Après avoir subi de plein fouet la flambée des étiquettes pendant de longs mois, les consommateurs peuvent enfin souffler un peu. En mai, les prix des produits de grande consommation ont légèrement reculé de 0,1% sur un an selon le panéliste Circana. Une première depuis fin 2021. Mais cette timide accalmie sur le front de l’inflation est-elle le signe d’un réel répit pour le budget des ménages ?
Un reflux encore peu perceptible dans les rayons
Si les chiffres montrent un léger repli, difficile pour autant de le constater en remplissant son caddie. Car par rapport à la période pré-crise, les tarifs demeurent tout de même 15,9% plus élevés. La tendance baissière s’observe surtout sur les produits d’hygiène et d’entretien (-2,2%) tandis que le secteur alimentaire affiche +0,2%.
Cette différence s’explique notamment par la récente loi Descrozaille (EGalim 3) qui limite drastiquement les promotions sur les produits non-alimentaires depuis mars. Quant aux faibles hausses obtenues par les industriels de l’agroalimentaire lors des dernières négociations, les distributeurs sont libres de les répercuter ou non.
Une guerre des prix sans merci entre enseignes
Face à des clients toujours en quête des tarifs les plus avantageux, les grandes surfaces se livrent une véritable bataille pour proposer les prix les plus bas. Quitte parfois à rogner sur leurs marges ou à retarder la répercussion de hausses fournisseurs. Une stratégie payante pour ceux qui parviennent à tirer leur épingle du jeu, à l’image d’Intermarché qui a gagné 0,4 point de parts de marché depuis janvier.
Le poids croissant des marques de distributeurs
Autre levier activé par les enseignes pour contenir les tarifs : le développement de leurs propres marques. Nettement moins chères que les grandes marques, elles représentent désormais près d’un tiers des volumes vendus en hypers et supermarchés. De quoi doper le rapport qualité-prix perçu et améliorer la compétitivité face aux acteurs discount.
Les clients comparent de plus en plus les enseignes. Ils n’hésitent plus à passer d’un magasin à l’autre pour optimiser chaque euro dépensé.
Emily Mayer, experte grande consommation chez Circana
Des fondamentaux toujours fragiles pour le pouvoir d’achat
Malgré ces signaux encourageants, les ménages français ne sont pas au bout de leurs peines. Avec un niveau d’inflation général encore élevé (+5,1% sur un an en mai), des salaires qui peinent à suivre et un coût du crédit immobilier en forte hausse, la pression sur les budgets reste intense. Le mouvement de désinflation, s’il se confirme, mettra du temps à produire ses effets sur un pouvoir d’achat durablement affecté.
Vers une inversion de tendance durable ?
Si le début d’accalmie en rayons est une bonne nouvelle, sa pérennité reste incertaine. Tout dépendra de l’évolution des cours des matières premières et des prochaines négociations entre industriels et distributeurs. Des facteurs sur lesquels les consommateurs ont hélas peu de prise. En attendant, la chasse aux bonnes affaires a encore de beaux jours devant elle.
- La déflation observée en mai reste modeste et peu perceptible pour les clients
- Distributeurs et industriels se livrent une guerre des prix acharnée
- La pression sur le pouvoir d’achat des ménages demeure forte malgré ce répit