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Zelensky : Un Président sous Pression Extrême

Volodymyr Zelensky devait tomber en quelques jours selon Moscou. Trois ans plus tard, il reste debout… mais pour combien de temps ? Entre scandale de corruption, menace russe et ultimatum de Trump, le président ukrainien joue sa survie politique. La suite va vous surprendre.

Imaginez un ancien comédien, habitué aux applaudissements des plateaux télé, qui se retrouve soudain face à l’une des plus grandes armées du monde. En février 2022, presque personne ne misait sur lui. Pourtant, Volodymyr Zelensky est toujours là, au cœur de Kiev, refusant de plier alors que les obus tombent. Mais aujourd’hui, la menace ne vient plus seulement du front.

Zelensky, l’icône qui vacille

Il y a trois ans, il incarnait l’espoir inattendu d’un pays envahi. Ses vidéos tournées à la va-vite dans les rues de la capitale, son fameux « We are here », avaient fait le tour du monde. L’Occident le portait aux nues. Aujourd’hui, la réalité est plus cruelle : l’armée russe avance à nouveau, la fatigue s’installe, et à l’intérieur même de l’Ukraine, les critiques se font plus vives.

Le président de 47 ans doit gérer simultanément plusieurs fronts : militaire, diplomatique, politique et même personnel. Et pour la première fois depuis le début de la guerre, certains se demandent ouvertement si le temps du héros n’est pas en train de s’achever.

Un scandale qui frappe au plus haut niveau

Le dernier coup est venu du secteur énergétique. Un vaste réseau de corruption a été révélé, impliquant des proches du pouvoir. Le nom qui revenait sans cesse ? Celui d’Andriï Iermak, chef de l’administration présidentielle, véritable numéro deux du régime et homme de l’ombre le plus puissant du pays.

Longtemps intouchable, Iermak était détesté par une partie de la population et critiqué même dans les couloirs du pouvoir. Son limogeage, annoncé brutalement, a fait l’effet d’un tremblement de terre. Pour beaucoup, c’est la preuve que même le cercle le plus proche de Zelensky n’est pas à l’abri.

« Il a fallu trancher dans le vif. Mais cela montre aussi que personne n’avait vraiment osé le faire avant. »

Un haut responsable ukrainien, sous couvert d’anonymat

Ce scandale arrive au pire moment. Les Ukrainiens, épuisés par la guerre, supportent de moins en moins les affaires qui touchent le sommet de l’État alors que le front demande des sacrifices énormes.

La pression américaine, plus forte que jamais

À l’extérieur, Washington pousse pour une sortie de crise rapide. L’administration américaine, sous forte influence de Donald Trump depuis son retour au pouvoir, veut un accord avant la fin de l’année. Beaucoup à Kiev y voient une forme de capitulation déguisée.

Trump n’y va pas par quatre chemins : il exige des élections présidentielles en Ukraine, même en pleine guerre. Une idée reprise directement de la propagande russe, qui répète depuis des mois que Zelensky serait un président « illégitime » depuis la fin de son mandat en mai 2024 (prolongé par la loi martiale).

Zelensky a surpris tout le monde en répondant qu’il était prêt… à condition que les États-Unis et l’Europe garantissent la sécurité du scrutin sur tout le territoire, y compris dans les zones occupées. Une réponse habile qui renvoie la balle dans le camp occidental.

Un homme devenu « plus dur »

Ceux qui le connaissaient avant 2019 le disent tous : l’ancien humoriste a changé. Le Zelensky d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec le candidat qui promettait, en 2019, de « juste arrêter de tirer » dans le Donbass.

La guerre l’a transformé. Il parle désormais de Vladimir Poutine comme d’un « assassin » et d’un « dictateur ». La haine est palpable. L’homme qui s’exprimait volontiers en russe pendant sa campagne refuse aujourd’hui d’utiliser la langue de l’envahisseur.

« Il est devenu bien plus dur. Il va au fond des choses, jusqu’à la vérité. On ne peut plus lui faire avaler n’importe quoi. »

Un proche du président

Cette dureté se ressent dans sa gestion du pouvoir. Il préfère les décisions rapides, les coups de téléphone directs, les visites surprise sur le front. Le travail bureaucratique l’ennuie. Il a besoin du contact avec les gens, dit-on dans son entourage, pour « reprendre de l’énergie ».

Une popularité qui s’effrite dangereusement

Malgré tout, les chiffres parlent. En octobre dernier, 60 % des Ukrainiens faisaient encore confiance à leur président. C’est beaucoup. Mais c’est aussi 30 points de moins qu’au début de la guerre.

Pire : dans les sondages d’intentions de vote (hypothétiques), il est désormais talonné par l’ancien commandant en chef des armées, Valery Zaloujny. 20,3 % pour Zelensky, 19,1 % pour Zaloujny. L’écart n’a jamais été aussi faible.

À retenir :

  • Confiance actuelle : 60 % (contre 90 % en 2022)
  • Principal rival : Valery Zaloujny, héros militaire limogé en 2024
  • Critiques récurrentes : concentration du pouvoir, opacité, gestion chaotique

On reproche au président de gouverner en petit comité, de marginaliser les voix dissidentes, de ne pas assez écouter les militaires de terrain. Le mot « stratégie » serait même devenu « une obscénité » dans son administration, confie un haut responsable.

D’humoriste à chef de guerre : une trajectoire improbable

Rien ne prédestinait cet enfant de Kryvyï Rih, ville industrielle russophone du sud-est, à devenir le visage de la résistance européenne. Né en 1978 dans une famille juive, il grandit en URSS, parle russe couramment, fait carrière des deux côtés de la frontière.

En 2012, il anime même la soirée du Nouvel An sur une grande chaîne russe. Des personnalités qui, dix ans plus tard, l’insultent quotidiennement sur les plateaux du Kremlin.

Son tremplin ? La série Serviteur du peuple, où il incarne un professeur honnête propulsé à la présidence. La fiction rattrape la réalité : il crée un parti du même nom et remporte l’élection de 2019 avec plus de 73 % des voix.

Il arrive au pouvoir avec une promesse simple : mettre fin à la guerre dans le Donbass par la diplomatie. Il croit alors possible de négocier avec Moscou. L’invasion de 2022 balaie toutes ses illusions.

Les moments qui l’ont marqué à jamais

Sa femme, Olena Zelenska, l’a confié : même lui n’imaginait pas une attaque d’une telle ampleur. Il s’attendait à une opération limitée dans l’Est, pas à une tentative d’anéantissement de l’État ukrainien.

Le choc de Boutcha, en avril 2022, reste gravé dans toutes les mémoires. Le président, visage fermé, parcourt les rues où gisent des dizaines de civils exécutés. Ce jour-là, quelque chose se brise définitivement en lui.

Depuis, il visite régulièrement les zones bombardées, serre des mains, écoute les histoires. Il refuse les bunkers dorés. Il veut voir, toucher, comprendre. C’est sa manière de tenir.

Un style de pouvoir qui divise

Zelensky gouverne comme il jouait autrefois : à l’instinct, avec une équipe restreinte, en misant sur la communication et les coups d’éclat. Cela a fonctionné au début de la guerre. Moins aujourd’hui.

Ses détracteurs lui reprochent un fonctionnement trop vertical, des décisions prises dans l’urgence sans concertation, une méfiance croissante envers quiconque ose le contredire.

Même ses alliés reconnaissent qu’il peut être brutal. La mise à l’écart de Zaloujny, en février 2024, reste un traumatisme pour beaucoup de militaires et de civils qui voyaient en lui le vrai héros de la résistance.

Et demain ?

Aujourd’hui, Volodymyr Zelensky est à la croisée des chemins. L’armée russe reprend du terrain à l’Est. Les partenaires occidentaux montrent des signes de lassitude. À l’intérieur, la contestation grandit.

Pourtant, ceux qui le côtoient quotidiennement le disent : il ne lâchera pas. Il cherche encore la solution « originale », le coup de poker qui renversera la table une fois de plus.

Car si l’Histoire a déjà prouvé une chose, c’est que cet homme a le don de surprendre quand plus personne ne croit en lui. Reste à savoir si cette fois, le miracle sera encore au rendez-vous.

Une chose est sûre : rarement un dirigeant aura été à ce point seul face à son destin.

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