InternationalPolitique

Chili : Kast Favori pour un Retour à l’Ordre et la Sécurité

À quelques jours du second tour, José Antonio Kast promet de ramener l’ordre au Chili et devance largement Jeannette Jara dans les sondages. Va-t-on assister au retour d’une droite dure, la plus à droite depuis Pinochet ? Le pays retient son souffle…

Imaginez une estrade protégée par d’épaisses parois en verre blindé, une foule de plusieurs milliers de personnes agitant des drapeaux chiliens sous un ciel crépusculaire. C’est dans ce décor presque cinématographique que José Antonio Kast a clôturé, jeudi soir, sa campagne à Temuco. Le candidat d’extrême droite, donné largement favori pour le second tour de dimanche, a martelé sa promesse : ramener l’ordre et la sécurité dans un pays qu’il décrit comme plongé dans le chaos.

Un second tour sous très haute tension

Dimanche, les Chiliens trancheront entre deux visions radicalement opposées. D’un côté José Antonio Kast, avocat de 59 ans, figure de proue de l’ultraconservatisme et fondateur du Parti républicain. De l’autre Jeannette Jara, 51 ans, ancienne ministre du Travail et candidate d’une vaste coalition de gauche, soutenue par le président sortant Gabriel Boric.

Le premier tour, le 16 novembre, a déjà donné le ton : si Jeannette Jara est arrivée en tête, l’ensemble des voix de droite a dépassé les 50 %. Un signal fort. José Antonio Kast part donc avec une longueur d’avance incontestable selon tous les derniers sondages.

L’ordre, le maître-mot de Kast

Sur l’estrade de Temuco, la formule a été répétée comme un mantra : « Ce gouvernement a généré le chaos, le désordre et l’insécurité. Nous, nous allons faire l’inverse. » Des mots qui résonnent particulièrement dans l’Araucanie, région historiquement acquise à sa cause et théâtre de violences récurrentes liées au conflit mapuche.

« En mars, date de l’investiture, se produira un choc d’espoir »

José Antonio Kast, meeting de Temuco

Protégé derrière son mur de verre blindé – une habitude depuis plusieurs années –, le candidat a terminé son discours en descendant parmi la foule pour des selfies, signe d’une confiance retrouvée.

La peur comme carburant électoral

Dans la bouche de nombreux sympathisants, un même constat revient : le Chili n’est plus sûr. Victor Badilla, avocat de 39 ans présent au meeting, l’affirme sans détour : José Antonio Kast est « la meilleure option » face à l’insécurité et aux difficultés économiques.

Même si le pays reste statistiquement l’un des plus sûrs d’Amérique latine, la perception a radicalement changé ces dernières années. Attentats à la bombe artisanale, fusillades liées au narcotrafic, violences dans l’Araucanie… Les faits divers ont envahi les écrans et les esprits.

À cela s’ajoute la question migratoire. Près de 340 000 migrants en situation irrégulière, majoritairement vénézuéliens, sont dans le viseur du candidat républicain qui promet leur expulsion massive.

Jeannette Jara, l’autre visage de cette élection

Face à lui, Jeannette Jara incarne la continuité progressiste du gouvernement Boric, tout en tentant de se démarquer par un discours plus pragmatique. Lors de son dernier grand meeting à Puente Alto, dans la banlieue populaire de Santiago, elle a elle aussi promis de renforcer la présence policière.

Mais son argumentaire repose surtout sur le bilan social : réduction de la semaine de travail à 40 heures, augmentation du salaire minimum, réforme des retraites. Des mesures concrètes que ses partisans brandissent comme des trophées.

« Tout le monde au Chili mérite de vivre sereinement »

Jeannette Jara, meeting de Puente Alto

Pour Johanna Estolaza, comptable de 52 ans venue l’écouter, le choix est évident : la candidate de gauche est la plus compétente pour gouverner.

Un pays profondément divisé

À Temuco même, les avis sont tranchés. Marisol Mardones, conductrice Uber de 53 ans, confie sa peur face à José Antonio Kast : « C’est une personne très haineuse, il me fait très peur. » Elle votera Jara sans hésiter.

Cette fracture n’est pas nouvelle. Depuis l’explosion sociale de 2019, le Chili oscille entre désir de rupture et crainte du retour en arrière. L’élection de Gabriel Boric en 2021 avait incarné l’espoir d’un renouvellement profond. Quatre ans plus tard, nombreux sont ceux qui jugent ce cycle épuisé.

Si José Antonio Kast l’emporte, il deviendra le président le plus à droite depuis la fin de la dictature de Pinochet en 1990. Un symbole fort, presque trente-cinq ans après le retour de la démocratie.

L’Araucanie, laboratoire du vote Kast

C’est dans cette région que tout a commencé pour lui en 2017. L’Araucanie, terre mapuche, est devenue ces dernières années le théâtre d’une guerre de basse intensité : incendies de camions, affrontements avec les forces de l’ordre, attentats revendiqués par des groupes radicaux.

Pour José Antonio Kast, c’est là que se concentre « la peur, la terreur et le vandalisme ». Son discours sécuritaire y trouve un écho particulier, même si une partie de la population autochtone redoute une nouvelle répression.

Ce que nous réserve dimanche

Les bureaux de vote ouvriront à 8 heures. Les premiers résultats sont attendus en fin de soirée. Quelle que soit l’issue, le prochain président chilien héritera d’un pays profondément polarisé, avec des défis immenses : sécurité, croissance en berne, tensions territoriales, crise migratoire.

José Antonio Kast promet un choc d’espoir conservateur. Jeannette Jara mise sur la continuité sociale et une lutte raisonnée contre l’insécurité. Deux Chili s’affrontent. Un seul sortira vainqueur dimanche soir.

Et vous, comment voyez-vous l’avenir du Chili après ce scrutin historique ? Les commentaires sont ouverts.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.