Les élections législatives de juin 2022 ont livré leur verdict : Emmanuel Macron devra composer avec une Assemblée Nationale où son camp ne dispose que d’une majorité relative. Un résultat qui oblige le Président réélu à se lancer dans un véritable “bricolage politique” pour espérer faire passer ses réformes. Décryptage d’une situation inédite sous la Ve République.
Une Assemblée Nationale fragmentée
Avec 245 députés, la coalition “Ensemble!” menée par Emmanuel Macron est loin de la majorité absolue fixée à 289 sièges. Les partis d’opposition sortent quant à eux renforcés, en particulier la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) avec 131 élus, devenant le premier groupe d’opposition. L’extrême-droite du RN réalise aussi une percée historique en envoyant 89 députés au Palais Bourbon.
« Cette configuration inédite va nous obliger à surmonter nos clivages. » souligne le porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire.
– Olivia Grégoire, porte-parole du gouvernement
Nouer des alliances au cas par cas
Face à cette assemblée morcelée, Emmanuel Macron n’aura d’autre choix que de nouer des alliances de circonstance pour faire voter ses textes. Un exercice périlleux qui l’obligera à négocier tantôt avec la droite des Républicains, tantôt avec une partie de la gauche sur des sujets de société.
- Négocier avec Les Républicains sur les questions économiques et régaliennes
- S’entendre avec la gauche sur des thèmes sociétaux ou environnementaux
- Éviter les sujets clivants pouvant bloquer l’Assemblée
Le délicat cas de la réforme des retraites
Votée en force grâce au 49.3 lors du premier mandat, la réforme des retraites s’annonce encore plus complexe dans ce nouveau contexte politique. Syndicats et gauche y restent farouchement opposés, tandis que la droite se montre pour l’instant réticente à un report de l’âge légal à 65 ans. Emmanuel Macron devra certainement revoir sa copie et lâcher du lest pour espérer faire passer ce texte emblématique.
« Nous allons devoir apprendre à travailler différemment, en bâtissant des compromis, texte par texte. Ce ne sera pas toujours facile mais c’est ce que les Français attendent de nous. »
– Gabriel Attal, ministre délégué des Comptes publics
Un risque de paralysie ?
Si les oppositions décident de ne pas coopérer et de bloquer systématiquement les textes du gouvernement, Emmanuel Macron aura deux options : dissoudre l’Assemblée au risque de provoquer une nouvelle crise politique, ou se résigner à une forme de cohabitation anticipée. Un scénario qu’il espère à tout prix éviter, mais que l’Élysée n’exclut plus pour autant.
Quoi qu’il en soit, ces élections législatives redistribuent les cartes et obligent Emmanuel Macron à repenser en profondeur sa façon de gouverner. Il va devoir faire preuve de pédagogie, de patience et sans doute d’humilité pour espérer avancer durant ce second quinquennat qui s’annonce d’ores et déjà semé d’embûches. Une gageure pour ce président souvent décrié pour son côté “jupitérien” et son manque d’écoute. L’heure du “bricolage politique” a sonné à l’Élysée !