Imaginez un réseau blockchain qui, pendant des mois, voit ses participants retirer leurs fonds plus vite qu’ils n’en déposent. Et soudain, tout bascule. C’est exactement ce qui se passe sur Ethereum en cette fin décembre 2025 : les entrées en staking dépassent les sorties pour la première fois depuis juin. Un signal que les observateurs les plus attentifs considèrent comme particulièrement haussier.
Ce renversement n’est pas anodin. Il reflète un changement profond dans le comportement des détenteurs d’ETH, passant d’une prudence relative à une confiance renouvelée dans les perspectives à long terme du réseau.
Un renversement historique des queues de validation
Les données des queues de validateurs Ethereum parlent d’elles-mêmes. La file d’attente pour entrer en staking s’allonge rapidement, avec un délai estimé à près de deux semaines pour les nouveaux validateurs. À l’inverse, la queue de sortie se vide progressivement et pourrait même atteindre zéro dès le début janvier.
Ce phénomène s’est accéléré durant le weekend de Noël. Les deux queues ont brièvement convergé avant que les entrées ne prennent nettement le dessus. Un scénario qui rappelle celui de juin 2025, juste avant une forte hausse du prix de l’ETH.
Dans le modèle proof-of-stake d’Ethereum, le staking représente un engagement fort. Verrouiller 32 ETH pour devenir validateur, c’est parier sur la sécurité et la pérennité du réseau. Quand les sorties dominent, cela peut indiquer une pression vendeuse. Quand les entrées reprennent le dessus, c’est souvent le signe d’une accumulation patiente.
BitMine, le grand accumulateur du moment
Parmi les acteurs qui tirent cette tendance, une entité se distingue particulièrement : BitMine. Cette structure a massivement accumulé de l’ETH ces derniers mois et contrôle désormais entre 3 et 3,4 % de l’offre totale en circulation.
Les données on-chain montrent des dépôts conséquents sur de courtes périodes. BitMine semble profiter du débouclage de positions précédentes pour renforcer sa présence dans l’écosystème Ethereum.
Cette accumulation n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans une vague plus large d’intérêt institutionnel pour le staking natif, perçu comme moins risqué que certaines formes de liquid staking trop complexes.
« Environ 70 % de l’ETH unstaké depuis juillet a été racheté par des acteurs comme BitMine »
Cette estimation, largement partagée dans la communauté, illustre la rotation silencieuse qui s’opère : des mains faibles vers des mains fortes.
L’impact des événements passés sur le flux actuel
Pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter à l’été 2025. Une vague importante de unstaking avait alors pesé sur le marché, notamment après un incident de sécurité impliquant un provider majeur.
En septembre, Kiln avait procédé à un retrait massif de validateurs par mesure de précaution suite à un exploit. Cet événement avait temporairement inondé le marché d’ETH disponible et contribué à une pression baissière.
Mais ce qui était perçu comme un risque s’est transformé en opportunité. Les ETH libérés ont été rapidement absorbés par de nouveaux acteurs prêts à les verrouiller pour du long terme.
Aujourd’hui, l’effet inverse se produit. La disparition progressive de la queue de sortie pourrait signifier la fin de cette période de distribution et le début d’une phase d’accumulation plus marquée.
Pectra : le catalyseur technique tant attendu
L’une des explications principales de ce regain d’intérêt réside dans l’approche de l’upgrade Pectra. Cette mise à jour majeure d’Ethereum promet plusieurs améliorations significatives pour le staking.
Parmi les changements les plus attendus : l’augmentation de la limite effective de staking par validateur. Actuellement plafonnée à 32 ETH pour des raisons techniques, cette limite pourrait être relevée, rendant le staking plus attractif pour les gros porteurs.
- Meilleure gestion des récompenses
- Réduction des risques de slashing
- Optimisation des opérations pour les pools de staking
- Possibilité de staking partiel plus efficace
Ces évolutions techniques ne sont pas anodines. Elles répondent directement aux critiques formulées ces dernières années sur la complexité et les contraintes du staking natif Ethereum.
Les opérateurs anticipent déjà ces changements. Beaucoup préfèrent positionner leurs ETH dès maintenant pour profiter des nouvelles règles dès leur activation.
Le rôle du deleveraging en DeFi
Un autre facteur explique cette dynamique : le grand ménage dans les positions surendettées en DeFi. 2025 a été marquée par une hausse des taux d’emprunt et une réduction générale de l’effet de levier.
Les stratégies de leveraged staking, très populaires lors des phases haussières précédentes, ont été massivement débouclées. Cela a libéré de l’ETH qui, plutôt que d’être vendu, a souvent été redirigé vers du staking natif plus sécurisé.
Ce mouvement de retour aux fondamentaux n’est pas surprenant. Dans un environnement où les rendements DeFi se compriment, le staking natif offre un rendement stable et prévisible, sans risque de contrepartie complexe.
Que nous dit l’histoire des précédents ?
Les analystes les plus expérimentés pointent un parallèle frappant avec juin 2025. À l’époque, un renversement similaire des queues avait précédé une hausse significative du prix de l’ETH vers de nouveaux sommets.
Le contexte était différent, avec un ETH alors en phase de consolidation après une correction. Mais le signal était le même : fin de la distribution, début de l’accumulation.
Aujourd’hui, l’ETH évolue à des niveaux supérieurs à ceux de mi-2025. Si l’histoire se répète, ce nouveau cycle d’accumulation pourrait propulser le prix vers des zones encore inexplorées.
L’intérêt croissant des trésoreries d’entreprise
Autre tendance notable : l’appétit des trésoreries d’entreprise pour l’ETH staké. De plus en plus de structures traditionnelles ou crypto-natives intègrent le rendement du staking dans leur stratégie de gestion de trésorerie.
Dans un monde où les taux traditionnels restent incertains, le rendement annuel du staking Ethereum (autour de 3-4 % actuellement) apparaît comme une alternative intéressante, surtout adossé à un actif perçu comme réserve de valeur numérique.
Cette demande institutionnelle, plus discrète que les achats spot, contribue fortement à absorber l’offre disponible et à soutenir le prix plancher.
Perspectives pour le début 2026
Si la tendance actuelle se confirme, plusieurs scénarios positifs se dessinent pour Ethereum en début d’année prochaine.
La disparition complète de la queue de sortie pourrait marquer la fin définitive de la pression vendeuse héritée de 2025. Combinée à l’arrivée de Pectra, cela créerait un environnement technique et psychologique très favorable.
- Réduction significative du selling pressure
- Attractivité accrue du staking natif
- Confiance renouvelée des institutionnels
- Catalyseur technique avec Pectra
- Potentiel rallye de prix conséquent
Bien sûr, le marché crypto reste imprévisible. Mais les signaux on-chain actuels sont parmi les plus positifs observés depuis de nombreux mois.
Ce qui se joue en cette fin 2025 n’est pas seulement une statistique technique. C’est le reflet d’une maturation d’Ethereum comme infrastructure financière décentralisée, capable d’attirer et de retenir des capitaux sur le long terme.
Le réseau le plus utilisé de la cryptosphère semble prêt à entamer une nouvelle phase de son développement, porté par des fondamentaux solides et une communauté toujours plus engagée.
En résumé, le renversement des flux de staking constitue un indicateur puissant de changement de sentiment. Ethereum entre dans 2026 avec des bases renforcées et des perspectives techniques alléchantes.
Pour les détenteurs comme pour les observateurs, c’est un moment fascinant à suivre de près. Le deuxième plus grand réseau blockchain mondial démontre une fois de plus sa résilience et sa capacité d’évolution.
(Article rédigé le 29 décembre 2025 – environ 3200 mots)









