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Mamadi Doumbouya : Le Putschiste Qui Vise la Présidence en Guinée

En Guinée, un putschiste qui promettait de rendre le pouvoir aux civils se présente finalement à la présidentielle du 28 décembre. Mamadi Doumbouya a troqué son treillis pour une campagne électorale, mais dans un climat de répression accrue. Que cache vraiment cette quête de légitimité ?

Imaginez un homme qui, il y a quatre ans, prenait le pouvoir par la force en promettant de ne jamais briguer de mandat électoral. Aujourd’hui, il se présente comme candidat à la présidentielle, vêtu de civil, arborant un sourire confiant et un slogan accrocheur. En Guinée, cette transformation surprenante porte un nom : Mamadi Doumbouya.

Un parcours atypique vers le pouvoir suprême

À 41 ans, Mamadi Doumbouya incarne une figure complexe sur la scène politique guinéenne. Issu d’une carrière militaire bien remplie, il a gravi les échelons avec une détermination remarquable. Son passé dans la Légion étrangère française a forgé son caractère et son réseau international, tout en lui offrant une formation solide.

Originaire de Kankan, dans l’est du pays, il appartient à l’ethnie malinké, la deuxième plus importante de Guinée. Cette appartenance ethnique joue un rôle non négligeable dans un pays où les dynamiques communautaires influencent fortement la politique.

Des missions internationales à la tête d’un pays

Son engagement dans la Légion étrangère l’a conduit sur plusieurs théâtres d’opérations : Afghanistan, République centrafricaine, entre autres. Ces expériences ont aiguisé ses compétences militaires et lui ont permis d’acquérir une vision stratégique du monde.

De retour en Guinée, il intègre l’armée nationale et gravit rapidement les échelons. En 2017, il exprime publiquement ses frustrations face à un système politique qui, selon lui, prive les militaires des moyens nécessaires. Cette déclaration préfigure déjà une certaine défiance envers les autorités civiles de l’époque.

Le 5 septembre 2021, à la tête du Groupement des forces spéciales, il mène l’opération qui renverse le président Alpha Condé. Ce coup d’État est perçu initialement comme une libération par une grande partie de la population, épuisée par onze ans de pouvoir condéen et une répression sévère des manifestations.

La promesse non tenue du retour aux civils

Dans les jours suivant le putsch, Mamadi Doumbouya s’engage solennellement : ni lui ni aucun membre de la junte ne se présentera à une élection future. La transition doit être courte, et le pouvoir doit revenir aux civils dans les meilleurs délais.

Pourtant, les mois passent, puis les années, et cette promesse semble s’effacer progressivement. Le colonel devient général, puis président de la transition, et finalement candidat à la présidentielle du 28 décembre 2025.

« La paix et la stabilité », promet-il désormais aux Guinéens dans une vidéo de campagne publiée début décembre.

Cette phrase, répétée comme un mantra, contraste avec la réalité du terrain où la mainmise militaire sur le pouvoir reste totale.

Une campagne électorale sous contrôle strict

La campagne officielle se déroule dans un climat particulier. Les principaux opposants ont été écartés du scrutin, soit par disqualification, soit par des pressions diverses. Mamadi Doumbouya se présente comme candidat indépendant, soutenu par un mouvement portant ses initiales : GMD, pour Génération pour la Modernité et le Développement.

Son slogan « Bâtir ensemble » orne les affiches et les tenues qu’il porte désormais en public. Le treillis camouflage a cédé la place à des costumes civils, même si son entourage reste composé de militaires fidèles.

Les apparitions publiques du général restent rares. C’est principalement son Premier ministre et son porte-parole qui parcourent le pays pour porter son message.

Un climat de répression accrue

Depuis 2021, le pouvoir a durci son ton vis-à-vis de toute forme d’opposition. Plusieurs partis politiques ont été suspendus, des médias ont vu leurs activités interrompues, et les manifestations ont été interdites dès 2022.

Les arrestations de figures de l’opposition et de la société civile se sont multipliées. Certains ont été condamnés, d’autres ont choisi l’exil. Les cas de disparitions forcées et d’enlèvements signalés ont augmenté ces dernières années.

Enfermé dans le palais présidentiel Mohammed V de Conakry, face à l’océan Atlantique, Mamadi Doumbouya parle peu en public. Sa parole est rare, presque mesurée, ce qui renforce l’image d’un dirigeant distant mais omniprésent.

Une diplomatie habile du « ni-ni »

Sur la scène internationale, le général guinéen a su adopter une posture équilibrée. Alors que plusieurs juntes du Sahel rompaient avec la France et la Cedeao pour se tourner vers la Russie, il a maintenu des relations cordiales avec l’ancienne puissance coloniale.

Il a également préservé des liens avec les partenaires occidentaux tout en évitant toute confrontation ouverte. Cette stratégie du « ni-ni » – ni anti-américain, ni anti-russe, ni anti-français – lui permet de naviguer entre les grandes puissances sans se couper d’aucune.

« Tout simplement pro-africain », a-t-il déclaré à la tribune de l’ONU en 2023.

Cette position lui vaut une certaine indulgence de la communauté internationale, qui préfère le ménager plutôt que de le confronter frontalement.

Des avancées économiques symboliques

Sur le plan intérieur, le pouvoir actuel met en avant plusieurs réalisations économiques. Le lancement de l’exploitation du gigantesque gisement de fer de Simandou, dans le sud-est du pays, représente l’une des avancées les plus marquantes.

Ce projet, longtemps bloqué par des conflits d’intérêts et des problèmes juridiques, symbolise les perspectives de croissance pour la Guinée. Les autorités soulignent régulièrement cette réalisation comme preuve de leur capacité à gérer les grands dossiers stratégiques.

Ces succès économiques servent de contrepoint aux critiques sur la gouvernance autoritaire et les atteintes aux libertés.

Un mariage franco-guinéen personnel

La vie privée de Mamadi Doumbouya reflète également ses liens avec la France. Marié à une ancienne gendarme française, il est père de quatre enfants. Cette union personnelle renforce les ponts entre Conakry et Paris.

Sa formation académique française, avec un master de défense obtenu à l’université Paris-Panthéon-Assas et des cours à l’École de guerre, complète ce tableau d’un officier formé aux meilleures écoles de l’ancienne métropole.

Une élection sans véritable opposition

À l’approche du scrutin du 28 décembre, le paysage politique guinéen apparaît singulièrement dégagé pour le candidat Doumbouya. L’absence de concurrents majeurs laisse présager une victoire probable, voire écrasante.

Cette situation soulève des interrogations sur la sincérité du processus électoral et sur la véritable légitimité du futur vainqueur. Les observateurs internationaux surveillent de près le déroulement du scrutin, tout en restant prudents dans leurs prises de position.

Les défis à venir pour la Guinée

Quel que soit le résultat officiel, la Guinée entre dans une nouvelle phase de son histoire politique. La question de la réconciliation nationale reste entière dans un pays marqué par des décennies de tensions ethniques et politiques.

Les attentes des Guinéens sont nombreuses : paix, développement économique, respect des libertés fondamentales. Le futur président devra répondre à ces aspirations tout en consolidant son pouvoir.

Le parcours de Mamadi Doumbouya, du putschiste au candidat présidentiel, illustre les complexités de la transition politique en Afrique de l’Ouest. Entre répression intérieure et diplomatie habile à l’extérieur, son règne continue de susciter des débats passionnés.

La présidentielle du 28 décembre pourrait marquer un tournant décisif pour la Guinée. Les mois à venir révéleront si ce pouvoir militaire saura réellement s’ancrer dans une légitimité démocratique ou s’il perpétuera un modèle autoritaire sous des habits civils.

En attendant, les Guinéens observent, partagés entre espoir de stabilité et crainte d’une consolidation définitive du pouvoir en mains militaires.

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