Imaginez un géant qui vacille après une ascension fulgurante. Le Bitcoin, qui a frôlé les 126 000 dollars il y a quelques semaines à peine, se négocie désormais autour des 88 659 dollars. Cette chute de près de 30 % n’est pas anodine : elle s’accompagne de signaux techniques particulièrement inquiétants, juste au moment où les marchés attendent avec anxiété les minutes de la dernière réunion du Federal Open Market Committee.
Ces minutes, publiées ce 30 décembre 2025 à 20 heures heure française, pourraient éclairer les intentions futures de la Réserve fédérale américaine. Et pour le roi des cryptomonnaies, le timing est loin d’être idéal.
Des patterns techniques qui font froid dans le dos
En analyse technique, certains schémas ne trompent pas. Le Bitcoin en affiche plusieurs simultanément, et aucun n’est encourageant pour les haussiers.
Le rising wedge : un classique de retournement
Sur le graphique hebdomadaire, le prix du Bitcoin évolue depuis des mois à l’intérieur d’un rising wedge, cette figure formée par deux lignes de tendance ascendantes qui se rapprochent inexorablement. Historiquement, ce pattern se résout très majoritairement par une cassure baissière violente.
Le sommet du wedge correspond presque parfaitement au plus haut historique touché en octobre. Depuis, le prix a rebondi sur la borne inférieure à plusieurs reprises, mais la pression vendeuse semble prendre le dessus.
Une rupture confirmée sous cette borne inférieure ouvrirait la voie à une accélération baissière significative. Les analystes estiment que l’objectif théorique d’une telle figure pourrait ramener le Bitcoin vers les 70 000 dollars, voire plus bas.
Le bearish pennant en formation
Autre signal préoccupant : le prix semble en train de consolider sous la forme d’un bearish pennant. Ce pattern succède généralement à une forte baisse (le mât) et prend la forme d’un petit triangle symétrique.
Les deux lignes du triangle se rapprochent dangereusement de leur point de confluence. Quand elles se croiseront, la volatilité devrait exploser, presque toujours dans le sens de la tendance précédente – ici, baissière.
Ces deux figures qui se superposent renforcent mutuellement leur crédibilité. Il est rare de voir autant de signaux de retournement converger sur un même actif.
Les oscillateurs confirment la faiblesse
Les indicateurs techniques ne font qu’aggraver le tableau. Le Relative Strength Index (RSI) hebdomadaire a franchi à la baisse le niveau neutre des 50 et pointe résolument vers le sud.
Plus alarmant encore, on observe une divergence baissière claire sur plusieurs oscillateurs. Alors que le prix marquait un nouveau sommet en octobre, le RSI et le Percentage Price Oscillator refusaient de suivre, formant des sommets descendants. Ce phénomène précède souvent des corrections majeures.
Enfin, le Supertrend hebdomadaire a viré au rouge en novembre. La dernière fois que cet indicateur a donné un signal vendeur aussi net, c’était début 2022… juste avant la chute de 52 000 à 15 000 dollars.
Le contexte macroéconomique pèse lourd
Au-delà des graphiques, les fondamentaux macro jouent un rôle déterminant dans cette phase de faiblesse.
Les minutes du FOMC sous les projecteurs
La Fed a abaissé ses taux de 0,25 point pour la troisième fois consécutive en décembre, les portant dans la fourchette 3,50-3,75 %. Les projections officielles tablaient alors sur une seule baisse supplémentaire en 2026.
Mais les marchés en attendent davantage. Sur Polymarket, une plateforme de prédiction décentralisée, plus d’un million de dollars misent déjà sur deux ou trois coupes de taux l’an prochain.
Si les minutes révèlent un ton plus hawkish que prévu – c’est-à-dire une Fed moins disposée à assouplir rapidement sa politique – cela pourrait renforcer le dollar et peser mécaniquement sur les actifs risqués, Bitcoin inclus.
La fin de l’euphorie post-électorale
Le rallye post-élection américaine de novembre, porté par les espoirs d’une régulation plus favorable sous une nouvelle administration, s’essouffle clairement. Les investisseurs réalisent que les changements concrets prendront du temps.
Les entrées massives dans les ETF Bitcoin spot, qui avaient dopé le marché en début d’année, ralentissent nettement depuis l’automne. Sans ce carburant institutionnel constant, le Bitcoin peine à conserver ses gains.
Un marché qui retient son souffle
La liquidité globale reste abondante, mais les signaux d’un resserrement se multiplient. Les bilans des grandes banques centrales se stabilisent, et l’inflation américaine, bien que maîtrisée, refuse de retomber durablement sous les 2 %.
Dans ce contexte, les actifs à haut beta comme le Bitcoin sont les premiers à souffrir lors des phases de risk-off.
Quels niveaux surveiller absolument ?
Pour les traders, certains seuils techniques seront décisifs dans les prochaines semaines.
À court terme, la zone des 86 000-87 000 dollars constitue un support intermédiaire. Une perte de ce niveau validerait probablement la cassure du wedge et du pennant.
Le premier objectif baissier majeur se situe à 74 368 dollars, le plus bas d’avril 2025. Ce niveau correspond également au retracement Fibonacci de 50 % de toute la hausse depuis les creux de 2022.
En cas de rupture de ce support, le round number psychologique des 70 000 dollars entrerait en ligne de mire, suivi potentiellement par la zone des 60 000 dollars évoquée par certains analystes les plus pessimistes.
À l’inverse, une reprise au-dessus des 95 000 dollars, puis un retour dans le wedge, invaliderait temporairement le scénario baissier.
En résumé : tant que le prix reste sous la borne inférieure du wedge et du Supertrend rouge, la pression vendeuse domine. Une clôture hebdomadaire au-dessus de 92 000 dollars serait nécessaire pour entrevoir un rebond durable.
Et pour 2026 ? Entre espoir et prudence
Après une année 2025 marquée par des prévisions trop optimistes démenties par les faits, les analystes adoptent désormais une posture plus mesurée.
Les scénarios haussiers tablent sur un retour entre 150 000 et 250 000 dollars, porté par la poursuite des achats institutionnels via les ETF, un éventuel assouplissement monétaire plus marqué, et une régulation plus claire.
Les scénarios baissiers, eux, envisagent une correction plus profonde vers 60 000-70 000 dollars si la Fed freine les baisses de taux ou si les flux institutionnels se tarissent.
Ce qui est certain, c’est que le Bitcoin dépendra moins des vieilles narrations autour du halving (dont l’effet s’estompe) et davantage des conditions de liquidité globale et de l’appétit pour le risque des grandes institutions.
Les leçons d’une année mouvementée
2025 nous a rappelé que même l’actif le plus résilient peut connaître des corrections brutales. Les prédictions à six chiffres faciles se sont révélées prématurées.
Le marché mûrit. Les institutionnels, désormais acteurs majeurs, imposent leurs rythmes et leurs exigences de valorisation. Le Bitcoin n’est plus seulement un actif spéculatif : il réagit aux mêmes forces macro que les actions ou l’or.
Cette maturation est saine à long terme, mais elle rend les mouvements plus prévisibles… et parfois plus douloureux à court terme.
Conclusion : prudence et vigilance
Le Bitcoin traverse actuellement une zone de turbulence technique et macroéconomique. Les patterns en cours suggèrent une probable extension baissière dans les prochaines semaines, avec des cibles crédibles sous les 80 000 dollars.
La publication des minutes du FOMC ce soir pourrait agir comme catalyseur, dans un sens ou dans l’autre. Mais même un ton dovish ne suffirait probablement pas à inverser immédiatement la tendance technique lourde.
Pour les investisseurs de long terme, ces corrections font partie du cycle. Pour les traders, la prudence s’impose : les signaux actuels plaident pour une gestion rigoureuse du risque en attendant des signes clairs de retournement.
Le géant vacille, mais il n’est pas encore à terre. La suite dépendra autant des graphiques que des décisions des banquiers centraux et de l’appétit des institutions. Une chose est sûre : 2026 s’annonce passionnante.
Le marché crypto ne dort jamais. Restez informés, restez prudents, et surtout… gardez la tête froide.









