Imaginez une gare fraîchement rénovée, symbole de modernité, qui s’effondre soudainement, emportant des vies innocentes. C’est cette image tragique qui hante encore la Serbie, un an après le drame survenu à Novi Sad. Aujourd’hui, ce sont les jeunes, les étudiants, qui portent haut cette douleur transformée en colère constructive.
Ils ne se contentent plus de bloquer les facultés ou de marcher dans les rues. Non, ils passent à une étape concrète : compter précisément leurs alliés parmi la population. Une campagne nationale de signatures pour pousser vers des élections anticipées.
Cette initiative, lancée un dimanche récent, vise à mesurer le soutien réel des citoyens. Des stands apparaissent dans les villes et villages, animés par des volontaires déterminés à interpeller les passants.
Un Mouvement Né d’une Tragédie Inoubliable
Tout a commencé avec cet effondrement meurtrier en novembre 2024. L’auvent de la gare de Novi Sad, tout juste reconstruit, s’est écroulé, causant 16 morts. Rapidement, ce drame est devenu l’emblème d’un mal plus profond : une corruption qui ronge les grands projets d’infrastructures du pays.
Les opposants au président Aleksandar Vucic y voient la preuve d’une négligence systématique. Les étudiants, en première ligne, ont transformé cette catastrophe en catalyseur d’un vaste mouvement de contestation.
Des mois de blocages universitaires, de rassemblements impressionnants, de marches à travers le territoire serbe : tout cela pour exiger une enquête claire et transparente. Mais les réponses des autorités semblent insuffisantes aux yeux de beaucoup.
La Campagne de Signatures : Un Comptage Décisif
À Belgrade, une étudiante en première année de philosophie, Jana, anime l’un de ces nombreux stands. « Nous voulons avoir une idée précise du nombre de gens qui nous soutiennent », explique-t-elle avec conviction.
Près de 500 points de collecte sont prévus à travers le pays. Les volontaires interpellent les passants, expliquent les enjeux, tendent les formulaires. C’est une mobilisation pacifique, mais résolue.
Branimir Jovancevic, un retraité de 63 ans, trouve l’initiative pleinement légitime. Pour lui, il s’agit de démontrer clairement combien de Serbes appuient cet appel à des élections anticipées.
« Il s’agit de montrer combien de citoyens serbes soutiennent l’appel à des élections. »
Branimir Jovancevic
Eva Manojevic, 24 ans, partage ce sentiment. « Trop de temps a passé, et personne n’a été mis face à ses responsabilités », souligne-t-elle en apportant son soutien.
Cette phase marque un tournant : passer de la rue à un recensement structuré du mécontentement populaire.
Les Enquêtes Judiciaires : Avancées et Frustrations
Trois investigations ont été ouvertes suite à la catastrophe. Récemment, la justice a décidé de ne pas poursuivre l’ancien ministre de la Construction, Goran Vesic, pour « crime grave contre la sécurité publique ».
Le parquet a toutefois fait appel de cette décision. Par ailleurs, sept autres personnes font l’objet d’un acte d’inculpation confirmé.
Ces développements mixtes alimentent la frustration. Pour beaucoup, ils illustrent un manque de volonté à aller au fond des choses.
Les étudiants et leurs soutiens voient dans ces procédures lentes une raison supplémentaire de maintenir la pression.
Une Nouvelle Phase de Mobilisation
Nebojsa Vladisavljevic, professeur à la Faculté de sciences politiques, analyse cette campagne comme l’entrée dans une nouvelle étape.
Pour lui, l’objectif est clair : convertir le soutien manifesté dans les rues en votes lors d’une éventuelle élection.
« L’objectif est de traduire en vote et en victoire électorale le soutien obtenu lors des manifestations. »
Nebojsa Vladisavljevic
Il estime que ce mouvement a le potentiel de créer une structure politique capable de mener une campagne et même de participer à un futur gouvernement.
Les résultats de cette collecte seront annoncés bientôt. Ils pourraient redessiner le paysage politique serbe.
Les Indicateurs d’un Soutien Populaire Massif
Jusqu’à présent, la popularité du mouvement s’est mesurée à l’aune des rassemblements. Certains ont attiré des centaines de milliers de participants.
Des sondages viennent étayer cette impression. Une étude de l’ONG CRTA, réalisée en septembre, indique que des candidats soutenus par les étudiants pourraient obtenir 44 % des voix.
Près des deux tiers des Serbes, toutes tendances confondues, considèrent les élections anticipées comme la solution à la crise actuelle.
Un autre sondage IPSOS, sans option pour une liste étudiante, crédite le parti au pouvoir de 48 % d’intentions, un score stable depuis 2023.
- Manifestations géantes : centaines de milliers de participants
- Sondage CRTA : 44 % pour une liste soutenue par les étudiants
- Majorité des Serbes favorable aux élections anticipées
- Parti au pouvoir stable à 48 % sans concurrence directe
Conséquences Politiques Déjà Visibles
La mobilisation a déjà eu des répercussions concrètes. Elle a provoqué la chute du Premier ministre cette année et l’éclatement du gouvernement.
Un nouvel exécutif a été formé, mais le président Vucic reste ferme : pas d’élections avant fin 2026. Il accuse les étudiants de viser un renversement du pouvoir.
Cette position contraste avec le sentiment grandissant dans la population. La campagne de signatures pourrait fournir les preuves chiffrées d’un décalage profond.
Pourquoi Cette Initiative Compte-T-Elle Tant ?
Au-delà des chiffres, c’est une question de légitimité. Les étudiants veulent démontrer que leur combat n’est pas isolé, mais partagé par une large partie de la société.
En interpellant directement les citoyens, ils construisent un pont entre la jeunesse mobilisée et les générations plus âgées, souvent plus sceptiques.
Cette approche méthodique pourrait transformer un mouvement de protestation en force électorale crédible.
Les stands dans les rues deviennent des lieux d’échange, de débat, de prise de conscience collective.
Les Voix des Citoyens au Cœur du Débat
Sur le terrain, les témoignages abondent. Des personnes de tous âges s’arrêtent, discutent, signent ou hésitent.
Cette interaction directe humanise le mouvement. Elle rappelle que derrière les slogans se trouvent des histoires personnelles, des frustrations accumulées.
Pour Eva comme pour Branimir, c’est une question de responsabilité. Le temps passé sans sanctions alimente le sentiment d’impunité.
Vers une Transformation Politique Profonde ?
Les observateurs comme Nebojsa Vladisavljevic voient plus loin. Ce comptage pourrait déboucher sur une organisation structurée, prête à conquérir des sièges.
Le mouvement étudiant, décentralisé et sans leader unique, gagne en maturité. Il passe d’une réaction émotionnelle à une stratégie long terme.
Les résultats attendus dans les prochains jours seront scrutés avec attention. Ils pourraient accélérer les événements ou, au contraire, forcer une réflexion interne.
Quoi qu’il en soit, cette campagne marque un moment pivotal dans la crise serbe actuelle.
Un Soutien Transversal qui Surprend
Les sondages révèlent une adhésion qui dépasse les clivages traditionnels. Même parmi les électeurs de sensibilités différentes, l’idée d’élections anticipées séduit.
Cela reflète une lassitude générale face à une crise prolongée. La tragédie de Novi Sad a cristallisé des mécontentements plus anciens.
Les immenses chantiers publics, souvent critiqués pour leurs irrégularités, incarnent ces dysfonctionnements aux yeux de nombreux Serbes.
Éléments clés du mouvement :
- Origine : effondrement gare Novi Sad (16 victimes)
- Revendications principales : enquête transparente, responsabilité, élections anticipées
- Actions : blocages, marches, maintenant collecte signatures
- Impact : chute gouvernement, nouveaux sondages favorables
Cette mobilisation continue d’évoluer, adaptant ses méthodes pour maintenir la pression.
Les étudiants démontrent une résilience remarquable. Un an après le drame, leur détermination n’a pas faibli.
Ils incarnent un espoir de changement pour ceux qui croient encore en une Serbie plus juste et transparente.
La suite dépendra en grande partie de ces signatures collectées dans les rues. Elles pourraient bien devenir le baromètre d’une nation en quête de renouveau.
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