Depuis plusieurs années, l’octroi de prénoms musulmans aux nouveau-nés en France ne cesse de faire débat. Et pour cause, selon le dernier baromètre exclusif publié par le site Fdesouche, près d’un bébé sur quatre (22,9%) né dans l’Hexagone en 2023 porterait un prénom musulman, soit un point de plus que l’année précédente. Un phénomène en constante augmentation qui soulève de nombreuses interrogations. Décryptage.
22,9% de prénoms musulmans en France en 2023 selon Fdesouche
Le site identitaire Fdesouche publie chaque année depuis 9 ans son propre baromètre des prénoms musulmans octroyés aux nouveau-nés en France, en s’appuyant sur les données de l’INSEE. Verdict pour 2023 : 22,9% des bébés nés dans l’Hexagone porteraient un prénom musulman, en hausse d’un point par rapport à l’année précédente. Un chiffre qui était selon le site quasi nul jusqu’en 1955, avant de croître après les indépendances.
Toujours d’après les données compilées par Fdesouche, le nombre de naissances d’enfants portant un prénom non-musulman baisserait régulièrement, tandis que celui des bébés avec un prénom musulman progresserait lentement mais sûrement. Une tendance enclenchée selon le site en 1997 et qui se poursuit depuis.
Focus sur la Seine-Saint-Denis, département le plus concerné
Sans surprise, c’est en Seine-Saint-Denis que le taux de prénoms musulmans est le plus élevé, atteignant 60% des naissances en 2023 selon les estimations de Fdesouche. Ce département francilien est suivi du Val-d’Oise (45%) et des Bouches-du-Rhône (41%). À l’inverse, les départements les moins concernés sont la Vendée (3%), le Morbihan (4%) ou encore le Finistère (4%).
La Seine-Saint-Denis est le seul département de France métropolitaine à compter plus de 50% de prénoms musulmans parmi les naissances.
Fdesouche
L’Île-de-France, la région avec le plus de prénoms musulmans
C’est sans conteste en Île-de-France que l’octroi de prénoms musulmans est le plus important, avec notamment :
- 60% en Seine-Saint-Denis
- 45% dans le Val-d’Oise
- 38% dans les Yvelines
- 36% dans l’Essonne et le Val-de-Marne
Des chiffres qui traduisent la forte présence de populations issues de l’immigration dans la région capitale. À l’opposé, les régions les moins concernées sont la Bretagne, les Pays-de-la-Loire et la Corse, seule région où le taux diminue entre 2013 et 2023 selon Fdesouche.
Comment expliquer cette évolution ?
Plusieurs facteurs peuvent permettre d’expliquer cette augmentation constante du nombre de prénoms musulmans en France :
- L’immigration en provenance de pays à majorité musulmane depuis les années 1960-1970.
- Un taux de fécondité plus élevé chez les femmes immigrées ou issues de l’immigration.
- La volonté pour certains parents de transmettre un héritage culturel et religieux à travers le choix du prénom.
- Un communautarisme qui tendrait à se renforcer dans certains territoires.
Il faut se méfier des raccourcis et se garder de tirer des conclusions hâtives. Le choix d’un prénom musulman ne préjuge en rien du degré de pratique religieuse ou d’intégration des personnes.
Cris Beauchemin, sociologue à l’INED
Si ces chiffres ne manquent pas d’alimenter les fantasmes et les peurs d’une partie de la population, il convient néanmoins de les analyser avec prudence et nuance. Le choix d’un prénom, qu’il soit musulman ou pas, relève avant tout de l’intime et de l’affectif. La hausse de ces prénoms dits musulmans est certes une réalité statistique, mais elle ne saurait résumer à elle seule la complexité du paysage démographique, culturel et cultuel français.
Une chose est sûre, le débat autour des prénoms musulmans et de ce qu’ils disent de la société française n’est pas près de s’éteindre. Et vous, que vous inspirent ces chiffres ? Un phénomène inquiétant, un non-sujet ou le reflet d’une France plurielle ? N’hésitez pas à nous donner votre avis dans les commentaires !