Imaginez une vieille dame écossaise bien corpulente entrer dans un sex-shop de San Francisco, demander calmement un énorme gadget intime et un pot de lubrifiant, tout ça avec le plus grand sérieux. Le vendeur, d’abord impassible, finit par réaliser que sous le maquillage se cache… Robin Williams. Cette scène n’est pas tirée du film, mais d’une vraie anecdote vécue par l’acteur pendant le tournage d’un des plus grands classiques de la comédie familiale. Une histoire qui résume parfaitement le génie imprévisible et l’humour sans limites de cette légende du cinéma.
Madame Doubtfire, un film qui traverse les générations
Sorti en 1993, Madame Doubtfire reste l’une des comédies les plus aimées du grand public. Réalisé par Chris Columbus, le film met en scène un père divorcé prêt à tout pour rester proche de ses enfants. Et « tout », ça inclut se transformer en une gouvernante britannique excentrique et attachante. Le succès est immédiat : des rires en salle, des répliques cultes et une performance inoubliable de Robin Williams qui marque toute une génération.
Le scénario s’inspire d’un roman britannique d’Anne Fine, Quand papa était femme de ménage, publié en 1987. L’adaptation cinématographique prend cependant une dimension comique unique grâce au talent d’improvisation de son acteur principal. Aux côtés de Sally Field dans le rôle de l’ex-épouse Miranda et de Pierce Brosnan en nouveau compagnon, Robin Williams porte littéralement le film sur ses épaules – et sous plusieurs couches de prothèses.
Ce soir-là, des millions de téléspectateurs redécouvrent ce classique lors de sa rediffusion. L’occasion parfaite de replonger dans les coulisses d’une production qui a demandé un travail titanesque, surtout sur le fameux déguisement.
L’histoire touchante derrière la comédie
Daniel Hillard est un père aimant mais immature. Comédien de doublage talentueux, il perd son emploi à cause de son caractère fantasque. Quand il organise une fête monstre pour l’anniversaire de son fils, c’en est trop pour Miranda. Le divorce est prononcé, et Daniel n’obtient qu’un droit de visite limité. Dévasté à l’idée d’être séparé de ses trois enfants, il décide de prendre des mesures radicales.
Aidé par son frère maquilleur professionnel et son compagnon, experts en effets spéciaux, Daniel se métamorphose en Madame Iphigénie Doubtfire, une gouvernante anglaise irréprochable. Le plan fonctionne : Miranda l’engage sans se douter de rien. Commence alors une double vie rocambolesque, ponctuée de situations hilarantes et de moments d’émotion pure.
Le film excelle dans l’équilibre entre humour slapstick et tendresse familiale. Il parle de divorce, de reconstruction et de l’importance d’être présent pour ses enfants, tout en faisant rire aux éclats. C’est cette combinaison qui explique sa longévité.
La création du look légendaire de Mrs Doubtfire
Transformer Robin Williams en vieille dame convaincante n’a pas été une mince affaire. L’équipe a d’abord tenté une approche minimaliste : un peu de rouge à lèvres, un maquillage léger. Résultat ? On reconnaissait immédiatement l’acteur. Même avec de faux nez, l’illusion ne tenait pas.
Il a fallu repenser complètement le personnage. Le maquilleur Greg Cannom, déjà célèbre pour son travail sur des films fantastiques, a pris les choses en main. Après avoir étudié des centaines de photos de femmes âgées, il a créé un visage entièrement nouveau. Prothèses faciales, perruque grise, lunettes rondes, robe fleurie : chaque détail a été pensé pour rendre Mrs Doubtfire crédible et attachante.
Le processus quotidien était long et fastidieux. Plusieurs heures de maquillage chaque matin pour Robin Williams, qui passait ensuite la journée enfermé dans ce costume lourd et chaud. Pourtant, l’acteur ne s’est jamais plaint. Au contraire, il profitait de cette transformation pour explorer de nouveaux registres comiques.
« On a d’abord essayé une approche légère. Du rouge à lèvres et un simple maquillage. Mais on reconnaissait instantanément Robin. Ensuite, des faux nez. Pas plus convaincant ! Alors, on a décidé de lui refaire tout le visage. »
— Chris Columbus, réalisateur
L’anecdote la plus folle du tournage
Et c’est là qu’arrive l’histoire la plus improbable. Un jour, entre deux prises, Robin Williams décide de tester l’efficacité de son déguisement dans la vraie vie. Complètement maquillé et costumé en Mrs Doubtfire, il se rend dans un sex-shop du quartier de Castro à San Francisco.
Son objectif ? S’amuser un peu et voir si quelqu’un le reconnaîtrait. Il adopte l’accent écossais de son personnage et demande au vendeur, avec le plus grand calme, un énorme godemichet à deux têtes et un grand pot de lubrifiant. Le tout en gardant un air parfaitement innocent de vieille dame respectable.
Le vendeur, habitué à toutes sortes de clients, reste professionnel. Jusqu’au moment du paiement. En regardant de plus près, il réalise soudain qu’il a affaire à Robin Williams. La surprise est totale. L’acteur, pris sur le fait, explique qu’il tourne un film et que c’était juste pour rire.
Robin Williams lui-même a raconté cette anecdote des années plus tard, en 2013, lors d’une session questions-réponses en ligne. Il concluait avec humour : non, il n’avait rien acheté, mais il avait gagné une histoire extraordinaire à raconter pour le reste de sa vie.
« Un jour, alors que j’étais en costume et maquillage de Mrs Doubtfire, je suis allé dans un sex shop de San Francisco pour m’amuser. J’ai fait croire au vendeur que je voulais acheter un énorme godemichet à deux têtes et un pot de lubrifiant. Juste pour rire. Au moment de payer, le vendeur s’est rendu compte que je n’étais pas une corpulente vieille dame écossaise, et m’a reconnu. […] Ai-je acheté un godemichet ? Non. Ai-je gagné une super histoire à raconter ? Oui. »
— Robin Williams
Cette anecdote illustre parfaitement le tempérament de l’acteur. Toujours prêt à pousser l’expérience jusqu’au bout, même quand les caméras ne tournent pas. Son improvisation constante sur le plateau rendait chaque prise unique et contribuait à faire de Madame Doubtfire un film si vivant.
Pourquoi cette histoire reste culte
Bien sûr, l’anecdote choque un peu au premier abord. On associe Madame Doubtfire à un film familial, vu et revu par des générations d’enfants. Pourtant, cette incursion dans l’humour adulte révèle une autre facette du génie de Robin Williams.
L’acteur était connu pour son humour débridé, souvent borderline, qui contrastait avec ses rôles plus tendres. Cette dualité faisait partie de son charme. Il pouvait passer en un instant d’un sketch délirant à une performance dramatique bouleversante, comme dans Le Cercle des poètes disparus ou Will Hunting.
L’anecdote du sex-shop montre aussi à quel point le maquillage était réussi. Si Robin Williams a pu tromper un vendeur pendant plusieurs minutes, c’est la preuve que des mois de travail avaient porté leurs fruits. Le réalisme du personnage permettait ces expériences folles en extérieur.
L’héritage immense de Robin Williams
Plus de trente ans après la sortie du film, Madame Doubtfire continue de toucher le public. Les répliques comme « Oh cheriii ! » ou les scènes de transformation restent gravées dans la mémoire collective. Robin Williams y livre une performance physique impressionnante, alternant entre les deux personnages avec une énergie communicative.
Son décès en 2014 a laissé un vide immense dans le monde du cinéma. Mais ses films continuent de nous faire rire et réfléchir. Cette anecdote, parmi tant d’autres, rappelle qu’il n’était pas seulement un grand acteur : il était un showman total, capable de transformer n’importe quelle situation en moment mémorable.
La prochaine fois que vous regarderez Madame Doubtfire, pensez à cette vieille dame écossaise entrant courageusement dans un magasin pour adultes. Derrière le rire, il y a le souvenir d’un artiste unique qui donnait tout pour son art – et pour faire rire les gens, même dans les situations les plus inattendues.
Une chose est sûre : cette histoire continue de circuler, preuve que le mythe Robin Williams reste plus vivant que jamais.
Les scènes cultes qui ont marqué les esprits
Au-delà de l’anecdote hors-tournage, le film regorge de moments inoubliables. La scène du restaurant, où Daniel doit jongler entre ses deux identités, reste un sommet de comédie. Le dîner d’anniversaire chaotique, la transformation initiale devant le miroir, les soupçons grandissants des enfants : chaque séquence est pensée pour maximiser le comique de situation.
Robin Williams improvise beaucoup, et Chris Columbus a souvent gardé les prises les plus spontanées. Cette liberté créative donne au film une fraîcheur qui résiste au temps. Les enfants acteurs, aujourd’hui adultes, racontent encore combien l’ambiance sur le plateau était joyeuse grâce à lui.
Le message final sur la famille moderne, les familles recomposées et l’amour parental transcende les gags. C’est peut-être pour ça que le film touche encore autant, des décennies plus tard.
Un classique à revoir sans modération
Que vous l’ayez vu cent fois ou que vous le découvriez, Madame Doubtfire mérite sa place parmi les grandes comédies familiales. L’interprétation de Robin Williams, les gags visuels, la bande originale entraînante : tout contribue à en faire un moment de pur bonheur.
Et maintenant que vous connaissez cette anecdote complètement folle, le film prend une saveur supplémentaire. La prochaine fois que Mrs Doubtfire apparaîtra à l’écran avec son air sage, vous ne pourrez pas vous empêcher de sourire en pensant à son incursion secrète dans les rues de San Francisco.
Robin Williams nous manque, mais ses films continuent de nous accompagner. Des rires, des émotions, et parfois des histoires totalement dingues qui nous rappellent à quel point il était exceptionnel.









