Le téléphone a sonné un matin d’automne et tout a basculé. Yohan Rossel venait de raccrocher avec les dirigeants italiens : Lancia voulait le Français comme fer de lance de son grand retour en Championnat du monde des rallyes. Quelques heures plus tard, Nikolay Gryazin recevait la même proposition. Deux pilotes, deux styles, une seule ambition : ramener la marque aux onze titres mondiaux sur le devant de la scène en WRC2 dès 2026.
Lancia, la belle endormie se réveille enfin
Il aura fallu attendre presque trente-cinq ans. Depuis le retrait brutal à la fin de la saison 1992, après la mort de Henri Toivonen et la pression croissante sur la sécurité, Lancia brillait par son absence en haut niveau. La Delta Integrale et la Stratos restaient des icônes, mais seulement dans les musées et les rallyes historiques.
2026 marque donc un tournant historique. La nouvelle Ypsilon Rally2 HF – hommage direct aux monstres sacrés des années 70-80 – fera ses grands débuts au Rallye Monte-Carlo, là où tant de légendes italiennes ont forgé leur réputation.
Yohan Rossel, l’homme qui n’a plus rien à prouver… sauf tout
À 30 ans, le Gardois arrive à maturité. Vice-champion WRC2 2025 derrière un Oliver Solberg intouchable et promu chez Toyota en Rally1, Rossel possède désormais l’expérience et la vitesse brute pour viser le graal.
Ses statistiques parlent d’elles-mêmes : champion de France asphalte, vainqueur du WRC3 en 2021, plusieurs victoires en WRC2 ces dernières saisons. Avec Arnaud Dunand à ses côtés depuis des années, l’équipage français forme une machine bien rodée.
« Quand on entend Miki Biasion comparer Lancia à Ferrari, on comprend immédiatement le poids de cette marque. Je suis fier et hyper motivé, comme à mes tout débuts », a confié Rossel.
Cette phrase résume tout : pour lui, rejoindre Lancia n’est pas seulement changer de voiture, c’est entrer dans l’histoire.
Nikolay Gryazin, le joker russe qui fait peur à tout le monde
De l’autre côté du garage, le Bulgare (licence russe) Gryazin représente l’inconnue fascinante. Capable du meilleur comme du pire, il a déjà prouvé qu’il pouvait battre n’importe qui sur n’importe quel terrain.
Avec Konstantin Aleksandrov comme copilote, il forme un duo explosif. On se souvient encore de ses performances folles au Monte-Carlo ou en Sardaigne, où il a souvent joué les premiers rôles avant parfois de tout perdre sur une erreur.
Sans Solberg dans les pattes en 2026, Gryazin pourrait bien se révéler être le véritable trouble-fête que tout le paddock redoute.
La Ypsilon Rally2 HF : une inconnue très attendue
Basée sur la nouvelle Ypsilon de série, la version rallye a été entièrement développée en Italie avec le soutien technique de Stellantis Motorsport. Moteur 1.6 turbo autour de 290 chevaux, boîte séquentielle Sadev, suspensions Reiger… Sur le papier, tout y est.
Mais le rallye n’est pas une science exacte. Skoda, Citroën et Hyundai dominent la catégorie depuis des années avec des autos ultra-abouties. Lancia devra prouver immédiatement qu’elle peut rivaliser, surtout sur asphalte où la marque a toujours excellé historiquement.
Les premiers essais ont déjà eu lieu en secret dans le nord de l’Italie et les retours sont excellents. Reste à confirmer en conditions réelles dès janvier.
Un championnat WRC2 2026 qui s’annonce incandescent
Avec le départ de Solberg vers le Rally1, la voie semble dégagée. Mais attention : Sami Pajari, Georg Linnamäe, Erik Cais, ou encore les pilotes officiels Citroën et Hyundai restent des clients très sérieux.
Ajoutez à cela les jeunes loups comme Robert Virves ou William Creighton, et vous obtenez probablement l’une des saisons WRC2 les plus ouvertes et disputées de ces dix dernières années.
Dans ce contexte, avoir deux pilotes aussi rapides et expérimentés que Rossel et Gryazin peut faire la différence. Surtout si l’Ypsilon Rally2 se montre à la hauteur dès le Monte-Carlo.
Pourquoi ce retour tombe au meilleur moment
Lancia n’arrive pas par hasard. La catégorie Rally2 connaît un succès jamais vu : plus de 40 voitures au départ de certains rallyes, des budgets conséquents, une visibilité énorme grâce aux retransmissions en direct.
Pour une marque en pleine renaissance commerciale avec la nouvelle Ypsilon électrique et thermique, le timing est parfait. Le rallye reste l’un des derniers laboratoires grandeur nature pour les constructeurs.
Et puis, il y a cette aura. Quand vous dites « Lancia » à un passionné, il pense immédiatement Stratos, 037, Delta. Le retour en compétition permet de reconnecter la marque à son ADN sportif, exactement comme Alpine ou Toyota l’ont fait avant elle.
Et après 2026 ? Les rêves sont permis
Officiellement, Lancia annonce un programme WRC2 pour plusieurs saisons. Mais dans les couloirs, on murmure déjà. Si les résultats sont là et que le groupe Stellantis veut frapper un grand coup, un retour en catégorie reine (Rally1) d’ici 2028-2029 n’est pas totalement exclu.
Imaginez une Lancia en Rally1 hybride, aux côtés de Toyota, Hyundai et Ford. Le paddock tremblerait rien qu’à l’idée.
En attendant, 2026 sera l’année du retour. L’année où une marque mythique va réapprendre à gagner. Et où deux pilotes, Rossel et Gryazin, ont l’occasion unique de marquer l’histoire.
Le compte à rebours est lancé. Rendez-vous fin janvier dans les Alpes pour le premier chapitre d’une nouvelle saga qui s’annonce déjà passionnante.
Résumé express :
• Lancia de retour officiel en WRC2 dès 2026
• Yohan Rossel et Nikolay Gryazin pilotes usine
• Première apparition au Rallye Monte-Carlo
• Objectif affiché : le titre mondial WRC2
• Possible tremplin vers un futur programme Rally1
Le rallye mondial n’a pas fini de nous faire rêver. Et cette fois, c’est une légende italienne qui revient sur le devant de la scène. On a hâte.
