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Djibouti : Un Ex-Conseiller Défie le Président pour 2026

Un ancien proche du président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh claque la porte et annonce sa candidature à la présidentielle d'avril 2026. Alexis Mohamed dénonce une dérive autoritaire et une présidence à vie. Pourra-t-il vraiment mener campagne dans un pays où l'opposition est muselée ?

Imaginez un proche collaborateur qui, pendant dix ans, défend publiquement les choix d’un président tout-puissant, avant de rompre spectaculairement avec lui. C’est exactement ce qui vient de se produire à Djibouti, petit pays stratégique de la Corne de l’Afrique. Alexis Mohamed, ancien conseiller d’Ismaïl Omar Guelleh, vient d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle prévue en avril 2026.

Un défi inattendu au cœur d’un régime solide

Ce pays, indépendant depuis 1977, est dirigé depuis 1999 par Ismaïl Omar Guelleh, souvent appelé IOG. À 77 ans, il brigue un sixième mandat après une modification constitutionnelle qui a supprimé la limite d’âge pour les candidats. Une réforme qui, pour beaucoup, ouvre la voie à une présidence à vie.

Alexis Mohamed, 58 ans, a occupé pendant une décennie un poste clé auprès du chef de l’État. Il intervenait régulièrement dans les médias internationaux pour expliquer et justifier la politique du gouvernement. Sa démission, en septembre dernier, avait déjà fait l’effet d’une bombe. Il dénonçait alors un recul démocratique et une gestion clientéliste de l’État.

Aujourd’hui, il franchit un pas supplémentaire en se portant candidat.

Les mots forts d’Alexis Mohamed

Dans son communiqué, l’ancien conseiller déclare vouloir mener sa campagne depuis Djibouti même, dans la paix et le respect des règles républicaines. Mais il pose une condition claire : que les garanties indispensables à un scrutin libre et équitable soient réunies.

« J’annonce officiellement ma candidature à la présidence de la République de Djibouti. »

Alexis Mohamed

Actuellement à l’étranger, il demande également que la sécurité de tous les candidats soit garantie. Un message qui traduit une réelle préoccupation dans un contexte où les voix dissidentes sont souvent réprimées.

Un contexte électoral très déséquilibré

La dernière élection présidentielle, en avril 2021, avait vu Ismaïl Omar Guelleh réélu avec plus de 97 % des voix. L’opposition avait alors choisi de boycotter le scrutin, estimant qu’il n’offrait aucune chance réelle de compétition.

Cette fois, la candidature d’Alexis Mohamed pourrait changer la donne, même marginalement. Ancien insider du régime, il connaît parfaitement les rouages du pouvoir. Sa légitimité repose en partie sur cette proximité passée, qui lui permet de critiquer de l’intérieur.

Il dénonce particulièrement la suppression de la limite d’âge, qu’il qualifie de porte ouverte à une présidence à vie. Un argument qui résonne auprès de ceux qui aspirent à un renouvellement politique.

Djibouti, petit pays à l’importance géante

Avec environ un million d’habitants, Djibouti est l’un des États les moins peuplés d’Afrique. Pourtant, sa position géographique en fait un acteur incontournable sur la scène internationale.

Situé face au Yémen, il contrôle l’accès au détroit de Bab-el-Mandeb, passage stratégique entre la mer Rouge et le golfe d’Aden. Une grande partie du commerce mondial entre Asie et Occident transite par ces eaux.

Cette situation explique la présence de plusieurs bases militaires étrangères : américaine, française, chinoise, japonaise. Djibouti est ainsi un point d’ancrage rare de stabilité dans une région tourmentée.

À retenir : Malgré sa petite taille, Djibouti joue un rôle disproportionné dans la géopolitique mondiale grâce à sa position sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées de la planète.

Un paysage médiatique et politique verrouillé

Les organisations de défense des droits humains pointent régulièrement du doigt la répression des voix dissidentes. En 2025, Djibouti occupe la 168e place sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

L’ONG décrit un paysage médiatique complètement verrouillé. Les journalistes indépendants et les opposants politiques font face à des pressions constantes.

Dans ce contexte, la candidature d’Alexis Mohamed apparaît comme un acte de courage. Restera-t-il à l’étranger jusqu’à l’élection ou rentrera-t-il pour mener campagne sur place ? La réponse dépendra largement des garanties de sécurité qui lui seront offertes.

Vers une campagne sous haute tension ?

La présidentielle d’avril 2026 s’annonce déjà comme un moment clé pour l’avenir politique du pays. D’un côté, un président en place depuis plus de vingt-cinq ans, bénéficiant d’un contrôle solide sur les institutions.

De l’autre, un ancien fidèle qui choisit de rompre et de défier le système de l’intérieur. Même si les chances d’une alternance paraissent minces, cette candidature pourrait ouvrir une brèche.

Elle met en lumière les aspirations à plus de démocratie dans un pays où le pouvoir est concentré entre très peu de mains depuis des décennies.

Les enjeux au-delà de la personne

Au-delà des individus, cette élection pose la question du renouvellement générationnel et institutionnel. La suppression de la limite d’âge a cristallisé les critiques sur une possible dérive dynastique ou perpétuelle.

Les Djiboutiens, comme beaucoup de citoyens africains, aspirent à des scrutins plus compétitifs et transparents. La présence d’un candidat issu des cercles du pouvoir pourrait encourager d’autres voix à s’exprprimer.

Même si le chemin reste semé d’embûches, l’annonce d’Alexis Mohamed marque une étape. Elle rappelle que le changement peut parfois venir de l’intérieur même des systèmes les plus fermés.

En résumé
Une candidature symbolique qui pourrait fissurer l’apparente invincibilité du régime.
Un ancien conseiller devenu opposant, prêt à défier son mentor.
Un pays stratégique où la politique intérieure attire tous les regards internationaux.

Les prochains mois diront si cette candidature restera symbolique ou si elle parviendra à mobiliser une partie de l’électorat. Une chose est sûre : à Djibouti, l’année 2026 s’annonce riche en rebondissements politiques.

Le petit pays de la Corne de l’Afrique, habitué à une stabilité politique de surface, pourrait connaître une campagne plus animée que prévu. Reste à savoir si les conditions d’un débat démocratique seront réellement réunies.

L’histoire politique de Djibouti est en train de s’écrire sous nos yeux. Et cette fois, un ancien proche du pouvoir en tient la plume.

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