Imaginez une capitale paralysée par la colère. Des milliers de personnes dans les rues, des slogans qui résonnent, des drapeaux qui flottent au vent. C’est la réalité à Dacca en ce mois de décembre 2025, alors que le Bangladesh traverse une nouvelle vague de tensions après la mort brutale d’une figure emblématique de la contestation récente.
Une crise qui ravive les braises de 2024
Le pays n’a pas encore totalement pansé les plaies de la révolte qui a conduit à la chute du gouvernement précédent en août 2024. Moins de deux ans plus tard, un événement tragique vient rallumer la mèche. Sharif Osman Hadi, 32 ans, l’un des visages marquants du mouvement étudiant, a succombé à ses blessures après une attaque ciblée.
Cet assassinat, survenu en début de semaine, a immédiatement provoqué une onde de choc. Candidat déclaré aux prochaines élections législatives prévues le 12 février, il représentait pour beaucoup l’espoir d’une nouvelle génération politique. Sa disparition brutale soulève des questions profondes sur la stabilité du pays en pleine transition.
Des manifestations massives à travers le pays
Le vendredi suivant l’annonce de sa mort, des milliers de personnes ont envahi les rues de la capitale. Brandissant pancartes et drapeaux nationaux, les manifestants scandaient des slogans exigeant justice. Ils réclamaient surtout l’arrestation rapide des auteurs de l’attaque, décrits comme des assaillants masqués ayant ouvert le feu lundi.
La colère ne s’est pas limitée à Dacca. Des rassemblements importants ont eu lieu dans plusieurs grandes villes. À Gazipur, dans la banlieue nord, les protestataires ont défilé en masse. Plus au nord, à Sylhet, et au sud-est, à Chattogram, la mobilisation a été tout aussi forte.
Dans cette dernière ville, la résidence d’un ancien ministre a même été prise pour cible lors d’une nuit particulièrement tendue. Ces débordements illustrent à quel point la population reste sensibilisée aux questions de justice et de responsabilité politique.
Les villes touchées par les manifestations :
- Dacca, épicentre de la contestation
- Gazipur, mobilisation dans la banlieue industrielle
- Sylhet, rassemblements dans le nord
- Chattogram, violences ciblées contre des symboles du passé
L’appel au calme de Muhammad Yunus
Au milieu de cette tempête, le chef du gouvernement provisoire a pris la parole. Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix âgé de 85 ans, a lancé un message fort en faveur de l’apaisement. Il a insisté sur l’importance de préserver la paix dans un moment qu’il qualifie de crucial pour l’histoire du pays.
Dans son communiqué, il a déclaré que la nation traverse une transition démocratique historique. Il a mis en garde contre ceux qui pourraient profiter du chaos pour saboter ce processus fragile. Ses mots portent une gravité particulière à moins de deux mois des premières élections législatives post-chute du régime précédent.
« Nous ne pouvons pas, et ne devons pas, permettre que cela soit saboté par ceux qui prospèrent dans le chaos et rejettent la paix. »
Muhammad Yunus, chef du gouvernement provisoire
En signe de respect, des prières spéciales ont été organisées dans les mosquées à travers le pays. La journée du samedi a été décrétée deuil national, un geste symbolique fort pour honorer la mémoire du défunt.
Une enquête internationale réclamée
La communauté internationale suit l’affaire de près. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a publiquement exigé l’ouverture d’une enquête impartiale. Il a insisté sur la nécessité d’une investigation rapide, transparente et approfondie.
Son appel vise à garantir que les responsables soient identifiés et traduits en justice. Dans un contexte où les tensions politiques restent vives, cette prise de position onusienne renforce la pression sur les autorités provisoires pour agir avec détermination.
De son côté, la police locale a déjà publié les photos de deux suspects. Une récompense substantielle – cinq millions de takas, soit environ 35 000 euros – a été offerte pour toute information menant à leur arrestation. Ces mesures montrent une volonté affichée de faire avancer l’enquête.
Des violences ciblées contre la presse
L’un des aspects les plus préoccupants de cette crise reste les attaques contre des organes de presse majeurs. À l’annonce de la mort du leader étudiant, des groupes de manifestants en colère ont pris pour cible plusieurs bâtiments abritant des rédactions importantes.
Ces édifices ont été vandalisés et certains incendiés. Des journalistes se sont retrouvés piégés à l’intérieur, inhalant de la fumée toxique. Des secours ont dû intervenir en pleine nuit pour évacuer le personnel, dans des conditions particulièrement dangereuses.
Ces attaques ont interrompu la publication de plusieurs journaux influents pour la première fois de leur histoire. Les responsables éditoriaux ont dénoncé une atteinte grave à la liberté d’expression et à la diversité des opinions.
« Une attaque contre la liberté de la presse, d’expression, de dissidence et la diversité des opinions. »
Un responsable éditorial touché par les violences
Ces médias sont souvent accusés par certains de pencher en faveur de positions pro-indiennes. Le voisin indien ayant soutenu le régime précédent, aujourd’hui renversé, cette accusation alimente des rancœurs profondes au sein d’une partie de la population.
Muhammad Yunus a personnellement condamné ces actes, qualifiant les attaques d’odieuses. Il s’est entretenu directement avec les responsables des rédactions concernées pour exprimer son soutien.
Le Comité de protection des journalistes a également réagi, exprimant son inquiétude et demandant aux autorités de garantir la sécurité des médias et de poursuivre les responsables.
Le profil du leader disparu
Sharif Osman Hadi n’était pas un simple militant. Membre actif du mouvement Inqilab Mancha, il s’était imposé comme une voix forte de la contestation étudiante de 2024. Ses prises de position tranchées, notamment ses critiques virulentes envers l’Inde, lui avaient valu une notoriété certaine.
Son engagement politique allait au-delà des manifestations. Candidat aux prochaines législatives, il incarnait pour beaucoup l’avenir d’un Bangladesh renouvelé. Grièvement blessé lundi, il avait été transféré d’urgence à Singapour pour recevoir des soins spécialisés. Malheureusement, il n’a pas survécu.
Sa mort a cristallisé les frustrations accumulées depuis des mois. Beaucoup y voient un acte destiné à intimider la nouvelle génération politique avant les élections cruciales à venir.
Chronologie des événements récents :
- Lundi : Attaque armée contre Sharif Osman Hadi
- Transfert médical urgent à Singapour
- Annonce de son décès
- Émeutes et attaques contre des bâtiments de presse
- Vendredi : Nouvelles manifestations massives
- Samedi : Deuil national décrété
Les enjeux d’une transition fragile
Le Bangladesh se trouve à un carrefour décisif. Après la fin abrupte d’un long régime autocratique, le pays tente de reconstruire ses institutions démocratiques. Les élections de février représenteront un test majeur pour cette transition.
Mais les événements actuels mettent en lumière les défis immenses. La violence politique, les divisions idéologiques, les accusations d’ingérence étrangère : tout concourt à compliquer le chemin vers la stabilité.
Le rôle du gouvernement provisoire est plus que jamais crucial. Il doit à la fois maintenir l’ordre, garantir la justice et préparer des élections crédibles. L’appel au calme de Muhammad Yunus reflète cette lourde responsabilité.
Dans le même temps, la société civile reste mobilisée. Les étudiants, en première ligne depuis 2024, continuent de porter des revendications profondes de changement. Leur détermination force le respect, mais soulève aussi la question de la gestion de cette énergie contestataire.
Vers une sortie de crise ?
À ce stade, plusieurs scénarios sont possibles. Une enquête rapide et transparente pourrait apaiser les tensions. L’arrestation des responsables de l’assassinat serait un signal fort envoyé à la population.
À l’inverse, toute perception d’impunité risquerait d’alimenter davantage la colère. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir immédiat du pays.
La communauté internationale, par la voix de l’ONU, reste attentive. Son implication pourrait jouer un rôle modérateur si la situation venait à dégénérer davantage.
En définitive, le Bangladesh traverse une épreuve qui met à l’épreuve sa résilience collective. Entre deuil, colère et espoir, la nation cherche le chemin d’une démocratie apaisée. Les regards sont tournés vers février, où le verdict des urnes pourrait sceller le sort de cette transition historique.
Ce qui se joue aujourd’hui dépasse largement le drame personnel d’un leader étudiant. C’est l’avenir même d’un pays en pleine mutation qui se dessine dans les rues de Dacca et au-delà.
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