Imaginez que vous sécurisez un réseau blockchain en bloquant vos cryptomonnaies, et qu’en récompense, l’État vous impose deux fois. C’est la réalité actuelle pour des millions d’Américains qui pratiquent le staking. Mais un vent de changement souffle au Congrès.
La Double Imposition sur le Staking : Un Frein Majeur pour l’Innovation Crypto
Depuis 2023, les règles fiscales américaines traitent les récompenses de staking comme un revenu imposable dès leur réception. Puis, quand l’investisseur les vend, il doit déclarer une plus-value ou une moins-value. Résultat : une taxation doublée qui décourage nombre de participants.
Cette situation crée une distorsion économique importante. Les stakers contribuent pourtant à la sécurité et à la décentralisation des blockchains proof-of-stake, comme Ethereum ou Solana. Sans eux, ces réseaux perdraient en robustesse.
Une Initiative Bipartisane pour Réformer les Règles
Dix-huit députés américains, menés par le républicain Mike Carey, ont adressé une lettre ferme au commissaire par intérim de l’IRS. Ils demandent une révision complète de la guidance de 2023 avant le début de l’année fiscale 2026.
Le message est clair : taxer les rewards uniquement lors de leur vente permettrait de refléter la réalité économique. L’investisseur ne réalise un gain réel qu’au moment où il cède ses tokens.
« Il est crucial que les stakers soient imposés sur la base de leur gain économique réel, sans risque fiscal déraisonnable en cas de fluctuation des prix. »
Cette citation résume l’argument central des parlementaires. Ils insistent sur l’urgence d’une clarification avant la fin 2025.
Pourquoi la Guidance Actuelle Pose Problème
Lorsqu’un staker reçoit des rewards, il doit les déclarer à leur valeur marchande du moment. Même s’il ne les vend pas immédiatement. Si le prix baisse ensuite, il subit une perte non déductible du revenu initial.
À l’inverse, une hausse du cours génère une plus-value imposable supplémentaire. Cette mécanique crée une asymétrie fiscale défavorable et complique terriblement la conformité.
Pour les petits investisseurs, suivre ces règles devient un casse-tête. Beaucoup renoncent au staking par peur des erreurs de déclaration et des pénalités.
Exemple concret : Vous stakez 10 ETH et recevez 0,5 ETH de rewards valorisés 1 500 dollars. Vous déclarez 1 500 dollars de revenu. Six mois plus tard, vous vendez ces 0,5 ETH à 1 000 dollars. Vous avez perdu 500 dollars réels, mais aucune déduction possible sur le revenu initial.
Le Soutien Massif de l’Industrie Crypto
Les leaders du secteur saluent cette initiative. Ils estiment que des règles fiscales équitables sont indispensables pour maintenir la compétitivité américaine.
Le staking et le mining constituent l’infrastructure critique des blockchains publiques. Les pénaliser fiscalement pousse les acteurs à délocaliser leurs activités vers des juridictions plus accueillantes.
« Une fiscalité juste n’est pas seulement une bonne politique, elle est essentielle si l’Amérique veut rester la capitale mondiale de la crypto. »
Cette déclaration illustre l’enjeu stratégique. Dans un contexte où l’administration actuelle affiche un soutien marqué aux cryptomonnaies, cette réforme apparaît comme une priorité.
Le PARITY Act : Une Proposition Législative Alternative
Parallèlement à la lettre, des députés ont déposé le PARITY Act. Ce projet de loi offre une approche différente en autorisant le report de l’imposition des rewards de staking et mining jusqu’à cinq ans.
Il inclut également des exonérations pour les petites transactions en stablecoins. L’objectif : simplifier la vie quotidienne des utilisateurs de cryptomonnaies.
Des tentatives précédentes, comme le Providing Tax Clarity for Digital Assets Act, n’avaient pas abouti. Le nouveau contexte politique pourrait changer la donne.
Les Enjeux Économiques et Stratégiques pour les États-Unis
Les États-Unis hébergent une part importante des validateurs Ethereum et d’autres réseaux proof-of-stake. Une fiscalité punitive risque de provoquer une fuite des capitaux et des talents.
Des pays comme le Portugal, les Émirats arabes unis ou Singapour proposent déjà des régimes fiscaux plus favorables. Sans adaptation, l’Amérique pourrait perdre son leadership technologique.
Le staking représente des milliards de dollars immobilisés. Encourager cette pratique renforce la sécurité des réseaux et stimule l’innovation dans la finance décentralisée.
| Aspect | Situation actuelle | Proposition de réforme |
|---|---|---|
| Imposition rewards | Dès réception (revenu ordinaire) | Lors de la vente (plus-value) |
| Complexité déclaration | Élevée (suivi constant) | Simplifiée |
| Impact sur participation | Décourageante | Encourageante |
Comparaison Internationale des Fiscalités Crypto
Plusieurs nations ont déjà adopté des approches plus souples. En Allemagne, les cryptomonnaies détenues plus d’un an sont exonérées de plus-value. Au Portugal, les gains privés sont souvent non imposables.
Ces exemples montrent qu’une fiscalité adaptée attire les investissements. Les États-Unis, pionniers du bitcoin et de la blockchain, ne peuvent se permettre de rester en retrait.
La concurrence mondiale s’intensifie. Les centres financiers traditionnels comme la Suisse ou Singapour développent des cadres réglementaires attractifs.
L’Impact sur les Différents Acteurs du Marché
Les investisseurs individuels souffrent le plus de la complexité actuelle. Les plateformes de staking centralisées tentent de simplifier, mais restent contraintes par les règles.
Les protocoles décentralisés, eux, dépendent directement de la participation communautaire. Une baisse du staking américain affaiblirait leur résilience.
Même les institutionnels, pourtant mieux armés, hésitent à s’engager massivement dans le staking en raison des incertitudes fiscales.
Perspectives pour 2026 et Au-delà
La pression monte sur l’IRS. Avec un Congrès plus favorable aux cryptomonnaies et une administration pro-innovation, les chances d’une réforme augmentent.
Une guidance actualisée avant 2026 offrirait une visibilité précieuse aux contribuables. Elle pourrait aussi stimuler l’adoption institutionnelle du staking.
À long terme, une fiscalité cohérente avec la nature des actifs numériques renforcerait la position américaine dans la révolution blockchain.
Cette affaire illustre parfaitement la nécessaire adaptation des cadres réglementaires à l’innovation technologique. Le staking n’est pas une simple spéculation : c’est un pilier de l’infrastructure décentralisée du futur.
Les prochains mois seront décisifs. La réponse de l’IRS déterminera si les États-Unis choisissent d’accompagner ou de freiner cette évolution majeure de la finance.
En attendant, les investisseurs crypto américains retiennent leur souffle. Une réforme réussie pourrait marquer un tournant historique pour l’ensemble de l’écosystème.









