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Maximus, le Chat qui Révolutionne la Politique Belge

Un simple chat gris adopté cet été vient de dépasser son maître en popularité sur Instagram. Derrière les photos mignonnes, une stratégie de communication brillante qui désarme l’opposition… jusqu’à quand ?

Imaginez un instant que votre animal de compagnie devienne plus populaire que vous sur les réseaux sociaux. C’est exactement ce qui arrive au Premier ministre belge Bart De Wever depuis quelques mois. Son chat gris, baptisé Maximus, est devenu une véritable star d’Instagram et transforme peu à peu la communication politique du gouvernement.

Maximus, le nouveau roi des réseaux belges

Adopté à l’été 2025, Maximus n’a pas tardé à prendre ses marques dans la résidence officielle du Premier ministre. Très vite, un compte Instagram dédié apparaît. Les publications sont simples : le félin reçoit des caresses, joue avec une ficelle ou dort paisiblement sur un canapé bleu. Rien de révolutionnaire, direz-vous. Pourtant, le succès est immédiat.

Le compte, géré en partie par l’assistante personnelle du Premier ministre et alimenté directement par Bart De Wever lui-même, atteint rapidement des dizaines de milliers d’abonnés. Aujourd’hui, Maximus talonne sérieusement son maître en termes de popularité numérique.

Un chat très (trop) politique

Contrairement à son homologue britannique Larry, qui reste résolument apolitique malgré ses six Premiers ministres successifs, Maximus n’hésite pas à commenter l’actualité. Grâce à des bulles de bande dessinée rédigées en néerlandais, le chat ironise sur les sujets qui agitent le pays.

« Maximus, peux-tu attraper un drone ? »

Cette phrase, publiée mi-octobre, fait référence à un projet d’attentat déjoué visant Bart De Wever avec un drone explosif. La réponse du chat ? « Non, mais j’attrape les rêves comme personne ! » L’humour est grinçant, la légèreté calculée.

Les grèves contre les réformes du gouvernement, le service militaire volontaire, les négociations budgétaires compliquées… Rien n’échappe à l’œil (et à la plume) de Maximus. Le félin se présente d’ailleurs volontiers comme l’éminence grise du Premier ministre, jouant à fond la carte du conseiller secret tout en ronronnements.

Une stratégie de communication bien rodée

Pour les observateurs, l’opération est brillante. Bart De Wever, souvent perçu comme distant ou arrogant par une partie de l’opinion, surtout francophone, utilise son chat pour adoucir son image. Les photos le montrent promenant Maximus en landau, faisant la sieste à ses côtés ou jouant de la cornemuse avec sa queue. Des scènes domestiques qui humanisent le dirigeant nationaliste flamand.

Le politologue Dave Sinardet, professeur à la Vrije Universiteit Brussel et à la Saint-Louis Bruxelles, analyse parfaitement le phénomène :

« Cela donne un aspect plus doux, plus sympa aux hommes politiques, alors que beaucoup de gens ne voient souvent que leur côté rationnel, voire arrogant. »

Dans un contexte de manifestations quasi mensuelles contre les mesures d’austérité et les réformes sociales du gouvernement, cette stratégie de soft power félin tombe à point nommé.

Larry comme modèle, Maximus en version belge

Le modèle est évidemment britannique. Larry, le chat résident du 10 Downing Street depuis 2011, est une institution. Avec plus de 900 000 abonnés sur X sous le compte @Number10cat, il incarne la continuité de l’État au-delà des alternances politiques. Larry a vu passer Cameron, May, Johnson, Truss, Sunak et Starmer sans broncher.

Maximus, lui, choisit une voie différente : il est politique, partisan, et ne s’en cache pas. Là où Larry reste neutre, Maximus mord (verbalement). Cette différence fondamentale reflète aussi les tempéraments des deux Premiers ministres : l’humour pince-sans-rire belge contre la retenue toute britannique.

Comparaison rapide Larry vs Maximus

  • Arrivée : Larry 2011 – Maximus 2025
  • Style : Larry apolitique – Maximus satirique
  • Langue : Larry anglais – Maximus néerlandais
  • Rôle : Larry symbole de continuité – Maximus outil de communication
  • Popularité X/Instagram : Larry domine encore… pour l’instant

L’opposition belge ne décolère pas

Tout le monde n’apprécie pas l’opération. Une vidéo montrant Bart De Wever jouant Amazing Grace à la cornemuse en utilisant la queue de Maximus comme instrument, publiée en pleine négociation budgétaire, a particulièrement irrité l’opposition.

Le député socialiste Patrick Prévot y a vu un parfait résumé de la politique gouvernementale :

« Du bruit et du vent. »

Pour les partis de gauche francophone, qui accusent le gouvernement De Wever de démanteler les acquis sociaux, ces publications relèvent de la provocation légère. Elles détournent l’attention des vrais sujets, estiment-ils.

Les animaux, éternels alliés des politiques

L’utilisation d’animaux en communication politique n’a rien de nouveau. Aux États-Unis, presque tous les présidents depuis des décennies posent avec leur chien ou leur chat à la Maison Blanche. L’exception notable ? Donald Trump, seul président sans animal domestique depuis plus d’un siècle.

En Europe, le phénomène est plus récent mais s’accélère. Outre Larry et Maximus, on peut citer le chien de Emmanuel Macron, Nemo, ou encore le labrador de Boris Johnson, Dilyn, qui avaient eux aussi leurs comptes non officiels tenus par des fans.

Les animaux permettent de contourner la méfiance croissante envers les responsables politiques. Un chat qui commente l’actualité avec ironie passe mieux qu’un discours officiel. Il désamorce les critiques, crée de la proximité.

Jusqu’où ira Maximus ?

Pour l’instant, la stratégie fonctionne à merveille. Les publications de Maximus génèrent des milliers de likes et des commentaires majoritairement positifs, même de la part d’électeurs qui ne votent pas N-VA. Le chat gris est devenu un phénomène transcommunautaire dans un pays où c’est plutôt rare.

Mais la question reste entière : un chat peut-il durablement protéger un gouvernement impopulaire dans une partie du pays ? Ou finira-t-il par lasser, voire agacer ? Une chose est sûre : en politique belge, on n’avait jamais vu un félin occuper une place aussi centrale dans la bataille de l’opinion.

Maximus a encore de belles années devant lui. Et qui sait, peut-être finira-t-il, comme Larry, par survivre à plusieurs Premiers ministres. En attendant, il continue de ronronner tranquillement sur le canapé bleu du pouvoir… tout en gardant un œil sur l’actualité.

Maximus ne commente pas seulement la politique belge.
Il la réinvente, une publication à la fois.

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