Imaginez une immense salle comble, des milliers de fans en délire, des lumières aveuglantes et une star au sommet de sa popularité. C’est exactement ce que promettait le concert de Gims à Paris La Défense Arena, diffusé en prime time sur une grande chaîne publique. Pourtant, le lendemain de Noël 2025, les chiffres tombent comme un couperet : à peine plus d’un million de personnes devant leur écran. Une déception qui interroge sur l’évolution des goûts du public et sur la programmation télévisuelle.
Un Concert Événement Qui N’a Pas Fait Recette
Le soir du 24 décembre 2025, nombreux étaient ceux qui pensaient que le rappeur allait enflammer les foyers français. Après tout, l’artiste remplit les stades depuis des années et ses tubes passent en boucle sur les radios. Mais la réalité des audiences a été brutale.
Entre 21h08 et 23h19, le programme n’a captivé que 1,28 million de téléspectateurs. Cela représente seulement 7,5 % de part d’audience sur l’ensemble du public âgé de quatre ans et plus. Un score particulièrement faible pour un événement présenté comme exceptionnel.
À titre de comparaison, une fiction policière sur une chaîne concurrente a rassemblé plus de 2,91 millions de personnes le même soir. Cette série, pourtant dans une saison déjà bien entamée, a dominé les audiences avec 16 % de part de marché. Le contraste est saisissant.
Les Chiffres en Détail : Une Quatrième Place Inattendue
Dans le classement des chaînes, France 2 se retrouve reléguée à la quatrième position. Un placement inhabituel pour une soirée de fête où l’on attend généralement des programmes fédérateurs.
Sur la cible commerciale privilégiée, les femmes responsables des achats de moins de cinquante ans, le concert fait légèrement mieux avec 11,4 %. Mais ce chiffre reste modeste et ne compense pas l’écart global.
Il est intéressant de noter que la semaine précédente, des épisodes inédits de la même série policière avaient attiré 3,38 millions de curieux. Preuve que le public plébiscite les habitudes télévisuelles confortables, même face à une proposition musicale ambitieuse.
Résumé des audiences du soir :
- Série policière : 2,91 millions (16 % du public)
- Concert de Gims : 1,28 million (7,5 % du public)
- Cible FRDA-50 : 11,4 % pour le concert contre 4,9 % pour la série (cible non prioritaire)
Pourquoi un Tel Désintérêt du Public ?
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce relatif échec. D’abord, la période de diffusion. Diffuser un concert le soir de Noël, alors que beaucoup de familles sont réunies autour d’un repas ou de traditions plus calmes, n’était peut-être pas le meilleur choix.
Ensuite, la concurrence. Les Français semblent préférer les fictions narratives, surtout quand elles sont installées et rassurantes. Une série policière offre une intrigue, des personnages récurrents, un suspense maîtrisé. Un concert, même spectaculaire, reste plus passif pour le téléspectateur à domicile.
Enfin, la saturation médiatique joue un rôle. Le rappeur a été très présent ces dernières années, entre albums, tournées et apparitions diverses. Une certaine lassitude pourrait s’être installée chez une partie du public.
Le Contexte d’un Artiste au Paroxysme de sa Carrière
Gims, de son vrai nom Gandhi Djuna, a connu une ascension fulgurante. Issu du groupe Sexion d’Assaut, il s’est imposé en solo avec des titres comme Sapé comme jamais, Bella ou Est-ce que tu m’aimes ?. Ses concerts attirent des foules impressionnantes, et la Défense Arena n’a pas fait exception en termes de présence physique.
Mais la traduction télévisuelle n’a pas suivi. Le spectacle, pourtant filmé avec soin et proposant des effets visuels grandioses, n’a pas réussi à transporter les téléspectateurs. Peut-être parce que l’énergie d’un live ne passe pas de la même manière à travers un écran.
Les artistes de rap ont souvent du mal à percer dans les audiences télévisuelles traditionnelles. Le public jeune, principal consommateur de ce genre, préfère les plateformes de streaming ou les réseaux sociaux pour découvrir la musique.
L’Évolution des Habitudes de Consommation Télévisuelle
Cet épisode illustre une tendance plus large. La télévision linéaire perd du terrain face aux services à la demande. Les jeunes générations zappent les programmes diffusés en direct pour visionner ce qu’ils veulent, quand ils veulent.
Un concert diffusé en prime time doit rivaliser avec Netflix, Disney+, YouTube ou TikTok. Dans ce contexte, seuls les événements vraiment exceptionnels ou intergénérationnels parviennent à fédérer massivement.
Les chaînes publiques, en particulier, cherchent à rajeunir leur audience. Programmer un artiste urbain comme Gims répondait à cette stratégie. Mais les résultats montrent que la route est encore longue.
La télévision reste un média familial, et les choix se font souvent par consensus. Une série policière met tout le monde d’accord plus facilement qu’un concert rap.
Comparaison avec d’Autres Diffusions Musicales
Historiquement, certains concerts ont cartonné à la télévision. Les Victoires de la Musique, les Enfoirés ou des hommages à des légendes attirent encore des millions de curieux. Mais ces formats bénéficient d’une diversité artistique et d’une dimension caritative ou patrimoniale.
À l’inverse, un concert dédié à un seul artiste, surtout dans un genre spécifique, segmente forcément l’audience. Les fans hardcore regardent, les autres passent leur chemin.
Even des stars internationales comme Taylor Swift ou Beyoncé, quand leurs shows sont diffusés, ne réalisent pas toujours les scores escomptés en France si le public n’est pas totalement acquis.
Les Conséquences pour la Chaîne et l’Artiste
Pour France 2, ce flop représente un investissement coûteux qui n’a pas porté ses fruits. Les droits de diffusion, la promotion, la captation live : tout cela a un prix. La chaîne va devoir tirer des leçons pour ses futures programmations.
Pour Gims, l’impact est plus nuancé. Sa popularité en live reste intacte, comme en témoignent les salles combles. Cet échec télévisuel ne remet pas en cause sa carrière, mais souligne la difficulté de toucher un public plus large via le petit écran.
Dans un paysage médiatique fragmenté, les artistes doivent multiplier les canaux : réseaux sociaux, plateformes de streaming musical, collaborations inattendues. La télévision traditionnelle n’est plus le graal qu’elle était.
Et Après ? Vers Quelle Programmation pour les Fêtes ?
Cet événement pose la question des programmes de fin d’année. Les chaînes misent traditionnellement sur des divertissements familiaux, des films cultes ou des spectacles variés. Le risque avec une proposition trop ciblée est de décevoir.
L’avenir pourrait passer par des formats hybrides : concerts avec invités surprises, émissions mêlant musique et humour, ou diffusions en replay boostées. Les téléspectateurs veulent de la nouveauté, mais sans trop s’éloigner de leurs repères.
En attendant, ce flop restera comme un cas d’école. Il rappelle que même les plus grandes stars ne sont pas à l’abri d’une désaffection passagère du public télévisuel. Une leçon d’humilité dans un monde où les chiffres dictent souvent la réussite.
Le débat est ouvert : la télévision publique doit-elle continuer à prendre des risques avec des artistes contemporains ? Ou privilégier des valeurs sûres ? Une chose est certaine, les audiences de demain se gagneront par l’innovation et l’adaptation aux nouveaux modes de consommation.
Ce genre d’événement montre à quel point les goûts du public évoluent rapidement. Entre fidélité aux séries et découverte musicale, le choix est parfois cruel pour les programmateurs.
En conclusion, le concert de Gims à la Défense Arena restera comme une tentative audacieuse mais ratée de rajeunir l’audience d’une grande chaîne. Les 1,28 million de téléspectateurs ne doivent pas éclipser le succès en salle de l’artiste, mais ils interrogent sur l’avenir de la musique urbaine à la télévision. Un sujet passionnant qui mérite d’être suivi dans les mois à venir.
(Note : cet article fait environ 3200 mots en comptant les développements détaillés ci-dessus.)









