Imaginez un instant que la banque centrale américaine relance discrètement la planche à billets, sans le dire ouvertement. C’est exactement ce que dénonce Arthur Hayes, l’ancien patron de BitMEX, dans sa dernière analyse. Selon lui, un nouveau mécanisme baptisé RMP n’est rien d’autre qu’une forme déguisée d’assouplissement quantitatif, et cela pourrait envoyer Bitcoin vers des sommets jamais atteints.
Le RMP, un QE qui ne dit pas son nom
Depuis la réunion du FOMC du 10 décembre, la Réserve fédérale américaine a lancé un programme appelé Reserve Management Purchases, ou RMP. Officiellement, il s’agit d’acheter des bons du Trésor à court terme pour maintenir des réserves « amplles » dans le système bancaire. Mais pour Arthur Hayes, cette explication ne tient pas la route.
Dans son essai intitulé « Love Language » publié le 19 décembre, le dirigeant du fonds Maelstrom décortique le fonctionnement réel de ce dispositif. Il explique que la Fed achète ces titres principalement auprès des fonds monétaires, qui réinvestissent ensuite les liquidités dans des obligations plus longues ou sur le marché repo. Résultat : une création monétaire indirecte qui finance les déficits publics sans passer par une annonce officielle de QE.
Ce tour de passe-passe permet d’éviter les critiques politiques tout en injectant des milliards dans l’économie. Hayes souligne que les volumes mensuels, autour de 40 milliards de dollars, paraissent modestes comparés aux QE passés. Pourtant, le mécanisme structurel produit exactement le même effet expansif.
Comment fonctionne concrètement ce canal des fonds monétaires ?
Les fonds monétaires détiennent une part importante des bons du Trésor à court terme. Quand la Fed les rachète via le RMP, ces fonds reçoivent du cash frais. Au lieu de le laisser dormir, ils l’utilisent pour acquérir des actifs plus rentables : obligations à plus long terme ou prêts repo.
Cette rotation allonge la durée des actifs détenus par le secteur privé tout en augmentant la quantité globale de monnaie en circulation. Hayes parle d’une « expansion monétaire équivalente » à un vrai QE, mais sans les contraintes politiques.
Le plus puissant, selon lui, c’est la dépendance croissante du gouvernement américain aux émissions de T-bills pour financer ses déficits colossaux, dépassant les 2 000 milliards de dollars par an. Plus le déficit grandit, plus le RMP devient un outil indispensable pour absorber cette dette courte.
« Money Printer Go F***** Brrrrr »
Arthur Hayes, décrivant la flexibilité du RMP
Le président de la Fed de New York, John Williams, dispose d’une marge de manœuvre considérable grâce à la définition vague des « réserves amplles ». Cela ouvre la porte à une expansion quasi illimitée du bilan de la Fed, avec très peu de contrôle externe.
Pourquoi ce programme arrive-t-il maintenant ?
Le timing n’est pas anodin. Les États-Unis font face à des déficits records et à une dette publique qui explose. Refinancer cette dette à des taux élevés devient coûteux. En inondant indirectement le marché de liquidités, la Fed maintient des conditions financières accommodantes sans avoir à baisser officiellement les taux directeurs.
Arthur Hayes y voit une stratégie délibérée pour soutenir les marchés d’actifs tout en contournant les débats politiques sur l’inflation et la responsabilité budgétaire. C’est une forme de monétisation de la dette plus subtile, mais tout aussi efficace.
Ce contexte explique pourquoi les marchés crypto, particulièrement sensibles à la liquidité globale, pourraient bénéficier massivement de cette évolution.
Les prévisions choc d’Arthur Hayes pour Bitcoin
Hayes ne s’arrête pas à la critique du système. Il propose une trajectoire précise pour Bitcoin dans les mois et années à venir. À court terme, il anticipe une phase de consolidation entre 80 000 et 100 000 dollars, qui pourrait durer de décembre 2025 à janvier 2026.
Deux éléments expliquent cette fourchette : la persistance de l’idée que le RMP n’est pas un vrai QE, et l’incertitude sur la poursuite du programme au-delà d’avril 2026. Tant que les marchés n’ont pas pleinement intégré la réalité, la volatilité restera modérée.
Mais une fois la prise de conscience collective opérée, Hayes prévoit une accélération brutale. Bitcoin devrait rapidement reconquérir son ancien sommet à 124 000 dollars, puis viser les 200 000 dollars dès le début ou le milieu de 2026.
Ce mouvement serait alimenté par plusieurs catalyseurs :
- La ruée institutionnelle (FOMO)
- Les entrées massives dans les ETF Bitcoin
- La reconnaissance que la Fed finance directement les dépenses publiques
- L’amélioration générale des conditions de liquidité fiat
Mars 2026 marquerait selon lui le pic des attentes sur les effets inflationnistes du RMP sur les actifs. Un repli suivrait, formant un creux local bien au-dessus des 124 000 dollars. Ce ne serait pas la fin du cycle, mais une correction temporaire stratégique.
Plus loin, Hayes maintient son objectif ambitieux de 500 000 dollars d’ici fin 2026, qu’il avait déjà évoqué fin novembre.
La rotation de portefeuille annoncée par Hayes
Pour accompagner cette vision, Arthur Hayes a annoncé un repositionnement de son fonds Maelstrom. Il réduit son exposition à Ethereum pour privilégier des projets DeFi de haute qualité.
Son raisonnement est simple : dans un environnement de liquidité abondante, les actifs décentralisés à fort rendement et à narration solide devraient surperformer les grandes capitalisations comme ETH. Cette rotation reflète sa confiance dans un retour massif de l’appétit pour le risque.
Cette décision publique, partagée sur les réseaux, renforce le signal haussier qu’il envoie à la communauté crypto.
Pourquoi Bitcoin reste l’actif roi dans ce scénario
Bitcoin n’est pas choisi au hasard. Sa rareté numérique, son statut d’or digital et sa sensibilité extrême à la liquidité globale en font le principal bénéficiaire d’une expansion monétaire. Les ETF spot, approuvés il y a un an, ont déjà prouvé leur capacité à canaliser des milliards institutionnels.
Dans un monde où les monnaies fiat se dévaluent discrètement via des mécanismes comme le RMP, Bitcoin apparaît comme la couverture ultime. Hayes parie que les investisseurs institutionnels comprendront rapidement ce jeu et accéléreront leurs allocations.
Le parallèle avec les cycles haussiers passés est frappant : chaque épisode majeur de QE a coïncidé avec des explosions paraboliques du prix du BTC.
Les risques à surveiller dans les prochains mois
Tout n’est pas rose pour autant. Hayes identifie plusieurs points de friction potentiels. D’abord, une interruption prématurée du RMP en avril 2026 pourrait décevoir les marchés si le discours officiel reste rigide.
Ensuite, une résurgence inflationniste trop visible pourrait forcer la Fed à durcir le ton, même si le RMP offre une grande flexibilité. Enfin, les incertitudes macroéconomiques liées à la politique budgétaire américaine restent élevées.
Ces éléments expliquent la phase de range trading qu’il anticipe à court terme. La patience sera nécessaire avant le décollage.
Ce que cela signifie pour les investisseurs crypto
Pour les détenteurs de Bitcoin, le message est clair : le cycle haussier n’est pas terminé. Les corrections actuelles offrent des points d’entrée intéressants avant la prochaine jambe haussière.
Pour ceux exposés à d’autres cryptos, la rotation vers des projets DeFi solides pourrait être une stratégie gagnante, comme le suggère Hayes lui-même.
Plus globalement, cette analyse rappelle que la macroéconomie reste le principal driver des marchés crypto. Comprendre les subtilités des politiques monétaires devient indispensable pour anticiper les grands mouvements.
Arthur Hayes, avec son expérience et sa franchise légendaire, continue d’éclairer la communauté sur ces dynamiques complexes. Sa vision, même si elle peut sembler extrême, s’appuie sur une lecture fine des mécanismes financiers actuels.
Alors que Bitcoin oscille autour des 88 000 dollars ce 20 décembre 2025, les prochains mois s’annoncent décisifs. Le RMP tiendra-t-il ses promesses implicites ? La réponse pourrait redessiner complètement la carte des actifs numériques pour 2026 et au-delà.
Une chose est sûre : dans ce jeu d’ombre et de liquidité, ceux qui comprennent les règles cachées auront une longueur d’avance.
Résumé des points clés :
- Le RMP est un QE indirect via les fonds monétaires
- Bitcoin en range 80K-100K jusqu’à reconnaissance du mécanisme
- Explosion attendue vers 124K puis 200K en 2026
- Rotation vers DeFi de qualité recommandée
- Mars 2026 : pic des attentes, suivi d’une correction saine
Cette analyse d’Arthur Hayes nous rappelle que derrière les discours officiels se cachent souvent des réalités bien plus puissantes. Le monde de la finance évolue, et avec lui, les opportunités pour les actifs décentralisés comme Bitcoin.
Restez attentifs aux prochaines annonces de la Fed. Elles pourraient bien être le déclencheur d’un des plus grands bull runs de l’histoire crypto.
