Imaginez une chaîne d’information qui, en quelques années seulement, passe du statut de challenger à celui de leader incontesté du paysage audiovisuel français. C’est exactement ce qui s’est produit en 2025 avec une progression qui défie toutes les attentes et soulève de nombreuses questions sur l’évolution des médias dans notre pays.
CNews, la grande surprise de l’année 2025
Les chiffres tombent comme un verdict sans appel. Avec 3,4 % de parts d’audience sur l’ensemble de l’année, cette chaîne s’est hissée à la première place du classement des chaînes d’information en continu. Une première historique qui marque un tournant majeur dans un secteur ultra-concurrentiel.
Ce succès ne doit rien au hasard. Il résulte d’une stratégie éditoriale assumée, d’une fidélisation accrue des téléspectateurs et d’une durée d’écoute nettement supérieure à celle de ses rivales. Les gens ne se contentent plus de zapper : ils restent, débattent, réagissent.
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Pour bien comprendre l’ampleur de cette performance, revenons aux données publiées par l’institut de référence en matière d’audiométrie. Sur l’année complète, la leader affiche donc 3,4 % de parts d’audience, contre 2,8 % pour sa principale concurrente.
L’écart peut sembler mince à première vue, mais il est significatif dans un univers où chaque dixième de point compte. Surtout, cette première place est obtenue en solo, alors que l’année précédente les deux grandes rivales partageaient la tête du podium à égalité parfaite.
Autre élément intéressant : malgré un reach légèrement inférieur certains mois – par exemple 39 millions de téléspectateurs touchés contre 45 millions pour la concurrente –, le temps passé devant l’écran fait toute la différence. Les spectateurs restent plus longtemps, signe d’une programmation qui captive et retient l’attention.
Au classement général des chaînes nationales, cette performance place la chaîne à la sixième position. Un résultat remarquable pour un canal thématique dédié à l’information en continu.
Une progression constante saluée en interne
Du côté de la direction, on ne cache pas sa satisfaction. Le responsable des antennes du groupe propriétaire a qualifié cette ascension de « plus belle des réussites ». Il insiste sur la progression constante observée depuis plusieurs années et sur le positionnement éditorial clairement identifié qui porte ses fruits.
C’est la plus belle des réussites. La chaîne est en progression constante et a trouvé son positionnement éditorial.
Ces mots traduisent une confiance renforcée et la conviction que le modèle choisi répond à une attente réelle du public. Un public qui, manifestement, recherche autre chose que le simple flux d’informations brutes.
Un positionnement éditorial qui fait débat
Impossible d’aborder ce succès sans évoquer les controverses qui l’accompagnent. Régulièrement, des voix issues de la gauche politique accusent la chaîne de promouvoir des idées relevant de l’extrême droite. Des critiques que l’intéressée rejette systématiquement, préférant se définir comme un espace pluraliste d’opinions.
Le directeur de la rédaction a d’ailleurs récemment affirmé que sa chaîne était avant tout « une chaîne d’opinions, avec un s ». Une formule qui vise à souligner la diversité des points de vue exprimés, tout en assumant une ligne éditoriale marquée.
On ne roule pour personne.
Cette déclaration illustre la volonté de se démarquer d’une neutralité froide au profit d’un journalisme plus engagé, où l’analyse et le débat priment sur la simple retransmission des faits.
Les réactions dans le paysage médiatique français
De l’autre côté, les responsables de l’audiovisuel public n’ont pas mâché leurs mots. Pour la première fois, la présidente du groupe public a qualifié ouvertement la chaîne privée de « chaîne d’extrême droite ». Une sortie rare qui témoigne de la tension ambiante.
Devant une commission parlementaire dédiée à la neutralité des médias publics, elle a également estimé que son groupe et cette chaîne concurrente « ne faisaient pas le même métier ». Elle a même suggéré une évolution législative pour mieux encadrer l’émergence de « chaînes d’opinion » clairement identifiées comme telles.
En retour, les médias appartenant au même propriétaire que la chaîne leader accusent régulièrement les groupes publics de partialité en faveur des idées de gauche. Un jeu de miroir classique dans les débats médiatiques français, où chacun renvoie l’autre à ses supposés biais.
Un peu d’histoire pour mieux comprendre
Pour mesurer le chemin parcouru, il faut remonter à la genèse de cette chaîne. Lancée en février 2017, elle a remplacé une précédente offre d’information en continu qui traversait alors une grave crise interne.
Cette période avait été marquée par un conflit social long et douloureux, suivi du départ massif de nombreux journalistes. Un contexte difficile qui aurait pu signer la fin de l’aventure, mais qui a au contraire servi de point de départ à une refondation complète.
Depuis, la chaîne n’a cessé de monter en puissance, année après année, grignotant des parts de marché et imposant progressivement son style. Un style qui mise sur des débats vifs, des éditorials tranchés et une proximité assumée avec certains courants politiques conservateurs.
Évolution des parts d’audience des principales chaînes info (exemples comparatifs)
- Année précédente : égalité parfaite à 2,9 % entre les deux leaders
- 2025 : 3,4 % pour la nouvelle numéro un
- 2025 : 2,8 % pour la deuxième place
- Position nationale : 6e chaîne toutes catégories confondues
Qu’est-ce qui explique ce succès auprès du public ?
Plusieurs facteurs se combinent pour expliquer cette adhésion croissante. D’abord, une programmation qui privilégie le débat et l’analyse approfondie plutôt que la seule actualité chaude. Les téléspectateurs semblent apprécier cette approche qui leur donne des clés de compréhension.
Ensuite, la récurrence de certains animateurs et chroniqueurs charismatiques qui incarnent une ligne claire et fédèrent une communauté fidèle. Cette personnification forte crée un lien affectif avec l’audience.
Enfin, dans un contexte de défiance généralisée envers les médias traditionnels, cette chaîne apparaît à certains comme une alternative crédible, prête à aborder des sujets que d’autres évitent ou traitent avec plus de prudence.
Ces éléments combinés produisent un cercle vertueux : plus de visibilité, plus d’audience, plus de légitimité perçue, et ainsi de suite.
Les défis à venir pour la leader
Maintenir cette position de numéro un ne sera pas une mince affaire. La concurrence reste féroce et les autres acteurs ne comptent pas se laisser distancer sans réagir. Des ajustements de programmation, des recrutements stratégiques et des innovations sont déjà à l’étude chez les rivaux.
Par ailleurs, le débat sur la régulation des chaînes d’opinion pourrait aboutir à des évolutions législatives. Certains appellent à plus de transparence sur les lignes éditoriales, d’autres à une distinction claire entre information et commentaire.
Enfin, dans un paysage médiatique en pleine mutation – avec la montée en puissance des réseaux sociaux et des plateformes de streaming –, toutes les chaînes traditionnelles doivent réinventer leur modèle pour capter les jeunes générations.
Vers une diversification des offres d’information ?
Cette ascension pose une question plus large : les Français sont-ils prêts à accepter une pluralité de chaînes assumant ouvertement leur sensibilité éditoriale ? Longtemps, le modèle dominant était celui de la neutralité apparente, même si celle-ci était souvent discutée.
Aujourd’hui, une partie du public semble réclamer autre chose : des médias qui prennent position, qui défendent des valeurs, qui ne cherchent pas à plaire à tout le monde. Un phénomène que l’on observe également à l’international, avec le succès de certaines chaînes très marquées idéologiquement.
Cette évolution pourrait, à terme, redessiner complètement la carte des médias français. Avec, d’un côté, des offres généralistes cherchant l’équilibre, et de l’autre, des chaînes thématiques assumant pleinement leur identité.
Reste à savoir si le législateur accompagnera ce mouvement ou, au contraire, tentera de le canaliser. Les prochains mois seront décisifs.
Ce que cela nous dit de la société française en 2025
Au-delà des simples chiffres d’audience, ce succès reflète des évolutions profondes dans notre société. Une polarisation accrue des débats, une demande croissante d’analyses tranchées, une lassitude vis-à-vis du consensus mou.
Les Français, comme beaucoup d’autres peuples, traversent une période d’incertitude majeure : crises économiques, tensions géopolitiques, transformations sociétales rapides. Dans ce contexte, les médias qui proposent des grilles de lecture claires et rassurantes trouvent un écho particulier.
Ce phénomène n’est d’ailleurs pas isolé. On le retrouve dans la presse écrite, à la radio, sur les réseaux sociaux. Partout, les contenus qui polarisent attirent l’attention et fidélisent les audiences.
La question est de savoir jusqu’où ira cette dynamique et si elle contribuera à enrichir le débat public ou, au contraire, à le fracturer davantage.
Une chose est sûre : l’année 2025 marque un tournant. Le paysage de l’information en continu ne sera plus jamais tout à fait le même. Et cette chaîne, qu’on l’apprécie ou qu’on la critique, en est devenue l’acteur central.
À suivre de très près dans les mois qui viennent.









