Imaginez deux petits bouts de terre perdus au milieu de l’immense océan Pacifique, inhabités, battus par les vents et pourtant au cœur d’une vive polémique politique. Ces îles, connues sous les noms de Matthew et Hunter, font soudainement la une en raison de rumeurs selon lesquelles la France serait sur le point de renoncer à sa souveraineté. Une idée qui a rapidement enflammé les débats, mais que Paris a tenu à démentir avec force.
Un démenti clair et net du gouvernement français
Jeudi, le ministère des Affaires étrangères a réagi vigoureusement à ces allégations. Des informations circulent, prétendant que la France envisagerait de remettre en cause sa souveraineté sur ces deux territoires isolés. Ces rumeurs ont été qualifiées de fausses par les autorités.
Le communiqué officiel insiste sur un point essentiel : la souveraineté nationale n’est ni négociable, ni abandonnable. Ces îles, bien que lointaines, font partie intégrante du patrimoine français, liées à la Nouvelle-Calédonie voisine.
Ce démenti intervient après des déclarations publiques, notamment sur les réseaux sociaux, qui ont accusé le gouvernement de vouloir céder discrètement ces territoires ultramarins. Une accusation jugée infondée et potentiellement dangereuse pour l’unité nationale.
Un contentieux historique avec le Vanuatu
Pour comprendre la situation, il faut remonter à 1980, année de l’indépendance du Vanuatu. Depuis cette date, un différend persiste concernant la souveraineté sur Matthew et Hunter. Ce désaccord bloque la délimitation précise des frontières maritimes entre les deux pays.
Cette incertitude juridique crée des complications concrètes. Les activités de pêche, par exemple, se trouvent entravées. De même, les recherches scientifiques dans la zone rencontrent des obstacles administratifs et légaux.
Le cœur du problème réside dans la zone économique exclusive (ZEE). La souveraineté sur ces îles permet à la France d’étendre considérablement sa ZEE autour de la Nouvelle-Calédonie. Une surface maritime riche en ressources potentielles et stratégique pour la présence française dans le Pacifique.
Sans accord clair, ni Paris ni Port-Vila ne peuvent exploiter pleinement ces espaces. D’où l’intérêt mutuel à trouver une solution diplomatique, même si les positions restent éloignées.
Des discussions diplomatiques en cours
Les échanges entre la France et le Vanuatu ne datent pas d’hier. Déjà en juillet dernier, le président français a reçu le Premier ministre vanuatais à Paris. À cette occasion, la question des îles Matthew et Hunter a été abordée, ainsi que celle de la frontière maritime.
En octobre, le ministre des Affaires étrangères a poursuivi ces entretiens. Puis, les 20 et 21 novembre, une rencontre préliminaire s’est tenue à Port-Vila même. Ces discussions ont permis à chaque partie d’exposer son point de vue.
La délégation vanuataise a notamment souligné l’importance culturelle et coutumière de ces îlots pour les populations locales. Un aspect que la partie française a écouté avec attention, sans pour autant remettre en cause sa position juridique.
Le ministère tient à préciser qu’à aucun moment une cession de territoire ou une renonciation à la souveraineté n’a été évoquée. L’objectif reste de trouver un consensus, principalement sur la délimitation des zones économiques exclusives.
Les négociations doivent se poursuivre début 2026 à Paris. Un calendrier qui montre la volonté de progresser, tout en prenant le temps nécessaire pour un accord équilibré.
Pourquoi ces îles sont-elles si importantes ?
Matthew et Hunter sont deux îles volcaniques inhabitées, situées à plusieurs centaines de kilomètres à l’est de la Nouvelle-Calédonie. Leur superficie est minuscule, mais leur position géographique leur confère une valeur stratégique considérable.
En droit international, la souveraineté sur des îles, même petites et inhabitées, permet de revendiquer une vaste zone économique exclusive de 200 milles nautiques autour d’elles. Pour la France, cela représente des millions de kilomètres carrés supplémentaires dans le Pacifique sud.
Cette ZEE offre des droits exclusifs sur les ressources marines : pêche, fonds marins, éventuelles réserves d’hydrocarbures ou de minerais. Dans une région où la compétition géopolitique s’intensifie, maintenir cette présence est crucial.
Perdre la souveraineté sur ces îles signifierait réduire drastiquement la ZEE française dans cette partie du monde. Un affaiblissement non seulement économique, mais aussi symbolique de l’influence française dans le Pacifique.
En résumé :
- Deux îles inhabitées mais stratégiques
- Extension considérable de la ZEE française
- Ressources marines et présence géopolitique
- Enjeu majeur pour la Nouvelle-Calédonie
Ces territoires ultramarins constituent de véritables leviers de puissance. Ils participent au rayonnement international de la France et offrent des opportunités de développement économique à long terme.
Les réactions politiques en France
La rumeur d’une possible cession a rapidement été exploitée sur la scène politique intérieure. Des voix se sont élevées pour dénoncer une prétendue faiblesse du gouvernement face aux intérêts nationaux.
On a entendu des critiques virulentes accusant l’exécutif de vouloir “dépécer” les territoires d’outre-mer dans le dos des Français. Ces attaques ont contribué à propager l’idée que la souveraineté était menacée.
Pourtant, le gouvernement a tenu à rappeler que la protection et la défense de ces territoires restent une priorité absolue. Les discussions avec le Vanuatu visent uniquement à clarifier les frontières maritimes, sans toucher à la souveraineté elle-même.
Cette polémique illustre la sensibilité particulière des sujets liés à l’outre-mer en France. Chaque annonce diplomatique est scrutée, parfois amplifiée, dans le débat public national.
Perspectives pour l’avenir
Les prochaines rencontres prévues à Paris en 2026 seront décisives. Les deux parties espèrent aboutir à un accord sur la délimitation maritime, tout en respectant leurs positions respectives sur la souveraineté.
Pour le Vanuatu, ces îles revêtent une dimension culturelle importante. Pour la France, elles représentent un élément clé de sa stratégie indo-pacifique et de sa présence outre-mer.
Un compromis pourrait prendre la forme d’une gestion partagée de certaines ressources ou d’une clarification juridique sans transfert de souveraineté. Rien n’est encore tranché, mais le dialogue reste ouvert.
Ce dossier montre à quel point les questions territoriales, même sur des territoires minuscules et isolés, peuvent avoir des répercussions géopolitiques majeures. Dans un monde où les océans deviennent des enjeux stratégiques croissants, chaque kilomètre carré compte.
La France, deuxième domaine maritime mondial grâce à ses outre-mer, entend bien conserver cet atout précieux. Le démenti ferme du ministère des Affaires étrangères marque une ligne rouge claire : la souveraineté nationale ne se discute pas.
Au-delà du cas spécifique de Matthew et Hunter, cette affaire rappelle l’importance de protéger et valoriser les territoires ultramarins. Ils constituent non seulement une richesse économique potentielle, mais aussi un symbole fort de la diversité et de la grandeur française.
Les Français, où qu’ils soient, attendent que leurs dirigeants défendent avec vigueur ces territoires lointains. Le gouvernement semble avoir entendu ce message, en réaffirmant haut et fort son attachement indéfectible à la souveraineté nationale.
À suivre donc, avec attention, l’évolution de ces négociations pacifiques dans le Pacifique sud. Elles pourraient façonner durablement la carte maritime de cette région du monde.
Pour aller plus loin : Ces discussions illustrent les défis contemporains de la diplomatie maritime dans un contexte de tensions géopolitiques accrues dans l’Indo-Pacifique.
En définitive, cette polémique aura au moins eu le mérite de remettre en lumière l’importance stratégique des outre-mer français. Des territoires souvent méconnus du grand public, mais essentiels pour la place de la France dans le monde.
Le Pacifique n’est plus une marge lointaine : il est devenu un espace central des relations internationales. La France, par ses îles et archipels, y joue un rôle qu’elle entend bien conserver.
Restons vigilants, mais confiants dans la capacité de la diplomatie française à défendre ses intérêts tout en favorisant le dialogue avec ses voisins.









