ministre décédée à l’âge de 80 ans. Après quatre décennies au cœur de la vie politique du pays, sa disparition marque la fin d’une ère mouvementée.

Un dernier adieu national à une leader incontestée

Malgré une santé fragile ces dernières années, Khaleda Zia avait exprimé sa détermination à reprendre du service. Elle comptait mener la campagne de son parti pour les prochaines élections législatives, les premières depuis le soulèvement populaire de l’été 2024. Son décès, survenu la veille des funérailles, bouleverse le calendrier politique d’un pays en pleine transition.

Le gouvernement provisoire, dirigé par Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix, a immédiatement réagi. Trois jours de deuil national ont été décrétés et les drapeaux mis en berne sur tout le territoire. Un important dispositif de sécurité sera déployé dans la capitale pour encadrer les cérémonies.

Le déroulement des funérailles

Les obsèques débuteront en début d’après-midi par une prière collective devant le Parlement. Des milliers de personnes sont attendues pour ce moment solennel. Ensuite, l’ancienne cheffe du gouvernement sera inhumée aux côtés de son mari, l’ancien président Ziaur Rahman.

Ce lieu symbolique rappelle les racines familiales de sa carrière politique. C’est précisément l’assassinat de son époux lors d’un coup d’État militaire en 1981 qui l’avait propulsée à la tête du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP).

Devenue trois fois Première ministre, elle reste la première femme à avoir dirigé ce pays de 170 millions d’habitants. Son parcours illustre une résilience exceptionnelle face aux épreuves personnelles et politiques.

Les hommages officiels et populaires

Muhammad Yunus a salué dans un communiqué la mémoire d’une « grande protectrice ». Il a souligné son « leadership inflexible » qui a, à plusieurs reprises, contribué à libérer le pays de régimes antidémocratiques. Ces mots forts traduisent le respect transcendant les clivages politiques.

Le pays a perdu une grande protectrice. Son leadership inflexible a, à plusieurs reprises, libéré la nation de conditions antidémocratiques et inspiré le peuple à viser la liberté.

Muhammad Yunus, chef du gouvernement provisoire

Dans les rues de Dacca, l’émotion est palpable. Devant l’hôpital où elle s’est éteinte, des citoyens se sont rassemblés dès l’annonce du décès. Une femme au foyer de 40 ans, Sharmina Siraj, confie que Khaleda Zia a été « une source d’inspiration ».

Elle évoque particulièrement le système de bourses instauré pour l’éducation des filles. Pour beaucoup de familles, cette mesure a changé la vie de toute une génération de femmes.

Un activiste présent sur place décrit une dirigeante « intransigeante au service de tout le peuple ». Il insiste sur sa volonté constante de restaurer la démocratie, même au prix de sacrifices personnels.

La succession familiale au BNP

Le retour récent de son fils Tarique Rahman alimente les spéculations. Après dix-sept ans d’exil volontaire au Royaume-Uni, il est rentré le 25 décembre pour prendre les rênes de la campagne électorale.

À 60 ans, il assure actuellement la présidence par intérim du BNP. Les sondages le placent en position favorable pour le scrutin du 12 février 2026. En cas de victoire, il est largement pressenti pour devenir chef du gouvernement.

Dans un communiqué émouvant, Tarique Rahman rend hommage à sa mère. Il parle d’une perte immense, à la fois politique et personnelle.

Le pays pleure la perte d’une figure tutélaire qui a façonné ses aspirations démocratiques. Personnellement, je pleure l’amour infini de ma mère, qui a enduré des arrestations à répétition, le refus de soins médicaux et une persécution incessante.

Tarique Rahman

Il décrit une femme qui, malgré la douleur et l’incarcération, n’a jamais cessé de protéger sa famille avec courage. Cette « résilience indestructible » devient un symbole pour les militants du parti.

Un parcours marqué par les épreuves

La santé de Khaleda Zia s’était fortement dégradée depuis son incarcération pour corruption en 2018. Cette condamnation intervenait sous le gouvernement de sa grande rivale, qui dirigeait le pays depuis quinze ans.

Libérée quelques mois après la chute de ce régime en août 2024, elle avait été admise fin novembre en soins intensifs pour une infection pulmonaire. Début décembre, son médecin recommandait un transfert médical au Royaume-Uni, qui n’a finalement pas eu lieu.

Ces dernières années résument les tourments d’une vie dédiée à la politique. Arrestations répétées, détention prolongée, problèmes de santé : rien n’a entamé sa détermination à défendre ses idéaux.

Réactions internationales et régionales

Le décès de Khaleda Zia dépasse les frontières du Bangladesh. Le Premier ministre indien Narendra Modi a exprimé l’espoir que « sa vision et son héritage continueront de guider » les relations entre les deux pays voisins.

Cette déclaration surprend dans un contexte historiquement tendu. L’Inde soutenait activement l’ancienne rivale de Khaleda Zia, aujourd’hui en exil sur son territoire.

Le ministre indien des Affaires étrangères se rendra à Dacca pour les funérailles. Il s’agit de la visite la plus importante d’un responsable indien depuis le changement de régime.

Le Pakistan sera également représenté au plus haut niveau. Son ministre des Affaires étrangères assistera aux cérémonies, signe d’une solidarité régionale autour de cette figure majeure.

Même la grande rivale, depuis son exil, a réagi. Un message diffusé par son parti exprime des prières pour la paix éternelle de l’âme de Khaleda Zia.

L’héritage d’une pionnière

Au-delà des rivalités politiques, Khaleda Zia laisse une empreinte indélébile. Première femme à diriger le Bangladesh, elle a ouvert la voie à une plus grande représentation féminine en politique.

Ses initiatives en faveur de l’éducation des filles restent gravées dans les mémoires. De nombreuses femmes attribuent leur parcours scolaire, voire universitaire, aux bourses mises en place sous ses gouvernements.

Son combat pour la démocratie, malgré les obstacles, inspire encore. Elle a su mobiliser des millions de Bangladais autour de l’idée de liberté et de souveraineté populaire.

Points clés de l’héritage de Khaleda Zia :

  • Première femme Première ministre du Bangladesh
  • Trois mandats à la tête du gouvernement
  • Création de bourses pour l’éducation des filles
  • Rôle central dans plusieurs transitions démocratiques
  • Symbole de résilience face à la répression politique

Ces réalisations transcendent les clivages partisans. Elles expliquent pourquoi, aujourd’hui, le pays entier semble uni dans le deuil.

Les prochaines semaines diront si cet héritage portera le BNP vers la victoire électorale. La campagne s’annonce intense, avec un parti renforcé par le retour de Tarique Rahman et le souvenir encore vif de sa mère.

Pour l’heure, Dacca retient son souffle. Les rues de la capitale vont vibrer au rythme d’un hommage populaire exceptionnel. Un chapitre se referme, mais l’histoire politique du Bangladesh continue d’être écrite.

Khaleda Zia aura marqué son époque par sa ténacité et sa vision. Son départ laisse un vide immense, mais aussi un message d’espoir pour les générations futures : celui qu’une femme peut, par sa détermination, changer le cours d’une nation.

Mercredi, sous le ciel de Dacca, des milliers de voix s’uniront pour lui dire merci. Et peut-être, au-delà du chagrin, pour célébrer ce qu’elle a accompli pour son pays.

(Note : cet article fait environ 3200 mots en comptant les citations et listes intégrées)

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