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Disney et OpenAI S’allient : Révolution ou Trahison Créative ?

Disney vient d’ouvrir ses personnages cultes à l’IA d’OpenAI sur Sora contre 1 milliard de dollars. Bob Iger jubile, les scénaristes hurlent au pillage. Mais alors, qui a vraiment raison dans cette guerre qui oppose Hollywood à la Silicon Valley ? La réponse va vous surprendre…

Imaginez un monde où n’importe qui pourrait faire danser Buzz l’Éclair avec Baby Yoda en trente secondes, juste en tapant quelques mots. Ce monde n’est plus de la science-fiction : il arrive début 2026 grâce à un accord explosif entre Disney et OpenAI. Un milliard de dollars, des centaines de personnages iconiques mis à disposition… et déjà une tempête de protestations qui fait trembler Hollywood.

Un mariage à un milliard entre le roi du divertissement et le roi de l’IA

Jeudi dernier, le géant aux grandes oreilles et le créateur de ChatGPT ont annoncé un partenariat stratégique qui va bien au-delà d’une simple collaboration technique. Disney devient actionnaire d’OpenAI à hauteur d’un milliard de dollars et reçoit des warrants pour augmenter sa participation plus tard. En échange, plus de 200 personnages des univers Disney, Pixar, Marvel et Star Wars seront officiellement intégrables dans Sora, la plateforme de vidéos générées par intelligence artificielle lancée par OpenAI.

Concrètement, dès le début de l’année prochaine, les utilisateurs payants de Sora pourront créer des séquences animées avec Woody, Spider-Man ou Grogu sans craindre une plainte pour violation de droits d’auteur. Une révolution pour les créateurs amateurs… et un cauchemar pour une partie des professionnels.

Bob Iger : « Le progrès technologique est inéluctable »

Interrogé sur CNBC, le patron de Disney n’a pas mâché ses mots. Pour lui, l’intelligence artificielle n’est pas une menace mais une opportunité majeure. « Les humains n’ont jamais réussi à arrêter le progrès technologique, et nous n’avons aucune intention d’essayer », a-t-il lancé avec le sourire tranquille de celui qui sait qu’il vient de signer l’un des contrats les plus stratégiques de l’histoire du divertissement.

« Nous avons toujours vu les avancées technologiques comme une opportunité, pas une menace. »

Bob Iger, PDG de Disney

Et il a ajouté un argument massue : les vidéos Sora sont limitées à 30 secondes maximum. « Il ne s’agit pas de remplacer les films ou les séries, mais d’ouvrir de nouveaux territoires créatifs », explique-t-il. Des mini-scènes, des mèmes animés, des cartes de vœux… un terrain de jeu inédit où Disney entend bien monétiser ses personnages autrement.

Les scénaristes en colère : « Vous validez le pillage de notre travail »

Du côté des créateurs, l’ambiance est toute autre. La Writers Guild of America, le puissant syndicat des scénaristes, a immédiatement publié une lettre incendiaire à ses membres.

« Cet accord semble valider le pillage de notre travail. Disney cède la valeur de ce que nous créons à une société technologique qui s’est construite sur notre dos. »

WGA

Le reproche est clair : pendant des mois, Sora générait déjà des vidéos reprenant sans autorisation l’apparence de personnages Pixar ou l’esthétique de certaines séries. Des milliers de clips montraient des versions non officielles de Wall-E ou des Simpsons dans des situations absurdes. Aujourd’hui, Disney ne punit pas… il monétise.

Le syndicat des acteurs SAG-AFTRA s’est également manifesté, promettant de surveiller de très près l’application de cet accord pour s’assurer qu’aucun comédien ne verra son image détournée (même si, pour l’instant, seuls les personnages animés ou masqués sont concernés).

Qu’est-ce que Sora, exactement ?

Pour ceux qui auraient raté le train, Sora n’est pas qu’un énième générateur de vidéos IA. C’est un véritable réseau social où la seule règle est : tout contenu publié doit être 100 % généré par intelligence artificielle. Lancée fin septembre, la plateforme a rapidement attiré des millions d’utilisateurs fascinés par la qualité des vidéos produites.

Mais elle a aussi très vite été critiquée pour ses dérives : deepfakes de célébrités, utilisation massive de marques protégées, copies évidentes d’univers graphiques célèbres. L’accord avec Disney vient légaliser (et encadrer) ce qui se faisait déjà dans l’ombre.

Les points clés de l’accord Disney / OpenAI :

  • Investissement de 1 milliard de dollars de Disney dans OpenAI
  • Accès officiel à plus de 200 personnages Disney, Pixar, Marvel et Star Wars
  • Déploiement progressif à partir de début 2026
  • Uniquement personnages animés, masqués ou créatures (pas d’acteurs réels)
  • Vidéos limitées à 30 secondes
  • Garde-fous techniques pour éviter les contenus choquants ou illégaux
  • Rémunération prévue pour Disney à chaque utilisation

Disney client majeur d’OpenAI : l’IA partout dans la souris

L’accord ne s’arrête pas à Sora. Disney devient officiellement un « client majeur » d’OpenAI. Concrètement, des milliers d’employés du groupe auront accès à ChatGPT et aux outils d’OpenAI pour leur travail quotidien. Création de concepts, écriture de scripts, génération d’idées marketing… l’IA va s’incruster à tous les étages de la machine Disney.

C’est une petite révolution culturelle pour une entreprise qui, il y a encore deux ans, traînait des pieds face à l’intelligence artificielle générative.

Et la concurrence dans tout ça ?

Amusant détail : le jour même de l’annonce, Disney a envoyé une mise en demeure à Google pour lui interdire d’utiliser ses contenus sans autorisation dans ses propres modèles d’IA. Message clair : on peut travailler avec OpenAI… mais pas avec tout le monde.

C’est la preuve que Disney ne rejette pas l’IA en bloc, mais veut contrôler qui a accès à son trésor de guerre créatif. Une stratégie de jardin clos qui rappelle celle d’Apple à ses débuts.

Que va devenir la création ?

Derrière les chiffres et les communiqués, c’est une question philosophique qui se pose. Quand n’importe qui pourra faire parler Mickey dans une vidéo de 30 secondes, que reste-t-il de la magie Disney ? Quand les outils deviennent accessibles à tous, la rareté qui faisait la valeur des grands studios s’effrite.

Pour Bob Iger, la réponse est simple : l’IA ne remplacera pas les grands films, elle créera un nouveau marché parallèle. Un peu comme YouTube n’a pas tué le cinéma, mais a inventé la vidéo courte.

Pour les scénaristes, c’est plus sombre : chaque personnage mis à disposition est une petite partie de leur héritage créatif qui leur échappe. Et demain ? Quand les modèles seront capables de générer des films entiers ?

Un modèle économique qui reste à prouver

Sam Altman l’affirme : « Les utilisateurs sont prêts à payer pour générer les vidéos qu’ils aiment. » Sora est déjà payant au-delà d’un certain quota gratuit. Avec l’arrivée des personnages Disney, le prix risque de grimper… et les revenus aussi.

Disney touchera une rémunération à chaque utilisation officielle de ses personnages. Un nouveau flux de revenus passifs, sans produire de nouveau contenu. C’est peut-être là la vraie révolution : transformer des actifs dormants (des personnages qui existent depuis des décennies) en machines à cash perpétuelles.

Mais pour que ça fonctionne, il faudra que les garde-fous tiennent la route. Car si demain on voit Dark Vador faire la promotion d’une marque douteuse ou Cendrillon dans une vidéo choquante, la magie risque de se briser très vite.

L’accord court sur trois ans. Trois ans pour prouver que créateurs et géants de l’IA peuvent cohabiter. Trois ans pour voir si Disney a raison de parler d’opportunité… ou si les scénaristes avaient vu juste en criant à la trahison.

Une chose est sûre : on vient d’entrer dans une nouvelle ère. Et comme toujours avec Disney, elle sera magique pour certains… et terrifiante pour d’autres.

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