Imaginez un joueur talentueux, créatif, capable de moments de pure magie sur un terrain de football, mais qui, après plus de vingt ans de carrière professionnelle, n’a toujours pas levé un trophée majeur. Cette situation, presque incroyable, colle pourtant à la peau de Dimitri Payet depuis ses débuts. À 38 ans, le Réunionnais a frôlé une nouvelle fois la consécration, sans pouvoir la saisir.
Une finale brésilienne qui laisse des regrets
Le scénario s’est déroulé il y a quelques heures seulement, de l’autre côté de l’Atlantique. Vasco da Gama, le club où Payet a évolué pendant près de deux saisons, disputait la finale de la Coupe du Brésil face à Corinthians. Un match décisif, chargé d’espoir pour tout un peuple de supporters. Malheureusement, les choses ont mal tourné.
Menés par un Memphis Depay inspiré, les Corinthians l’ont emporté 2-1 dans une rencontre tendue jusqu’au bout. Pour Vasco, c’était l’occasion rêvée de décrocher un titre national prestigieux. Pour Payet, même parti depuis l’été, cela représentait une chance unique d’inscrire enfin son nom au palmarès d’une compétition majeure.
Car oui, même sans avoir disputé la finale, le milieu offensif aurait figuré parmi les vainqueurs. Il avait participé aux premiers tours de la compétition, entrant en jeu lors des victoires face à des équipes de divisions inférieures. Quelques minutes qui auraient suffi pour valider sa présence officielle sur la liste des champions.
Un rôle limité mais symbolique
Revenons un instant sur le parcours de Vasco dans cette Coupe du Brésil. Les débuts étaient tranquilles, presque routiniers. Face à Uniao Rondonopolis, formation de cinquième division, le score sans appel de 3-0 a permis à l’entraîneur de faire tourner son effectif. Payet est entré en cours de match, apportant sa touche technique habituelle.
Le tour suivant, contre Nova Iguaçu, équipe de quatrième division, s’est soldé par le même score. Là encore, le Réunionnais a eu droit à quelques minutes. Rien de transcendant, mais suffisant pour être éligible au titre en cas de victoire finale. Puis il a quitté le club en juin 2025, retournant en Europe ou prenant une pause, selon les rumeurs.
Ces apparitions fugaces résument bien la fin de l’aventure brésilienne de Payet. Arrivé en août 2023 avec l’aura d’un joueur expérimenté capable d’apporter la dernière passe décisive, il a connu des moments forts mais aussi des périodes plus compliquées, marquées par des blessures et une adaptation parfois difficile au rythme sud-américain.
Une carrière riche en talent, pauvre en titres
À y regarder de plus près, l’histoire de Dimitri Payet est fascinante. Formé à La Réunion, il explose vraiment au Nantes puis à Saint-Étienne, avant de connaître la consécration médiatique à Marseille. Des buts somptueux, des coups francs légendaires, une vision du jeu hors norme. Pourtant, les trophées collectifs brillent par leur absence.
Son seul titre officiel remonte à 2004. À 17 ans, il remporte la Coupe de La Réunion avec l’AS Excelsior. Un trophée régional, magnifique pour un jeune joueur, mais qui pèse peu face à une carrière professionnelle longue de deux décennies. Depuis, rien. Ni en club, ni en sélection nationale.
Avec l’équipe de France, il a vécu l’épopée de l’Euro 2016 à domicile. Titulaire indiscutable, il marque un but mémorable contre la Roumanie en ouverture. La France atteint la finale, mais s’incline face au Portugal. Payet, blessé, doit quitter ses partenaires avant la fin du tournoi. Encore une médaille d’argent qui laisse un goût amer.
Le football est parfois cruel avec les plus talentueux.
Cette phrase résume bien la situation. Combien de joueurs moins doués ont levé des coupes simplement parce qu’ils évoluaient dans des équipes dominantes ? Payet, lui, a souvent choisi des clubs en reconstruction ou des projets ambitieux mais risqués.
Les occasions manquées au fil des ans
Repassons en revue quelques moments où le trophée semblait à portée de main. À Marseille, lors de la saison 2017-2018, l’OM atteint la finale de la Ligue Europa. Adversaire : l’Atlético Madrid de Diego Simeone. Résultat : une défaite 3-0 difficile à digérer. Payet, capitaine ce soir-là, sort sur blessure dès la première période, en larmes.
Un autre épisode marquant : la finale de la Coupe de la Ligue 2012 avec Marseille, perdue face à Lyon aux tirs au but. Ou encore les nombreuses saisons où l’OM termine deuxième ou troisième de Ligue 1, jamais assez pour décrocher le titre de champion.
À West Ham, en Angleterre, il connaît de belles années, mais le club londonien ne joue pas les premiers rôles. Idem à Vasco da Gama : malgré son talent, l’équipe lutte souvent pour revenir au premier plan au Brésil, face à la domination de Flamengo, Palmeiras ou Corinthians.
- Euro 2016 : finaliste avec les Bleus
- Ligue Europa 2018 : finaliste avec Marseille
- Coupe de la Ligue 2012 : finaliste
- Coupe du Brésil 2025 : finaliste avec Vasco (même absent de la finale)
Cette liste, loin d’être exhaustive, montre une constante : Payet excelle, porte ses équipes, mais le dernier pas reste insurmontable.
Le poids de l’âge et les questions sur l’avenir
À 38 ans, le temps presse. Le corps, même entretenu avec soin, ne répond plus comme à 28 ans. Les blessures se font plus fréquentes, la récupération plus longue. Beaucoup se demandent si Dimitri Payet jouera encore au plus haut niveau la saison prochaine.
Retour en Europe ? Fin de carrière à La Réunion pour boucler la boucle ? Ou prolongation de l’aventure brésilienne ailleurs ? Les rumeurs circulent, mais rien n’est officiel. Ce qui est certain, c’est que le désir de gagner un titre demeure intact.
Dans plusieurs interviews passées, Payet n’a jamais caché cette frustration. Il parle de son talent, de ses efforts, mais aussi de cette chance qui semble lui tourner le dos au moment décisif. Une forme de malédiction que certains supporters comparent à celle d’autres grands joueurs comme Michael Ballack ou Francesco Totti à ses débuts.
Corinthians et Memphis Depay, les bourreaux du jour
De l’autre côté, Corinthians savoure. Le club pauliste, habitué des grandes épopées, ajoute une nouvelle ligne à son palmarès déjà riche. Memphis Depay, l’attaquant néerlandais, a été décisif. Son expérience européenne a fait la différence dans les moments clés.
Ce duel à distance entre deux anciens de la scène européenne rappelle que le football brésilien attire toujours les stars en quête de nouveaux défis. Pour Depay, c’est une consécration immédiate. Pour Payet, un rappel cruel que le timing compte énormément.
Que retenir de cette histoire ?
Au-delà du simple fait divers, l’histoire de Dimitri Payet interroge sur la valeur réelle des trophées dans une carrière. Sont-ils l’unique mesure du succès ? Ou bien le talent pur, la longévité, l’amour du public comptent-ils autant ?
Beaucoup de supporters, notamment à Marseille ou à La Réunion, estiment que Payet mérite déjà sa place parmi les grands. Ses gestes techniques, ses passes aveugles, ses coups de génie restent gravés dans les mémoires. Un trophée viendra-t-il couronner tout cela ? L’avenir le dira.
En attendant, cette finale perdue par Vasco da Gama ajoute une couche supplémentaire à la légende douce-amère du Réunionnais. Un joueur exceptionnel, adulé, mais toujours en quête de cette récompense collective qui semble lui échapper depuis toujours.
Le football continue, les saisons se succèdent. À 38 ans, Dimitri Payet a encore peut-être une ou deux opportunités devant lui. Espérons pour lui que la prochaine fois, le sort tournera enfin en sa faveur.
Rappel des faits clés :
– Finale Coupe du Brésil : Corinthians 2-1 Vasco da Gama
– Payet avait joué les premiers tours avec Vasco
– Âge actuel : 38 ans
– Seul trophée : Coupe de La Réunion 2004
Cette anecdote brésilienne, bien que mineure dans l’immense livre du football mondial, touche par son humanité. Elle nous rappelle que derrière les stars, il y a des hommes avec leurs rêves et leurs déceptions. Dimitri Payet incarne cela mieux que quiconque.
Et qui sait, peut-être que dans quelques mois, nous écrirons un article totalement différent, célébrant enfin le premier grand titre d’une carrière hors norme. Le football, après tout, adore les happy ends tardifs.









