ActualitésSociété

Brigitte Bardot Et L’extrême Droite : Une Proximité Dévoilée

Brigitte Bardot, icône éternelle du cinéma, s'est éteinte à 91 ans. Derrière la star glamour se cachait une femme aux convictions politiques tranchées, proche de l'extrême droite. Elle voyait en Marine Le Pen la sauveuse de la France... Mais jusqu'où allait cette proximité ?

Une icône s’est éteinte. Brigitte Bardot, symbole incontestable du cinéma français et de la sensualité des années 1960, nous a quittés à l’âge de 91 ans. Mais au-delà de l’image glamour immortalisée par les films et les photos, une autre facette de sa personnalité a souvent fait débat : ses prises de position politiques, marquées par une proximité assumée avec l’extrême droite.

Cette relation complexe, qui a duré des décennies, était indissociable de son combat pour la protection des animaux. Elle le répétait sans cesse : ses choix politiques n’étaient guidés que par cette cause passion. Pourtant, ses déclarations et ses soutiens ont régulièrement alimenté les polémiques.

Une proximité longtemps niée, puis assumée

Tout commence véritablement au début des années 1990. Brigitte Bardot répond à un questionnaire publié dans un journal connu pour ses positions très à droite. Sans se douter des conséquences, elle livre ses opinions franches. Dès lors, l’étiquette lui colle à la peau.

Dans son livre publié en 2018, qu’elle présentait comme son testament, elle revenait sur cet épisode. Elle expliquait n’avoir jamais fait de politique auparavant et ignorer ce que représentait vraiment « l’extrême droite ». À partir de ce moment, les médias et l’opinion publique l’associent au Front national, la qualifiant parfois de raciste ou d’égérie d’un mouvement controversé.

Elle s’en défendait vigoureusement. Jamais elle n’avait appelé à la haine raciale, insistait-elle. Malgré plusieurs condamnations judiciaires pour des propos tenus, notamment à l’encontre de la communauté musulmane, elle maintenait que ses mots étaient mal interprétés ou sortis de leur contexte.

Une patriote conservatrice

Brigitte Bardot se définissait avant tout comme conservatrice et patriote. Elle prêtait autrefois ses traits à la Marianne, symbole de la République française dans les années 1960-1970. Cette image de la France éternelle contrastait avec ses critiques acerbes de l’évolution du pays.

Dans un abécédaire personnel paru en 2025, elle affirmait sans détour que la droite représentait le seul remède possible à ce qu’elle percevait comme l’agonie de la France. Ses mots étaient durs, sans compromis.

Ses positions sur l’immigration étaient particulièrement tranchées. Elle parlait d’une « poussée terrifiante » et se disait opposée au « vivre ensemble » prôné par une partie de la classe politique. Pour elle, il fallait remettre des frontières et redonner la priorité aux Français.

Je n’ai jamais demandé à personne d’être raciste et je ne pense pas nourrir de haine raciale.

Cette citation illustre sa ligne de défense récurrente. Elle insistait sur le fait que ses combats étaient motivés par l’amour des animaux et le souci de la France, jamais par la haine.

L’admiration pour Jean-Marie Le Pen

En 1996, dans son autobiographie Initiales B.B., Brigitte Bardot n’hésitait pas à rendre hommage au fondateur du Front national. Elle le décrivait comme un homme charmant, intelligent et révolté, tout comme elle, face à certaines dérives sociétales.

Elle reconnaissait partager plusieurs de ses idées, notamment sur l’immigration. C’est d’ailleurs chez lui qu’elle avait rencontré Bernard d’Ormale, qui deviendra son quatrième époux. Ce détail personnel renforçait les liens perçus entre l’actrice et le mouvement politique.

Cette proximité n’était pas seulement idéologique. Elle s’inscrivait dans le cercle privé, rendant les accusations d’engagement plus crédibles aux yeux de nombreux observateurs.

Un soutien fervent à Marine Le Pen

Avec l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti, rebaptisé Rassemblement National, l’admiration de Brigitte Bardot ne faiblit pas. Au contraire, elle s’intensifia.

En 2012, elle appelait publiquement les maires de France à parrainer la candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle. Elle qualifiait cette dernière de « femme admirable » et annonçait sans ambiguïté qu’elle voterait pour elle.

Avant le scrutin de 2017, elle réitérait son soutien. Elle affirmait aimer beaucoup Marine Le Pen depuis longtemps. Pour elle, cette responsable politique était la seule capable de reprendre la France en main.

Marine Le Pen, la Jeanne d’Arc du XXIe siècle.

Cette formule, souvent reprise, résumait son enthousiasme. Elle voyait en la dirigeante une figure salvatrice, prête à défendre les valeurs traditionnelles et la souveraineté nationale.

En 2016, lors de la polémique sur le burkini, Marine Le Pen faisait elle-même référence à Brigitte Bardot pour illustrer une certaine idée de la France. Elle évoquait les plages françaises comme celles immortalisées par l’actrice et Roger Vadim dans Et Dieu… créa la femme. Une référence identitaire assumée.

Une référence stratégique
Les hommages rendus par les Le Pen à Brigitte Bardot n’étaient pas anodins. Dans un milieu artistique souvent hostile à leur mouvement, la caution d’une icône populaire comme elle apportait une forme de légitimité culturelle.

La cause animale au cœur de tout

Brigitte Bardot ne cessait de le marteler : ses engagements politiques étaient avant tout dictés par la défense des animaux. Elle jugeait les responsables politiques à cette unique aune.

Lorsque le Front national intégrait des propositions concrètes pour réduire la souffrance animale dans son programme, elle y voyait un espoir. Mais elle précisait aussi avoir sollicité d’autres figures, comme Jean-Luc Mélenchon, sur les mêmes sujets.

Elle assurait que si un communiste reprenait les idées de sa fondation, elle l’applaudirait et pourrait même voter pour lui. Cette ouverture théorique contrastait avec la réalité de ses soutiens exclusifs à l’extrême droite.

En France, pays comptant parmi les plus grands nombres d’animaux de compagnie en Europe, la cause animale a souvent figuré dans les programmes électoraux. Pourtant, le discours de Brigitte Bardot, avec son vocabulaire dur et ses références nationales, se rapprochait davantage de la sémantique utilisée par le parti des Le Pen.

Des relations contrastées avec les présidents

Souvent reçue à l’Élysée pour défendre ses combats, Brigitte Bardot n’hésitait pas à critiquer vertement les chefs d’État qu’elle jugeait insuffisamment engagés.

Avec Charles de Gaulle, l’anecdote est savoureuse : invitée au palais, elle arrive en veste à brandebourgs et le Général l’accueille d’un « Chic ! Un militaire ». Une rencontre pleine d’humour.

Valéry Giscard d’Estaing, qu’elle considérait comme un ami, avait tenté de la séduire, racontait-elle avec amusement.

Mais pour François Mitterrand, la critique était sans appel. Elle maudissait le jour de son investiture et attribuait à son œuvre une grande partie des maux actuels du pays.

Jacques Chirac était qualifié de « roi des menteurs », en compétition avec Nicolas Sarkozy dans cette catégorie selon elle.

Quant à Emmanuel Macron, elle lui adressait une lettre ouverte fustigeant son inutilité, sa lâcheté et son mépris des Français.

Président Jugement de Brigitte Bardot
Charles de Gaulle Accueil chaleureux et humoristique
Valéry Giscard d’Estaing Ami qui l’avait « draguée »
François Mitterrand Critique virulente, œuvre « maléfique »
Jacques Chirac « Roi des menteurs »
Emmanuel Macron Inutilité, lâcheté, mépris

Ces jugements sans nuance montraient une femme libre dans ses propos, prête à tout pour faire avancer sa cause principale.

Un héritage politique controversé

Au final, la proximité de Brigitte Bardot avec l’extrême droite reste l’un des aspects les plus débattus de sa vie publique. Elle a permis au mouvement de gagner en visibilité auprès d’un public plus large, grâce à la notoriété immense de l’ancienne actrice.

Même si elle insistait sur le primat de la cause animale, ses choix répétés en faveur d’un seul courant politique ont marqué les esprits. Ses déclarations, ses soutiens publics, ses livres : tout concourait à renforcer cette image.

Aujourd’hui, avec son départ, c’est une page de l’histoire française qui se tourne. Celle d’une femme passionnée, contradictoire, qui n’a jamais hésité à dire ce qu’elle pensait, quitte à choquer ou à diviser.

Son combat pour les animaux restera sans doute son legs le plus universel. Mais sa trajectoire politique, indissociable selon elle de cette lutte, continuera d’alimenter les réflexions sur les liens entre célébrité, engagement et idéologie.

Brigitte Bardot laisse derrière elle une France qu’elle aimait profondément, mais qu’elle voyait en péril. Ses mots résonnent encore, invitant au débat sur les valeurs, l’identité et les priorités d’une nation.

En relisant ses écrits et ses interventions, on mesure l’ampleur de son franc-parler. Une liberté de ton rare dans le paysage médiatique, qui lui a valu autant d’admirateurs que de détracteurs.

Peut-être que le temps permettra une lecture plus apaisée de son parcours. Entre l’icône glamour, la militante acharnée et la patriote controversée, Brigitte Bardot incarne une figure complexe de la France du XXe et XXIe siècle.

Son histoire rappelle que les célébrités, loin d’être neutres, portent souvent des convictions profondes qui influencent l’opinion publique. Dans son cas, cette influence s’est exercée dans un sens précis, pendant de longues années.

Au-delà des polémiques, reste l’image d’une femme qui a consacré la seconde partie de sa vie à une cause qu’elle estimait juste. Quitte à payer le prix d’une réputation ternie aux yeux d’une partie de l’opinion.

Brigitte Bardot s’en est allée, mais ses combats, ses mots et ses choix continuent de nous interpeller. Ils nous invitent à questionner nos propres engagements et la manière dont nous défendons ce qui nous tient à cœur.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.