Imaginez un influenceur suivi par plus d’un million de personnes sur les réseaux sociaux, capable de diffuser des messages haineux ou provocateurs à une échelle massive. Et si cet individu, en situation irrégulière sur le territoire français, cumulait déjà une condamnation pour apologie du terrorisme ? C’est l’histoire troublante de Mahdi B., un jeune Algérien de 29 ans qui continue de faire parler de lui, malgré une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Une affaire qui révèle les failles du système
Cette saga judiciaire et médiatique met en lumière les difficultés rencontrées par les autorités pour expulser certains étrangers condamnés. Entre refus consulaires, assignations à résidence et nouvelles infractions, le parcours de Mahdi B. interroge sur l’efficacité des mesures d’éloignement. Suivi par 1,4 million d’abonnés sur TikTok, son influence n’est pas négligeable, rendant chaque dérapage potentiellement viral.
Récemment, dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 décembre 2025, l’homme s’est présenté au commissariat des Lilas, en Seine-Saint-Denis, pour signer son contrôle judiciaire. Vers 2 heures du matin, des policiers l’ont interpellé après avoir visionné une vidéo où il proférait des insultes à leur encontre. Cette arrestation s’inscrit dans une longue série d’incidents.
Les origines de l’affaire : des menaces terroristes en janvier 2025
Tout commence en janvier 2025. Une vidéo en langue arabe, postée sur les réseaux sociaux, attire l’attention des autorités. Mahdi B. y évoque explicitement le retour du terrorisme, mentionne la pose d’une bombe à La Défense et profère des menaces violentes, comme égorger des personnes. Ces propos choquants sont signalés rapidement via la plateforme dédiée aux contenus illicites.
Le 13 janvier, il est interpellé. Jugé en comparution immédiate au tribunal de Bobigny, il écope de huit mois de prison ferme pour apologie du terrorisme. Il est écroué et une OQTF est prononcée à son encontre, assortie d’un placement en centre de rétention administrative (CRA) en vue d’une expulsion vers l’Algérie.
Cette condamnation rapide montre la fermeté des autorités face à de tels discours. Pourtant, elle ne marque pas la fin des ennuis. Bien au contraire, elle semble n’être qu’un épisode dans une série de provocations.
Même en prison, les provocations continuent
Incarcéré à Villepinte, Mahdi B. ne met pas fin à ses agissements. Depuis sa cellule, il continue de diffuser des messages problématiques via le compte TikTok de son frère. Les vidéos font référence à l’utilisation d’armes comme la kalachnikov et constituent une nouvelle apologie du terrorisme.
En juin 2025, une nouvelle interpellation a lieu, cette fois au CRA du Mesnil-Amelot. Son frère, âgé de 26 ans, est également placé en garde à vue pour avoir relayé ces contenus. Cet épisode illustre comment les réseaux sociaux peuvent contourner les restrictions liées à l’incarcération.
La justice réagit, mais les obstacles à l’expulsion persistent. Malgré les condamnations, le retour effectif en Algérie reste bloqué.
L’expulsion bloquée par l’absence de laissez-passer consulaire
À sa sortie de prison et du CRA, environ un mois avant décembre 2025, Mahdi B. n’est pas renvoyé en Algérie. La raison ? Les autorités algériennes ne délivrent pas le laissez-passer consulaire nécessaire à son expulsion. Cette situation, malheureusement courante avec certains pays, conduit à une assignation à résidence.
L’assignation à résidence implique des obligations strictes : pointages réguliers au commissariat, interdiction de quitter un périmètre défini, surveillance renforcée. C’est dans ce cadre qu’il se présente aux Lilas dans la nuit du 22 décembre. Mais au lieu de respecter calmement ses obligations, une nouvelle vidéo le montre en train d’insulter les forces de l’ordre.
Les autorités réagissent immédiatement. La vidéo est signalée, retirée des plateformes après intervention, et une procédure est engagée. Cette réactivité contraste avec les difficultés d’expulsion.
« Une démarche pour examen de la légalité du contenu et le cas échéant retrait des plateformes, en lien avec le pôle national de lutte contre la haine en ligne. »
Communication officielle des autorités
L’influence sur TikTok : un amplificateur de tensions
Avec 1,4 million d’abonnés, Mahdi B. dispose d’une audience considérable. Ses vidéos, souvent provocatrices, touchent un public jeune et connecté. Cette popularité pose la question de la responsabilité des influenceurs, surtout lorsque leurs propos franchissent la ligne rouge.
Les réseaux sociaux permettent une diffusion instantanée, rendant le contrôle difficile. Même sous contrôle judiciaire, la tentation de poster reste forte. Chaque publication peut générer des milliers de vues, likes et commentaires, renforçant le sentiment d’impunité.
Les plateformes, sous pression, retirent parfois les contenus signalés. Mais le mal est souvent fait : la vidéo a déjà été vue, partagée, commentée. Cela soulève un débat plus large sur la modération et la prévention de la haine en ligne.
Les obstacles diplomatiques à l’expulsion
Le refus algérien de délivrer un laissez-passer consulaire n’est pas isolé. De nombreux pays adoptent cette posture pour diverses raisons : surcharge administrative, désaccords politiques ou protection de leurs ressortissants. Résultat : des individus sous OQTF restent sur le sol français, parfois pendant des années.
Cette situation crée une frustration chez les forces de l’ordre et les magistrats qui prononcent des expulsions sans suite. L’assignation à résidence devient alors une solution par défaut, mais elle n’est pas infaillible, comme le montre cette nouvelle interpellation.
Les autorités françaises multiplient les demandes diplomatiques, mais le blocage persiste. Cela interroge sur la nécessité de renforcer les accords bilatéraux en matière d’immigration et de réadmission.
Les conséquences pour la sécurité publique
Au-delà du cas individuel, cette affaire soulève des questions de sécurité. Un individu condamné pour apologie du terrorisme, libre de ses mouvements (même limités), continue de diffuser des messages provocateurs. Quel risque pour la société ?
Les insultes aux policiers, filmées et diffusées, contribuent à dégrader l’image des forces de l’ordre. Dans un contexte déjà tendu en banlieue parisienne, ces provocations peuvent encourager d’autres à défier l’autorité.
De plus, la récurrence des infractions montre une absence apparente de dissuasion. Condamnations, prison, OQTF : rien ne semble arrêter définitivement les agissements.
Vers une résolution définitive ?
À ce jour, Mahdi B. reste assigné à résidence en attente d’une solution pour son expulsion. Les autorités poursuivent leurs efforts pour obtenir le document consulaire nécessaire. En parallèle, les nouvelles charges pour outrage pourraient alourdir son dossier.
Cette affaire illustre les limites du système actuel face à des profils récidivistes et influents. Elle appelle à une réflexion plus large sur l’immigration irrégulière, la lutte contre la radicalisation en ligne et la coopération internationale.
Dans un pays marqué par des attentats passés, la vigilance reste de mise. Les influenceurs, comme tout citoyen, doivent mesurer l’impact de leurs paroles. Car derrière l’écran, les conséquences sont bien réelles.
Le parcours de Mahdi B. n’est pas isolé. Il reflète des dysfonctionnements profonds qu’il convient d’adresser avec détermination. La société française, attachée à ses valeurs de liberté et de sécurité, mérite des réponses concrètes.
En attendant, chaque nouvelle vidéo, chaque nouveau signalement rappelle que le combat contre la haine et le terrorisme passe aussi par le numérique. Un front invisible, mais ô combien stratégique.
Points clés de l’affaire :
- Condamnation en janvier 2025 pour apologie du terrorisme
- OQTF prononcée mais non exécutée
- Nouvelles provocations depuis la prison et après libération
- Refus algérien de laissez-passer consulaire
- Assignation à résidence et contrôle judiciaire
- Interpellation récente pour insultes aux policiers
Ces éléments résument une situation complexe où se croisent justice, diplomatie et réseaux sociaux. L’évolution du dossier sera à suivre de près dans les prochains mois.
En définitive, cette histoire dépasse le cas personnel pour toucher à des enjeux sociétaux majeurs. La France, comme d’autres pays européens, doit trouver l’équilibre entre humanité et fermeté face à l’immigration irrégulière et aux discours extrêmes.
Le débat est ouvert, et les solutions attendues.









