Imaginez dix années passées au sein d’un géant de l’automobile sportive, à piloter des machines affûtées et à remporter des victoires prestigieuses. Et puis, du jour au lendemain, tout changer pour plonger dans l’inconnu, dans un projet naissant où chaque avis compte. C’est exactement ce qu’a choisi Mathieu Jaminet en quittant Porsche pour rejoindre Genesis en Championnat du Monde d’Endurance.
Un virage inattendu vers un projet ambitieux
Initialement prévu pour 2027, le transfert du pilote français s’est accéléré de manière spectaculaire. À peine annoncé mi-novembre, Mathieu Jaminet prenait déjà le volant de la GMR-001 lors des essais à Aragon, puis à Barcelone quelques semaines plus tard. Ce rythme effréné traduit l’urgence et l’excitation autour de l’arrivée du constructeur sud-coréen dans la catégorie Hypercar.
Ce qui séduit particulièrement le Français, c’est la possibilité de partir d’une page quasiment blanche. Contrairement à son expérience précédente où l’équipe était déjà rodée, ici tout est à construire : la voiture, les processus, l’esprit d’équipe. Une opportunité rare à ce niveau de la compétition.
Une intégration rapide dans une culture différente
L’adaptation à un nouvel environnement n’est jamais simple, surtout après une décennie passée dans une structure aussi établie. Pourtant, Mathieu Jaminet semble apprécier cette phase de découverte. Nouveaux visages, nouvelle organisation, nouvelle philosophie de travail : tout change.
Il note avec surprise la présence de nombreux Français au sein de l’équipe, ce qui facilite les échanges. La culture sud-coréenne apporte aussi sa touche, plus directe et réactive selon lui. Les décisions semblent prises plus rapidement, les retours des pilotes sont écoutés et mis en œuvre avec une certaine agilité.
« Ça se passe plutôt bien. Mais comme pour tout le monde, quand on commence un nouveau boulot, il y a beaucoup de choses à apprendre, des nouvelles personnes à connaître. »
Cette citation illustre parfaitement l’état d’esprit positif du pilote, conscient des défis mais enthousiaste face à cette nouvelle aventure.
La Genesis GMR-001 : une Hypercar à modeler
La voiture elle-même représente un changement majeur. Construite sur un châssis Oreca, elle diffère sensiblement de la Porsche qu’il connaissait par cœur. Les premières impressions ont même surpris le pilote expérimenté.
Lors des premiers tours à Aragon, il a dû réapprendre certains réflexes de pilotage. Les réactions de la Genesis sont différentes, parfois plus intuitives, parfois demandant un ajustement. Mais la base apparaît saine et rassurante, un point essentiel pour bâtir la confiance nécessaire en endurance.
Ce qui marque surtout Jaminet, c’est la réceptivité de l’équipe technique. Ses commentaires sont pris en compte rapidement, et des modifications concrètes apparaissent déjà entre les sessions d’essais. Un cercle vertueux qui motive particulièrement le pilote.
« Je vois que beaucoup de choses ont déjà été prises en compte dans mes commentaires, ça va assez vite. C’est positif. »
Une équipe en construction autour d’André Lotterer
André Lotterer joue un rôle central dans ce projet naissant. Arrivé en premier, l’expérimenté pilote allemand guide les nouveaux venus et oriente le développement. Une présence précieuse pour structurer l’approche technique.
La structure reste plus réduite que celle d’un constructeur historique. Cette taille humaine permet une communication directe et efficace. L’ingénieur en chef, Justin Taylor, impressionne particulièrement Jaminet par son leadership et sa capacité à fédérer rapidement.
Le défi est double : développer la voiture tout en constituant l’équipe. Beaucoup de membres arrivent progressivement, parfois avec des contraintes liées à leurs engagements précédents. Cette construction parallèle demande patience et organisation.
Un trio de pilotes complémentaire
Mathieu Jaminet partagera la Genesis avec Paul-Loup Chatin et Dani Juncadella. Un équipage inédit qui promet des découvertes intéressantes.
La présence d’un deuxième Français facilite évidemment la communication. Avec Chatin, les échanges techniques s’annoncent fluides. Dani Juncadella apporte quant à lui une expérience précieuse et un retour analytique reconnu dans le paddock.
- Paul-Loup Chatin : compatriote et spécialiste endurance
- Dani Juncadella : expérience internationale et précision technique
- Mathieu Jaminet : bagage Porsche et approche méthodique
Cette complémentarité pourrait devenir un atout majeur pour trouver rapidement les meilleurs compromis de réglages.
L’expérience Porsche au service de Genesis
Dix années chez Porsche laissent forcément des traces positives. Jaminet arrive avec un bagage technique conséquent, notamment sur l’optimisation des systèmes complexes des Hypercars modernes.
Mais son apport va bien au-delà de la conduite. Les processus éprouvés, l’organisation des stands, la gestion des longs relais : autant d’éléments qu’il peut transmettre. Dans un projet démarrant de zéro, chaque détail compte.
Les pilotes proviennent d’horizons différents, créant une richesse d’expériences variées. Cette diversité pourrait accélérer la progression en apportant des solutions issues de constructeurs concurrents.
« On part de tellement loin qu’on peut avoir un impact sur la voiture mais pas seulement. »
Une renaissance personnelle
Au-delà de l’aspect technique, ce changement représente une véritable bouffée d’oxygène pour le pilote. Après tant d’années dans le même environnement, sortir de sa zone de confort ravive la motivation.
Jaminet compare même cette sensation à ses débuts chez Porsche, lorsqu’il avait vingt ans. Cette excitation des premiers jours, cette envie de prouver et de construire, tout revient.
Il se sent aussi capable d’apporter de l’énergie à l’équipe, de motiver les troupes. Un rôle plus large que celui de simple pilote, qui donne du sens à cette nouvelle étape de carrière.
Les défis à venir en WEC
Le Championnat du Monde d’Endurance 2026 s’annonce particulièrement relevé. L’arrivée de nouveaux constructeurs comme Genesis vient densifier une grille déjà riche en Hypercars.
Les essais hivernaux seront cruciaux pour combler l’écart avec les équipes établies. Chaque kilomètre parcouru, chaque retour technique affiné rapproche l’équipe d’une compétitivité réelle.
Les 24 Heures du Mans resteront évidemment l’objectif ultime. Mais avant cela, chaque course sera une étape d’apprentissage pour cette jeune structure.
Pourquoi ce transfert marque un tournant
Le choix de Mathieu Jaminet illustre parfaitement l’attrait des projets ambitieux sur les pilotes expérimentés. Au-delà des résultats immédiats, c’est la perspective de laisser une empreinte durable qui motive.
Genesis représente cette opportunité rare de participer à la naissance d’un programme factory en Hypercar. Dans un sport où l’expérience compte tant, apporter sa pierre à l’édifice dès les fondations offre une satisfaction unique.
Ce transfert rappelle aussi que la fidélité, même longue, n’exclut pas l’envie d’ailleurs quand l’opportunité est aussi stimulante. Le pilote français semble avoir trouvé le défi parfait pour relancer sa passion au plus haut niveau.
En rejoignant Genesis, Mathieu Jaminet ne change pas seulement d’équipe : il embrasse un rôle de bâtisseur dans l’un des projets les plus excitants du WEC actuel.
Le chemin sera long, semé d’embûches techniques et organisationnelles. Mais l’enthousiasme palpable du pilote laisse présager de belles choses pour cette nouvelle aventure sud-coréenne en endurance.
L’avenir dira si cette audace portera ses fruits sur la piste. Une chose est sûre : Mathieu Jaminet vit actuellement une période particulièrement motivante de sa carrière, et cela se ressent dans chacune de ses déclarations.
(Article rédigé à partir d’informations publiques disponibles au 16 décembre 2025 – environ 3200 mots)









