Imaginez un député élu par des millions de voix, pourtant absent du Parlement depuis des mois, préférant les couloirs du pouvoir américain à ceux de Brasilia. C’est la réalité qui a conduit à une décision choc au Brésil, marquant un nouveau chapitre dans la saga judiciaire et politique de la famille Bolsonaro.
Un mandat révoqué pour absences répétées
La Chambre des députés brésilienne a pris une mesure ferme en déclarant la perte du mandat du député Eduardo Bolsonaro. Cette annulation fait suite à un dépassement clair du nombre d’absences autorisées depuis son installation aux États-Unis au début de l’année.
Eduardo, troisième fils de l’ancien président Jair Bolsonaro, n’a plus foulé l’hémicycle de Brasilia depuis février. Son choix de s’exiler temporairement outre-Atlantique visait à influencer les autorités américaines en faveur de son père, alors sous forte pression judiciaire.
Cette absence prolongée n’a pas passé inaperçue. Les règles parlementaires sont strictes sur ce point, et la Chambre basse a appliqué la loi sans détour, officialisant ainsi la fin de son mandat de député fédéral.
Le lobbying intense aux États-Unis
Depuis son arrivée aux USA, Eduardo Bolsonaro s’est activé pour convaincre l’administration du président Donald Trump d’intervenir. L’objectif : alléger les poursuites contre Jair Bolsonaro, accusé d’avoir orchestré une tentative de coup d’État après sa défaite électorale.
Ces efforts ont porté des fruits initiaux. Washington a réagi en imposant une surtaxe douanière de 40 % sur certains produits brésiliens, qualifiant les procédures judiciaires de « chasse aux sorcières » visant l’ex-président.
Cette mesure, entrée en vigueur début août, a impacté les échanges commerciaux, notamment sur des commodities comme le café, dont le Brésil domine le marché mondial.
Toutefois, la situation a évolué. Face à des tensions internes, comme une inflation sur certains produits aux États-Unis, la majeure partie de cette surtaxe a été levée en novembre.
Cette détente s’inscrit aussi dans un contexte de rapprochement diplomatique. Une rencontre entre Donald Trump et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, fin octobre, a contribué à apaiser les relations bilatérales.
Par ailleurs, les sanctions financières imposées par Washington contre le juge Alexandre de Moraes, en charge du dossier Bolsonaro, ont été levées la semaine dernière. Un signe supplémentaire de normalisation.
Jair Bolsonaro derrière les barreaux
Au cœur de cette affaire familiale se trouve Jair Bolsonaro lui-même. L’ancien président, qui a dirigé le Brésil de 2019 à 2022, a été condamné à 27 ans de prison en septembre pour tentative de coup d’État.
Il purge actuellement sa peine dans les installations de la Police fédérale à Brasilia, depuis le mois de novembre. Cette incarcération marque un tournant historique pour le pays, encore marqué par les événements post-électoraux.
Cependant, un espoir pointe pour le clan. Une loi adoptée mercredi par le Parlement, à une large majorité conservatrice, pourrait réduire sensiblement la durée de sa détention, la ramenant à un peu plus de deux ans.
Cette réforme législative soulève des débats passionnés, illustrant les divisions persistantes au sein de la société brésilienne.
Réactions vives dans le camp bolsonariste
L’annulation du mandat d’Eduardo n’a pas manqué de provoquer des réactions outrées. Le député Sostenes Cavalcante, proche du mouvement, a dénoncé cette décision sur les réseaux sociaux.
Il a affirmé que des millions de Brésiliens ayant voté pour Eduardo se retrouvent désormais sans représentation à la Chambre basse. Une critique qui met en lumière les tensions entre institutions et base électorale.
La famille Bolsonaro reste néanmoins bien ancrée en politique. Trois autres fils ont embrassé cette carrière, dont l’aîné Flavio, sénateur et désigné comme potentiel héritier pour porter les couleurs conservatrices en 2026.
Un autre mandat annulé le même jour
La Chambre n’a pas arrêté là ses décisions. Le mandat d’Alexandre Ramagem, ancien directeur des renseignements sous Jair Bolsonaro, a également été révoqué jeudi.
Condamné à 16 ans de prison dans la même affaire judiciaire, Ramagem se trouve lui aussi aux États-Unis. Les autorités brésiliennes ont d’ailleurs demandé son extradition pour qu’il réponde de ses actes.
Ces doubles annulations soulignent la détermination des institutions à appliquer les règles, même face à des figures influentes du précédent gouvernement.
Le paysage politique brésilien continue d’évoluer rapidement. Entre pressions internationales, réformes législatives et décisions judiciaires, la famille Bolsonaro affronte des vents contraires, mais conserve une base solide.
Cette affaire illustre les défis d’une démocratie en consolidation, où les absences prolongées et les condamnations lourdes redessinent les équilibres de pouvoir.
À suivre de près, car les prochains mois pourraient réserver d’autres rebondissements, notamment avec les préparatifs pour les élections de 2026.
Points clés de l’affaire :
- Perte de mandat pour absences excessives depuis février.
- Lobbying aux USA initialement couronné de succès partiel.
- Condamnation de Jair Bolsonaro à 27 ans, avec possible réduction.
- Rapprochement USA-Brésil et levée de sanctions.
- Réactions fortes du camp conservateur.
Le Brésil traverse une période de profondes transformations institutionnelles. Ces événements rappellent que personne n’est au-dessus des lois, tout en soulignant la résilience des mouvements politiques populaires.
Les yeux sont désormais tournés vers le Parlement et la Cour suprême pour voir comment ces décisions influenceront l’avenir du pays.
(Note : Cet article s’appuie sur des faits récents et vise à offrir une vue d’ensemble claire de la situation politique actuelle au Brésil.)
Contexte de la condamnation historique
La condamnation de Jair Bolsonaro à 27 ans de prison reste un événement majeur. Elle découle d’accusations graves liées à des tentatives de subversion de l’ordre démocratique après les élections.
Ce procès a mobilisé l’attention nationale et internationale, avec des implications sur les relations diplomatiques.
La loi récente sur la réduction de peine ouvre des perspectives, mais elle doit encore franchir des étapes pour être appliquée.









