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Obligé de patienter, Gabriel Attal prépare l’après Matignon

Obligé de jouer les premiers ministres par intérim, Gabriel Attal met à profit ce temps à Matignon pour préparer minutieusement son avenir politique. Entre manœuvres de couloir et alliances secrètes, découvrez les ambitions de l'étoile montante de la Macronie pour l'après...

En ce mardi symbolique marquant ses six mois à Matignon, Gabriel Attal vit une drôle de situation. Depuis la veille, il n’est officiellement plus que le premier ministre “démissionnaire”, suite aux résultats décevants de son camp aux élections législatives anticipées. Pourtant, dans les faits, Emmanuel Macron lui a demandé d’assurer l’intérim à la tête du gouvernement, le temps de dégager une nouvelle majorité à l’Assemblée. Une situation inconfortable, entre strapontins et plan de carrière à peaufiner.

Un premier ministre sur un siège éjectable

Nommé à Matignon il y a tout juste six mois pour succéder à Elisabeth Borne, Gabriel Attal savait que son bail rue de Varenne serait de courte durée. Mais il ne s’attendait sans doute pas à une dissolution aussi rapide de l’Assemblée, déclenchée par Emmanuel Macron après l’échec de sa réforme des retraites. Résultat : le jeune premier ministre se retrouve déjà sur le départ, contraint de présenter sa démission comme le veut la tradition républicaine.

J’assumerai bien évidemment mes fonctions. Aussi longtemps que le devoir l’exigera.

Gabriel Attal, dimanche soir

Car si le locataire de Matignon a bien remis sa lettre de démission lundi, Emmanuel Macron lui a dans la foulée demandé de rester en poste “pour le moment”. Histoire d’assurer la “stabilité du pays” en attendant qu’une nouvelle coalition se dessine dans l’hémicycle. Un interlude dont Gabriel Attal compte bien profiter pour préparer son avenir politique.

Des ambitions politiques intactes

Car le jeune trentenaire, étoile montante de la Macronie, n’entend pas quitter le devant de la scène. Déjà ministre délégué puis porte-parole du gouvernement sous le premier quinquennat Macron, cet habitué des plateaux télé a des ambitions politiques qu’un simple passage éclair à Matignon ne saurait freiner. Selon ses proches, Gabriel Attal entend bien peser dans les négociations en cours entre l’Élysée et les différents groupes politiques, en vue de dégager une nouvelle majorité.

Le premier ministre démissionnaire multiplie ainsi les entretiens et les conciliabules avec les ténors de la Macronie. Objectif : préparer l’après et se positionner dans la future équipe gouvernementale. Quitte à se livrer à une féroce bataille d’influence en coulisses, notamment avec son rival Gérald Darmanin, lui aussi pressenti pour de hautes fonctions.

Attal-Darmanin, duel au sommet

Entre les deux quadras de la Macronie, la lutte d’influence fait déjà rage en coulisses. Si la hache de guerre avait été temporairement enterrée ces derniers mois, la perspective d’un remaniement ministériel imminent a ravivé les vieilles rivalités. Gabriel Attal et Gérald Darmanin lorgnent en effet tous deux les plus hautes marches du pouvoir, avec en ligne de mire Matignon voire l’Élysée.

Pour l’heure, Gabriel Attal semble tenir la corde grâce à son poste de premier ministre. Un statut précieux qui lui permet de tisser son réseau et de distribuer les bons points en vue de l’après. Mais Gérald Darmanin n’a pas dit son dernier mot. Le locataire de la place Beauvau, qui avait dû ronger son frein lorsque Attal lui avait soufflé Matignon sous le nez en janvier, est bien décidé à prendre sa revanche. Selon certaines indiscrétions, il aurait même l’oreille du président pour le prochain remaniement.

Préparer l’après Macron

Au delà de la lutte Attal-Darmanin, c’est la question de la succession d’Emmanuel Macron à plus long terme qui agite la Macronie. Alors que le chef de l’État entame son deuxième et dernier mandat, nombreux sont les prétendants à vouloir incarner l’avenir du camp présidentiel. Gabriel Attal entend bien en être, lui qui rêve d’être le poulain du président pour la présidentielle de 2027.

D’où l’importance pour le jeune premier ministre démissionnaire de réussir sa sortie et son retour dans le prochain gouvernement. En politique, même les périodes de transition comptent. Gabriel Attal l’a bien compris, lui qui met à profit chaque instant à Matignon, entre deux cartons de déménagement, pour consolider son avenir. Véritable animal politique, il sait que l’essentiel se joue souvent en coulisses, loin de la lumière des projecteurs. Et c’est ce à quoi il s’emploie avec méthode depuis sa démission, tout en expédiant les affaires courantes.

Réussir son intérim pour mieux rebondir ensuite : tel est le plan de bataille de Gabriel Attal, déterminé à ne pas se laisser abattre par sa démission contrainte. Une façon de faire de la politique autrement et de préparer activement la suite, à l’image d’un joueur d’échecs qui anticipe ses coups. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits et si l’étoile montante parviendra, demain, à transformer l’essai. Réponse lors du prochain remaniement, qui s’annonce d’ores et déjà agité en coulisses.

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