Imaginez : le 1er décembre au soir, l’avion présidentiel ukrainien se pose à Dublin sous une pluie fine typiquement irlandaise. À quelques kilomètres, plusieurs engins volants non identifiés sont repérés sur son itinéraire. L’information fait le tour des états-majors européens en quelques heures. Moins d’une semaine plus tard, l’Irlande, pourtant connue pour sa neutralité historique, annonce une augmentation spectaculaire de 55 % de son budget défense. Simple coïncidence ? Certainement pas.
Un virage stratégique historique pour l’île verte
Jeudi dernier, au camp militaire de Curragh, la ministre de la Défense Helen McEntee a dévoilé un plan pluriannuel ambitieux. Le budget total consacré à la défense atteindra désormais 1,7 milliard d’euros d’ici 2030. Pour un pays qui dépensait à peine plus d’un milliard jusqu’à présent, le choc est réel.
Ce n’est pas seulement une question d’argent. C’est un changement de posture. L’Irlande, membre de l’Union européenne mais non-membre de l’OTAN, l’Irlande avait toujours privilégié une défense minimaliste. Les événements récents semblent avoir définitivement clos ce chapitre.
Des technologies anti-drones opérationnelles dès l’été 2026
Le calendrier est serré et symbolique. Les premiers systèmes capables de détecter, identifier et neutraliser les drones menaçants seront déployés avant l’été prochain. Pourquoi cette hâte ? Parce que l’Irlande assurera la présidence tournante de l’Union européenne à cette période.
Helen McEntee l’a dit clairement aux journalistes : « Nous ne prendrons aucun risque pendant cette présidence. » Le message est limpide : Dublin veut montrer qu’elle est capable d’assurer la sécurité des institutions européennes sur son sol, même face à des menaces non conventionnelles.
« Nous nous concentrons sur l’extension d’un nouveau système radar à horizon 2028 »
Helen McEntee, ministre irlandaise de la Défense
L’incident Zelensky : le déclencheur visible
Revenons sur cette soirée du 1er décembre. Volodymyr Zelensky arrive pour une visite officielle. Son avion est escorté, comme il se doit. Pourtant, les radars civils et militaires détectent plusieurs objets volants non identifiés sur la trajectoire. L’armée et la Garda (police irlandaise) ouvrent immédiatement une enquête.
Aujourd’hui, plusieurs jours après, cette enquête est toujours en cours. Aucun détail n’a filtré officiellement, mais les autorités ne cachent pas leur préoccupation. Car cet incident s’inscrit dans une série beaucoup plus large.
Une vague de survols suspects en Europe du Nord
Depuis plusieurs mois, les aéroports et sites sensibles scandinaves, baltes et maintenant irlandais signalent des drones inconnus. Bases militaires, centrales nucléaires, zones portuaires : rien ne semble épargné.
Les dirigeants de ces pays pointent presque unanimement Moscou. Antonio Costa, président du Conseil européen, en visite à Dublin cette semaine, a été très clair :
« un autre exemple des attaques et menaces hybrides de la part de la Russie sur le territoire européen »
Le terme « guerre hybride » n’est plus tabou. Il est désormais employé ouvertement au plus haut niveau européen.
Protéger les câbles sous-marins, nouvelle priorité absolue
Le plan irlandais ne s’arrête pas à la menace aérienne. Une part importante des nouveaux fonds sera consacrée au renforcement des capacités sonar pour surveiller les fonds marins.
Pourquoi ? Parce que l’Irlande est un hub majeur pour les câbles transatlantiques de communication. Plus de 95 % du trafic internet entre l’Europe et l’Amérique du Nord passe par ses eaux territoriales. Un sabotage aurait des conséquences catastrophiques.
Les incidents de Nord Stream en 2022 ont marqué les esprits. Depuis, chaque ombre suspecte près d’un câble sous-marin est scrutée avec la plus grande attention.
Les grands axes du plan irlandais 2025-2030 :
- Systèmes anti-drones opérationnels été 2026
- Nouveau réseau radar primaire d’ici 2028
- Acquisition d’avions de transport militaire
- Renforcement des capacités sonar navales
- Protection active des infrastructures sous-marines critiques
Une neutralité en mutation
L’Irlande reste officiellement neutre. Elle ne rejoindra pas l’OTAN de si tôt. Mais cette neutralité évolue. Elle n’est plus synonyme d’isolationnisme ou de faiblesse militaire.
On parle désormais de neutralité active. Participer à la sécurité européenne sans s’engager dans des alliances militaires permanentes. Le modèle finlandais ou suédois (avant son adhésion récente à l’OTAN) inspire visiblement Dublin.
Ce plan de 1,7 milliard représente environ 0,6 % du PIB irlandais à horizon 2030. C’est encore loin des 2 % recommandés par l’OTAN, mais c’est déjà une révolution pour un pays qui consacrait moins de 0,3 % il y a cinq ans.
Vers une Europe qui assume enfin sa défense ?
L’exemple irlandais n’est pas isolé. Partout en Europe, les budgets défense explosent. Finlande, Pologne, pays baltes, même l’Allemagne avec son Sondervermögen de 100 milliards.
L’incident de Dublin agit comme un électrochoc. Un pays traditionnellement pacifiste et prospère se réveille brutalement face à des menaces qu’il croyait appartenir à d’autres.
La question n’est plus de savoir si l’Europe va se réarmer. Elle est de savoir à quelle vitesse, et si elle parviendra à le faire de manière coordonnée.
L’Irlande, longtemps perçue comme l’île tranquille à l’ouest du continent, vient d’envoyer un message fort : même les nations les plus paisibles n’ont plus le luxe de l’innocence stratégique.
Et vous, pensiez-vous que l’Irlande capable d’un tel sursaut ? Les commentaires sont ouverts.









