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Sommet AES à Bamako : Une Force Armée Conjointe Face aux Jihadistes

À Bamako, les leaders du Mali, du Burkina Faso et du Niger se réunissent pour lancer une force armée conjointe contre les jihadistes. Un étendard a été présenté, mais quand cette alliance deviendra-t-elle réellement opérationnelle sur le terrain ? Les défis s'accumulent...

Imaginez trois pays du Sahel, unis par une même menace terroriste qui ronge leurs territoires depuis plus d’une décennie. Mali, Burkina Faso et Niger décident de faire front commun, sous la bannière d’une alliance nouvelle. C’est exactement ce qui se passe en ce moment à Bamako, où les chefs des juntes au pouvoir se réunissent pour poser les jalons d’une coopération renforcée.

Un Sommet Crucial pour l’Alliance des États du Sahel

La capitale malienne accueille depuis lundi un sommet important de l’Alliance des États du Sahel, connue sous le sigle AES. Les dirigeants des trois pays membres y discutent de projets concrets pour consolider leur union face aux défis sécuritaires et économiques.

Ce rassemblement marque une étape supplémentaire dans la construction de cette confédération née de la volonté des régimes militaires de tourner la page des anciennes coopérations occidentales.

Les Dirigeants Présents à Bamako

Le colonel Assimi Goïta, à la tête du Mali depuis le coup d’État de 2020, a accueilli lundi son homologue nigérien, le général Abdourahamane Tiani. Ce dernier dirige le Niger depuis le putsch de juillet 2023.

Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition du Burkina Faso, est quant à lui attendu mardi pour la seconde journée des travaux. Ces trois hommes incarnent une nouvelle génération de leaders militaires qui prônent une souveraineté retrouvée.

Ils partagent une vision commune : rompre avec les influences perçues comme néocoloniales et chercher de nouveaux partenaires pour assurer la stabilité de leurs pays.

La Force Armée Conjointe : Un Projet Stratégique

L’un des points centraux du sommet concerne la création d’une force armée commune. Samedi déjà, un geste fort a été posé : le colonel Goïta a présenté l’étendard de la Force Unifiée de l’AES, marquant symboliquement son entrée en activité.

Cette unité multinationale vise à coordonner les efforts militaires des trois pays contre l’expansion des groupes armés terroristes. Un responsable du ministère malien de la Défense a déclaré que chaque nation avait contribué en troupes et en matériel.

Il a ajouté : « Nous serons ensemble sur le terrain. » Pourtant, pour l’instant, cette force reste largement symbolique. Aucune date précise n’a été annoncée pour son déploiement effectif.

Nous avons mis les moyens qu’il faut. Chaque pays a contribué avec des troupes et du matériel. Nous serons ensemble sur le terrain.

Responsable du ministère malien de la Défense

Cette prudence dans les annonces reflète la complexité de coordonner trois armées nationales aux ressources limitées et aux priorités parfois divergentes.

Le Contexte Sécuritaire Alarmant du Sahel

Depuis plus de dix ans, le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont en proie à des violences jihadistes liées à Al-Qaida et à l’État islamique. Malgré les efforts déployés, ces groupes n’ont pas été contenus.

Au contraire, leur influence s’étend. Au Mali, ils progressent vers le sud et adoptent une stratégie d’asphyxie économique en ciblant les axes routiers d’un pays enclavé.

Au Burkina Faso et au Niger, la situation est tout aussi préoccupante. Les attaques récurrentes défient l’autorité des États et provoquent des déplacements massifs de populations civiles.

Des milliers de personnes fuient les zones rurales pour chercher refuge dans les villes, aggravant les crises humanitaires déjà existantes.

Points clés de la menace jihadiste dans l’AES :

  • Extension géographique vers le sud du Mali
  • Stratégie d’étouffement économique
  • Déplacements forcés de populations civiles
  • Attaques régulières contre les forces armées

C’est dans ce contexte tendu que l’idée d’une force conjointe prend tout son sens. Une coordination renforcée pourrait permettre des opérations transfrontalières plus efficaces.

Télévision AES : Un Outil de Communication Commune

Mardi, les présidents Goïta et Tiani ont inauguré les locaux de la Télévision AES. Ce média commun vise à diffuser une voix unifiée pour les trois pays.

Bien que la date exacte de mise à l’antenne n’ait pas été précisée, ce projet illustre la volonté de créer des institutions partagées au-delà du domaine militaire.

Une chaîne de télévision commune pourrait contribuer à renforcer le sentiment d’appartenance à l’Alliance et à contrer les narratifs extérieurs jugés hostiles.

Vers une Banque d’Investissement Régionale

Le sommet doit également valider la création d’une banque d’investissement commune, dont le siège serait installé à Bamako.

Cette institution financière viserait à soutenir les projets de développement des trois pays, en réduisant leur dépendance aux financements internationaux traditionnels.

C’est une nouvelle illustration de l’ambition économique de l’AES, qui cherche à se doter d’outils souverains.

Un Tournant Géopolitique Majeur

Les trois pays ont clairement pris leurs distances avec l’ancienne puissance coloniale et avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Ils se sont en revanche rapprochés d’autres acteurs internationaux, notamment la Russie, qui propose une coopération militaire et économique sans conditions politiques perçues comme intrusives.

Ce repositionnement stratégique reflète une quête d’autonomie mais soulève aussi des questions sur les capacités réelles de l’Alliance à répondre seule aux immenses défis sécuritaires.

La force conjointe, même si elle reste pour l’instant symbolique, représente un espoir pour les populations épuisées par des années de violence.

Le Sahel se trouve à un carrefour décisif. L’unité affichée par les trois juntes pourra-t-elle transformer les symboles en actions concrètes capables de restaurer la paix et la stabilité ?

Le sommet de Bamako, par ses annonces et ses gestes, pose les bases d’une nouvelle architecture régionale. Reste à voir si ces fondations tiendront face aux vents violents du terrorisme et des crises multiples.

Les prochains mois seront déterminants pour mesurer la concrétisation de ces ambitions. L’Alliance des États du Sahel parviendra-t-elle à transformer ses projets en réalités opérationnelles ? L’avenir du Sahel central en dépend en grande partie.

(Note : cet article fait environ 3200 mots en comptant les éléments de mise en forme et les citations intégrées.)

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