Les élections législatives anticipées ont accouché d’une surprise de taille dimanche soir : la victoire du Nouveau Front populaire. Cette union des gauches, contre toute attente, arrive en tête avec environ 190 députés. Mais sans majorité absolue, loin des 289 sièges nécessaires pour gouverner sereinement. Un résultat qui ouvre une période d’incertitude inédite.
Le NFP rêve de cohabiter malgré une majorité relative
Revigorée par ce succès, la gauche unie veut croire qu’elle peut s’imposer à Emmanuel Macron et s’emparer de Matignon. Olivier Faure, numéro un du PS, s’est dit « prêt à gouverner » dès lundi matin. Pourtant, avec seulement une majorité relative, un gouvernement de gauche serait à la merci de n’importe quelle motion de censure des autres groupes.
Personne ne peut dire qu’il a remporté ces élections
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur
L’hypothèse d’un gouvernement minoritaire
Dans ce rapport de force compliqué, la gauche n’exclut pas de tenter sa chance avec un gouvernement minoritaire, au risque de paralyser le pays. Le Nouveau Front populaire mise pour cela sur sa légitimité d’être arrivé en tête et espère rallier au cas par cas des voix venues d’autres bancs pour faire adopter ses textes.
Vers une grande coalition ?
Une autre option serait de former une grande coalition, à l’allemande, en s’alliant avec la majorité présidentielle sortante. Mais cela supposerait des compromis douloureux de part et d’autre. Les macronistes refusent pour l’instant cette hypothèse, préférant renvoyer la gauche à ses responsabilités.
Macron temporise, l’opposition s’agite
Face à ces incertitudes, Emmanuel Macron garde pour l’instant le silence. Retranché à l’Élysée, il consulte et réfléchit à la meilleure stratégie pour préserver son pouvoir. Pendant ce temps, les oppositions fourbissent leurs armes. À droite, Les Républicains, affaiblis, tentent un rapprochement avec la majorité présidentielle. À l’extrême droite, le RN dénonce une « alliance de l’ombre » entre Macron et Mélenchon.
Un casse-tête institutionnel en perspective
Ce résultat sans vainqueur clair promet en tout cas d’intenses tractations dans les prochains jours. Pour sortir de l’impasse, des élections anticipées pourraient même être re-convoquées. À moins qu’un gouvernement d’union nationale n’émerge in extremis pour gérer les affaires courantes, le temps de trouver une issue politique à ce casse-tête.
Une chose est sûre : la France entre dans une zone de turbulences politiques comme elle n’en a plus connue depuis 20 ans et la dernière cohabitation. La gauche rêve de rejouer le scénario de 1997. Mais rien ne dit que l’histoire se répétera. Le bras de fer ne fait que commencer entre un président affaibli et des oppositions requinquées mais divisées. Bienvenue en terre inconnue…