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Anne Hidalgo Recalée à l’ONU : La Fin d’un Rêve International

Anne Hidalgo rêvait de diriger le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU après avoir quitté la mairie de Paris. Son candidature vient d’être rejetée au profit de l’ancien président irakien Barham Salih. Pourquoi cet échec cuisant ? Les vraies raisons que personne n’ose dire…

Imaginez la scène : une femme politique française, habituée aux projecteurs parisiens, se voit offrir une porte de sortie dorée sur la scène internationale après un mandat municipal controversé. Le poste ? Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, rien de moins. Et puis, brutalement, le rêve s’effondre. C’est exactement ce qui vient d’arriver à Anne Hidalgo.

Un échec qui ne surprend presque personne

Le 12 décembre 2025, l’ONU a officiellement annoncé la nomination de Barham Salih, ancien président de l’Irak et figure respectée du Kurdistan irakien, à la tête du HCR. Une décision qui enterre définitivement les ambitions d’Anne Hidalgo. Car oui, la maire sortante de Paris avait bel et bien posé sa candidature, poussée par certains cercles socialistes et par l’Élysée qui cherchait une reconversion honorable pour celle qui ne se représentera pas en 2026.

Le coup est rude. Très rude. Passer de l’Hôtel de Ville à Genève, c’était l’occasion rêvée de tourner la page des trottinettes, des rats, des pistes cyclables contestées et d’un bilan sécuritaire désastreux. Raté.

Pourquoi l’ONU a dit non à Hidalgo

Plusieurs éléments ont joué contre elle, et ils sont loin d’être anodins.

D’abord, le contexte géopolitique. Le HCR gère actuellement plus de 120 millions de personnes déplacées dans le monde, un record historique. Les crises en Ukraine, au Soudan, en Syrie, au Myanmar ou encore au Venezuela exigent une personnalité capable de parler à tous les camps, y compris aux pays du Sud global qui pèsent de plus en plus lourd à l’ONU. Barham Salih, kurde modéré, arabophone, anglophone, ayant dirigé l’Irak dans une période post-Daech particulièrement sensible, cochait toutes les cases de la crédibilité régionale.

Ensuite, la question de l’expérience internationale. Anne Hidalgo, malgré ses déplacements et ses discours à l’étranger, reste perçue comme une gestionnaire locale. Son passage à la tête de C40 Cities ou ses prises de position parfois très idéologiques sur le climat n’ont jamais compensé l’absence d’expérience concrète dans la diplomatie onusienne ou la gestion de crises humanitaires majeures.

Enfin, et c’est peut-être le point le plus gênant, son bilan parisien a largement franchi les frontières. Les images de camps de migrants porte de la Chapelle en 2016, les expulsions ratées, les déclarations parfois contradictoires sur l’accueil ont été largement relayées à l’étranger. Certains diplomates africains ou moyen-orientaux n’ont pas oublié ses positions très tranchées sur l’immigration, jugées trop partisanes pour un poste censé être au-dessus de tout soupçon politique.

Barham Salih, l’anti-Hidalgo parfait

À l’opposé, l’ancien président irakien (2018-2022) présente un parcours presque trop parfait pour le poste.

Ingénieur de formation, exilé sous Saddam Hussein, il a dirigé le gouvernement du Kurdistan régional puis devenu vice-Premier ministre irakien avant d’accéder à la présidence. Il parle arabe, kurde, anglais couramment. Il a négocié avec Téhéran, Ankara, Washington et Riyad. Il connaît les camps de réfugiés sur le bout des doigts : le Kurdistan irakien en a accueilli des centaines de milliers après l’offensive de Daech en 2014.

« Barham Salih est exactement le profil dont le HCR a besoin aujourd’hui : un homme du Sud, respecté des pays arabes et musulman, capable de parler aux talibans comme aux Européens », confiait récemment un diplomate africain à Genève.

En clair, le choix de Salih n’est pas seulement technique. C’est un signal politique fort : l’ONU veut redonner la parole aux nations du Sud dans la gestion des crises migratoires, alors que l’Europe et les États-Unis sont de plus en plus critiqués pour leur manque de solidarité.

Un camouflet pour la diplomatie française

Paris avait pourtant mis tout son poids dans la balance. Des appels discrets d’Emmanuel Macron à António Guterres, des soutiens de plusieurs capitales africaines francophones acquis grâce à la promesse de financements supplémentaires pour le HCR. Rien n’y a fait.

Le poste de Haut-Commissaire est traditionnellement attribué après un processus opaque mêlant tractations secrètes et équilibres géographiques. Filippo Grandi, l’actuel titulaire (italien), termine son mandat en 2025. Depuis des mois, les couloirs de Genève bruissaient du nom d’Hidalgo. Certains y voyaient même une opération gagnant-gagnant : débarrasser Paris d’une maire impopulaire tout en plaçant une Française à un poste prestigieux.

Mais l’ONU n’est plus ce qu’elle était en 2005 quand Bernard Kouchner prenait la tête d’un programme alimentaire mondial. Les pays émergents et les nations du Sud refusent désormais qu’on leur impose des candidats occidentaux, surtout quand ceux-ci traînent un bilan controversé.

Et maintenant ? Les scénarios pour Anne Hidalgo

À quelques mois de la fin de son mandat, les options se réduisent comme peau de chagrin.

  • Rester dans le paysage politique français ? Peu probable. Le PS est exsangue, et sa candidature présidentielle de 2022 (1,7 %) reste dans toutes les mémoires.
  • Prendre la tête d’une grande fondation ou ONG ? Possible, mais les portes risquent de se fermer après cet échec public.
  • Se retirer dans le privé ou écrire ses mémoires ? C’est l’hypothèse qui gagne du terrain dans son entourage.

Certains proches parlent déjà d’un retour en Espagne, dont elle est originaire, ou d’un rôle dans une institution européenne moins exposée. Mais pour l’instant, le silence radio est total du côté de l’Hôtel de Ville.

Ce que cet échec dit de la France et de l’ONU en 2025

Au-delà du cas personnel d’Anne Hidalgo, c’est toute la difficulté française à peser dans les instances internationales qui se trouve exposée. La France a perdu coup sur coup le poste de directeur général de l’OMC (Ngozi Okonjo-Iweala nommée en 2021), celui de la FAO, et maintenant le HCR. Même l’UNESCO, dirigée par Audrey Azoulay, fait figure d’exception de plus en plus isolée.

Le monde a changé. Les vieilles puissances coloniales ou occidentales ne dictent plus seules les nominations. Et quand elles tentent de placer des personnalités clivantes, même sous couvert de « compétence », le retour de bâton est immédiat.

En résumé : Anne Hidalgo ne sera pas la prochaine Haut-Commissaire aux réfugiés. Barham Salih, avec son expérience, sa légitimité régionale et son profil consensuel, a été préféré à la maire de Paris. Un échec qui clôt probablement sa carrière au plus haut niveau et qui illustre le déclin de l’influence française dans les grandes institutions internationales.

L’histoire est cruelle, mais elle est claire : à l’ONU comme ailleurs, le temps des parachutages politiques à l’ancienne est révolu. Et pour Anne Hidalgo, la porte de sortie internationale vient de se refermer brutalement.

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