Imaginez une plage emblématique, baignée par le soleil australien, où des familles se réunissent pour célébrer une fête joyeuse pleine de lumière et d’espoir. Soudain, des coups de feu retentissent, transformant cet instant de communion en scène d’horreur absolue. C’est exactement ce qui s’est produit à Bondi Beach, à Sydney, lors d’un rassemblement pour Hanouka.
Quinze personnes ont perdu la vie dans cette attaque ciblée, des victimes âgées de 10 à 87 ans, venues simplement partager un moment de fête juive. Leurs histoires personnelles, marquées par le courage, la générosité et l’amour, nous rappellent la brutalité insensée de tels actes.
Une Attaque Meurtrière au Cœur d’une Fête Joyeuse
Le drame s’est déroulé un dimanche soir, quand un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes sur la foule réunie pour allumer les bougies de Hanouka. Sajid Akram, âgé de 50 ans, a été abattu lors d’un échange de tirs avec la police. Son fils Naveed, 24 ans, se trouve aujourd’hui dans le coma à l’hôpital.
Cette fusillade a semé la panique sur l’une des plages les plus célèbres d’Australie, touchant une communauté en pleine célébration. Les autorités n’ont pas encore révélé tous les noms, mais dix victimes ont été identifiées publiquement par leurs proches ou leurs organisations.
Ces portraits humains nous plongent au cœur de la tragédie, révélant des vies riches et des actes d’héroïsme inattendus face à la terreur.
Matilda, la Plus Jeune Victime : Seulement 10 Ans
Parmi les victimes, une petite fille de 10 ans nommée Matilda a succombé à ses blessures à l’hôpital. Son décès bouleverse particulièrement, car elle incarnait l’innocence même lors de cette fête familiale.
Sa tante, Lina Chernykh, a confié à la télévision que la sœur cadette de Matilda, âgée de seulement six ans, a été témoin direct de l’attaque. « C’était sous ses yeux, et elle a tout vu », a-t-elle déclaré, la voix brisée.
Cette enfant de 10 ans se trouvait là avec sa famille, profitant d’un moment censé être magique. Sa disparition laisse un vide immense et soulève des questions déchirantes sur la protection des plus vulnérables.
« C’était sous ses yeux, et elle a tout vu. »
Lina Chernykh, tante de Matilda
L’impact psychologique sur la petite sœur survivante est incommensurable. Toute une famille doit désormais vivre avec ce traumatisme indélébile.
Dan Elkayam : Le Jeune Français Passionné de Football
Dan Elkayam, 27 ans, était la victime française de cette tragédie. Ingénieur informatique installé en Australie, il était aussi un footballeur amateur talentueux et un grand voyageur.
Il jouait pour le club de Rockdale Ilinden à Sydney, où il était décrit comme une figure appréciée et extrêmement douée. Ses coéquipiers pleurent la perte d’un camarade passionné et chaleureux.
Ce jeune homme dynamique incarnait la vitalité de ceux qui choisissent l’aventure et le sport comme modes de vie. Sa mort loin de son pays d’origine ajoute une couche de tristesse internationale à ce drame.
Dan représentait cette génération de Français expatriés qui construisent leur vie à l’étranger, pleins d’énergie et de projets. Son club a souligné combien il était « une figure extrêmement talentueuse et appréciée de ses coéquipiers ».
Alex Kleytman : Survivant de la Shoah, 87 Ans
La victime la plus âgée était Alex Kleytman, un survivant de la Shoah âgé de 87 ans. Sa vie déjà marquée par les horreurs du passé s’est achevée dans cette nouvelle vague de violence.
Sa femme Larisa a raconté la scène : ils étaient debout quand les coups de feu ont retenti. « Tout le monde est tombé, à ce moment-là, il était derrière moi et il a rampé parce qu’il voulait rester près de moi. »
Cette image d’un vieil homme rampant pour protéger ou rejoindre sa compagne de vie est particulièrement poignante. Après avoir survécu à l’impensable autrefois, il n’a pas échappé à la haine contemporaine.
« On était debout et on a entendu ‘boom boom’ et tout le monde est tombé… »
Larisa Kleytman
L’ironie tragique veut que ce survivant de la Shoah perde la vie lors d’une célébration juive en Australie, un pays censé offrir sécurité et paix.
Marika Pogany : Une Autre Survivante de la Shoah
Marika Pogany, 82 ans, était elle aussi une survivante de la Shoah. Installée en Australie depuis des décennies, elle siégeait au premier rang lors du rassemblement.
Le mouvement Chabad, qui organisait l’événement, a rendu hommage à cette femme extraordinaire. En 2022, elle avait été honorée pour ses années de livraison de repas casher à domicile.
Ses amis la décrivaient comme une personne généreuse et dévouée. Sa présence au premier rang symbolisait son engagement indéfectible envers sa communauté.
Deux survivants de la Shoah parmi les victimes : ce détail souligne la dimension antisémite particulièrement cruelle de l’attaque.
Reuven Morrison : L’Homme qui a Tenté de Distraire les Assaillants
Reuven Morrison, 62 ans, homme d’affaires originaire de l’ancienne Union Soviétique et installé en Australie depuis les années 1970, a fait preuve d’un courage exceptionnel.
Selon sa fille Sheina Gutnick, il a bondi dès le début de la fusillade et a jeté des briques sur les terroristes pour les distraire.
Cet acte héroïque a probablement sauvé des vies, au prix de la sienne. Il incarne ces moments où des individus ordinaires deviennent des héros face au danger.
« Il a bondi dès que la fusillade a commencé. Il a réussi à jeter des briques sur le terroriste. »
Sheina Gutnick, fille de Reuven
Son geste spontané révèle une bravoure instinctive, forgée peut-être par son passé dans un régime oppressif.
Tibor Weitzen : Le Grand-Père Protecteur
Tibor Weitzen, 78 ans, assistait à l’événement avec sa femme et ses petits-enfants quand l’attaque a commencé. Il a perdu la vie en protégeant une amie de longue date.
Son petit-fils Mendy Amzalak, accouru avec un défibrillateur alors que les tirs continuaient, a découvert le corps de son grand-père. « Il avait protégé une amie de longue date de sa femme. »
Cet instinct protecteur envers une amie montre la profondeur des liens communautaires. Tibor laisse derrière lui une famille traumatisée par cette découverte brutale.
La présence de ses petits-enfants sur place ajoute à l’horreur : une fête familiale transformée en cauchemar intergénérationnel.
Peter Meagher : L’Ancien Policier Photographe
Peter Meagher, policier à la retraite, couvrait l’événement en freelance pour sa passion de la photographie. Membre d’un club de rugby local, il était apprécié pour sa gentillesse.
Son club, Randwick Rugby, a souligné l’ironie tragique : après avoir servi sur la ligne de front comme officier, il a été tué en retraite, pratiquant ce qu’il aimait.
Sa famille a déclaré : « C’était un frère, un mari et un oncle très aimé, dont la gentillesse, la générosité et l’amour ont touché tous ceux qui l’ont connu. »
Cette perte illustre comment le danger peut frapper même ceux qui ont déjà risqué leur vie pour protéger les autres.
Yaakov Levitan : Le Rabbin au Service des Autres
Yaakov Levitan, 39 ans, était un rabbin père de quatre enfants. Reconnu pour son travail altruiste, il avait fondé une initiative aidant les associations caritatives.
Le mouvement Chabad le décrivait comme un homme « connu pour sa gentillesse et son travail assidu au service des autres ».
À un âge où beaucoup construisent leur famille et leur carrière, sa disparition laisse quatre orphelins et une communauté orpheline de son dévouement.
Eli Schlanger : Le « Rabbin de Bondi »
Eli Schlanger, 41 ans, était surnommé le « Rabbin de Bondi ». Leader respecté, il avait contribué à organiser l’événement même où il a trouvé la mort.
Alex Ryvchin, du Conseil exécutif des Juifs australiens, a déclaré : « Quiconque le connaissait savait qu’il était le meilleur d’entre nous. »
Sa présence active dans la communauté locale faisait de lui un pilier indispensable. Perdre un tel guide spirituel amplifie le choc pour les fidèles.
Edith Brutman : Militante Contre la Discrimination
Edith Brutman était une militante passionnée contre les préjugés et la discrimination au sein de l’organisation B’nai B’rith NSW.
Un collègue, Ernie Friedlander, a témoigné : « C’était une femme très intelligente, et elle était très, très passionnée par la lutte contre les préjugés et la discrimination. »
L’ironie veut qu’une femme dévouée à combattre la haine devienne victime d’un acte motivé par celle-ci. Son engagement prend désormais une dimension posthume encore plus forte.
Ce drame soulève inévitablement des questions sur la montée de l’antisémitisme et la sécurité des communautés minoritaires, même dans des pays réputés paisibles comme l’Australie.
Chaque victime avait une histoire unique, des liens profonds, des contributions à la société. Ensemble, elles forment un mosaic humain qui rend cette tragédie encore plus insupportable.
De l’enfant de 10 ans à l’octogénaire survivant de la Shoah, en passant par les rabbins, le sportif français, l’ancien policier ou les héros du quotidien, ces quinze vies fauchées nous rappellent la fragilité de l’existence face à la haine.
La communauté juive de Sydney, déjà éprouvée, doit maintenant panser ses plaies tout en honorant la mémoire de ces disparus. Leurs actes de courage – distraire les assaillants, protéger un proche – resteront gravés comme des lueurs d’humanité dans l’obscurité.
Ce n’est pas seulement une attaque contre des individus, mais contre les valeurs de tolérance et de convivialité que représentait cette célébration de Hanouka sur une plage ouverte à tous.
Alors que l’enquête se poursuit et que Naveed Akram reste dans le coma, la société australienne tout entière est appelée à réfléchir sur les moyens de prévenir de telles horreurs à l’avenir.
Les témoignages des proches, empreints de douleur mais aussi de fierté, nous invitent à ne jamais oublier ces noms et ces visages. Ils étaient des parents, des amis, des mentors, des héros anonymes.
En cette période de fêtes, leur absence se fait durement sentir, transformant les lumières de Hanouka en symboles de résilience face à l’adversité.
Matilda, Dan, Alex, Marika, Reuven, Tibor, Peter, Yaakov, Eli, Edith… et les cinq autres dont les noms restent encore confidentiels. Quinze âmes qui méritent que l’on se souvienne d’elles non comme victimes, mais comme des êtres humains exceptionnels.
Cette tragédie nous interpelle tous : comment protéger la diversité et la joie collective dans un monde où la haine peut frapper n’importe où, n’importe quand ?
Les histoires de ces victimes continuent de nous toucher profondément, rappelant que derrière chaque statistique se cache une vie pleine de sens et d’amour.









