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Retrait Ukrainien de Siversk : Avancée Russe dans le Donbass

L’armée ukrainienne vient d’annoncer avoir quitté Siversk, verrou stratégique du Donbass. Les forces russes progressent malgré de lourdes pertes. Que signifie cette chute pour Kramatorsk et Sloviansk ?

Dans le froid mordant de l’hiver ukrainien, une nouvelle localité vient de changer de mains. Siversk, petite ville de l’est du pays, n’est plus sous contrôle ukrainien. L’état-major de Kiev a officiellement confirmé, mardi, le retrait de ses unités de cette position stratégique, après des semaines d’assauts russes acharnés.

Le retrait de Siversk : un tournant tactique

La décision n’a pas été prise à la légère. Face à une pression continue et à une supériorité numérique écrasante, les forces ukrainiennes ont préféré préserver leurs hommes et leur capacité de combat plutôt que de tenir une position devenue intenable.

« Afin de préserver la vie de nos soldats et la capacité de combat de nos unités, les défenseurs ukrainiens se sont retirés de la localité », peut-on lire dans le communiqué officiel publié sur Telegram par l’état-major général des forces armées ukrainiennes.

Les soldats russes ont réussi à avancer grâce à leur supériorité numérique et à la pression constante exercée par de petits groupes d’assaut dans des conditions météorologiques difficiles.

État-major ukrainien

Cette phrase résume à elle seule la dynamique actuelle sur ce secteur du front : des assauts répétés, souvent menés par de petits groupes, mais soutenus par un nombre très important de combattants et une artillerie omniprésente.

Une ville martyrisée par des mois de combats

Avant la guerre, Siversk comptait environ 11 000 habitants. Aujourd’hui, la ville n’est plus qu’un champ de ruines. La quasi-totalité des bâtiments a été détruite ou gravement endommagée par les bombardements et les combats de rue.

Les images satellites récentes montrent une agglomération fantomatique, avec des rues éventrées, des immeubles effondrés et des cratères partout. Les rares habitants qui n’ont pas fui vivent dans des conditions extrêmes, souvent dans des caves ou des abris de fortune.

La chute de Siversk n’est donc pas seulement une perte territoriale : c’est aussi la disparition symbolique d’une petite communauté qui existait depuis des siècles dans cette région du Donbass.

Comment les forces russes ont percé les défenses

L’encerclement progressif de Siversk a commencé dès septembre 2025. Les troupes russes ont contourné la ville par trois directions différentes, coupant progressivement les voies d’approvisionnement ukrainiennes.

Entre novembre et décembre, après des semaines de pilonnage intense, les lignes ukrainiennes ont fini par céder. Les analystes militaires s’accordent à dire que la combinaison de plusieurs facteurs a permis cette percée :

  • Supériorité numérique écrasante sur ce secteur
  • Utilisation massive de petits groupes d’assaut (souvent 5 à 10 hommes)
  • Conditions météorologiques hivernales compliquant la défense
  • Épuisement des unités ukrainiennes après des mois de combats
  • Pertes importantes acceptées côté russe pour maintenir la pression

Le 11 décembre, Moscou avait déjà revendiqué la prise de la ville. Kiev avait alors démenti, affirmant que les combats continuaient. Il aura fallu deux semaines supplémentaires pour que la situation soit officiellement actée.

Pourquoi Siversk était-elle si importante ?

Située à une trentaine de kilomètres au nord-est de Bakhmout et à une quarantaine au sud-est de Kramatorsk, Siversk constituait l’un des derniers verrous défensifs avant les grandes agglomérations de Kramatorsk et Sloviansk.

La perte de cette position ouvre désormais la voie à une progression russe vers ces deux villes majeures du Donbass encore sous contrôle ukrainien. Kramatorsk, centre administratif et logistique, et Sloviansk, ville historique, sont désormais plus vulnérables.

La prise de Siversk permet aussi aux forces russes de consolider leur contrôle sur l’axe nord du front du Donbass et de menacer directement les importantes infrastructures ferroviaires qui alimentent le front ukrainien dans cette région.

Une accélération russe depuis l’automne 2025

Depuis plusieurs mois, les forces russes ont nettement accéléré leurs avancées sur plusieurs secteurs du front. Après avoir capturé le nœud logistique crucial de Pokrovsk, elles ont multiplié les percées locales.

Novembre 2025 a été particulièrement intense : selon l’analyse des données fournies par des centres de recherche américains spécialisés dans l’étude des conflits, la Russie a réalisé sa plus importante progression mensuelle sur le front ukrainien depuis un an.

Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs :

  1. Arrivée de nouvelles unités mobilisées
  2. Amélioration de la coordination entre différentes branches de l’armée
  3. Utilisation massive de drones et d’artillerie guidée
  4. Épuisement progressif des réserves ukrainiennes
  5. Conditions hivernales qui, paradoxalement, peuvent favoriser l’attaquant dans certaines zones

La Russie contrôle actuellement environ 19 % du territoire ukrainien reconnu internationalement, un chiffre qui continue d’augmenter lentement mais sûrement.

Les négociations indirectes avec Washington

Alors que le front évolue rapidement, les discussions diplomatiques se poursuivent en parallèle. L’Ukraine et la Russie mènent séparément des négociations avec les États-Unis autour d’un plan américain visant à mettre fin au conflit.

Ces discussions, encore très préliminaires, interviennent dans un contexte où chaque camp cherche à renforcer sa position avant toute négociation sérieuse. La prise de Siversk, comme les autres avancées russes récentes, peut être vue comme une tentative de créer des faits accomplis sur le terrain avant d’éventuelles discussions.

Du côté ukrainien, le retrait de Siversk est présenté comme une décision tactique visant à préserver des forces pour des combats futurs, potentiellement plus décisifs.

Quel avenir pour Kramatorsk et Sloviansk ?

Avec la chute de Siversk, les regards se tournent désormais vers Kramatorsk et Sloviansk, deux villes qui abritent encore des centaines de milliers de civils et constituent les derniers grands bastions ukrainiens dans cette partie du Donbass.

Les autorités ukrainiennes préparent déjà des lignes défensives plus en arrière. Des fortifications sont renforcées, des positions préparées depuis des mois, dans l’attente d’une éventuelle nouvelle vague d’assauts russes.

La question que tout le monde se pose est simple : jusqu’où l’armée russe pourra-t-elle pousser avant que l’hiver, l’usure ou une éventuelle aide occidentale plus importante ne viennent freiner son élan ?

Une guerre qui s’installe dans la durée

Plus de trois ans après le début du conflit, la guerre en Ukraine semble s’enliser dans une logique d’usure. Les deux camps subissent des pertes considérables, mais continuent de mobiliser des ressources humaines et matérielles massives.

Les avancées russes actuelles, bien que significatives, restent mesurées en kilomètres. Chaque village, chaque hauteur, chaque localité devient l’objet de combats acharnés qui peuvent durer des semaines, voire des mois.

Dans ce contexte, la perte de Siversk, même si elle n’est pas décisive à elle seule, s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’une progression russe lente mais constante, tandis que l’Ukraine tente de tenir avec des ressources limitées et un soutien occidental qui, bien que constant, reste insuffisant pour inverser la tendance.

La guerre continue donc son cours tragique, ville après ville, position après position, dans un hiver ukrainien qui semble ne jamais vouloir finir.

À retenir :

  • Retrait officiel ukrainien de Siversk après des semaines d’assauts russes
  • Supériorité numérique et tactique russe sur ce secteur du front
  • Perte d’un verrou stratégique avant Kramatorsk et Sloviansk
  • Progression russe la plus importante depuis un an en novembre 2025
  • Discussions indirectes Ukraine-Russie-États-Unis sur un plan de paix

La bataille du Donbass est loin d’être terminée. Chaque jour apporte son lot de destructions, de déplacements de populations et d’incertitudes sur l’avenir de cette région martyre.

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