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Pas de Lien entre Vaccins et Autisme : l’OMS Réaffirme la Science

L’OMS vient de publier sa quatrième analyse majeure : aucun lien entre vaccins et autisme, même ceux contenant aluminium ou thiomersal. Pourtant, aux États-Unis, la principale agence sanitaire relaie désormais cette vieille théorie… Que se passe-t-il vraiment ?

Imaginez une mère qui hésite, seringue en suspens au-dessus du bras de son bébé de six mois. Dans sa tête tourne en boucle la même question : « Et si le vaccin provoquait l’autisme ? » Cette peur, née il y a plus de vingt-cinq ans d’une étude frauduleuse, continue d’empoisonner la confiance de millions de parents. Pourtant, ce jeudi, l’Organisation mondiale de la santé vient une nouvelle fois de trancher, avec la force de dizaines d’études et des décennies de données.

L’OMS dit stop, encore une fois, aux rumeurs

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, n’y est pas allé par quatre chemins lors de sa conférence de presse à Genève. Une nouvelle analyse, menée par le Comité consultatif mondial pour la sécurité des vaccins, vient d’être publiée. Verdict ? Aucun lien de causalité entre les vaccins et l’autisme. Point final.

Ce n’est pas la première fois. C’est même la quatrième. Des rapports similaires avaient déjà été publiés en 2002, 2004 et 2012. À chaque fois, la conclusion était identique : les vaccins ne causent pas l’autisme.

31 études passées au peigne fin entre 2010 et 2025

Pour cette nouvelle méta-analyse, les experts ont examiné 31 études récentes, menées dans plusieurs pays. Ces travaux portaient spécifiquement sur les vaccins administrés pendant l’enfance et la grossesse, en particulier ceux contenant deux composants souvent pointés du doigt :

  • Le thiomersal (ou thiomersal), un conservateur à base de mercure éthylique autrefois utilisé dans certains vaccins multidose.
  • Les adjuvants à l’aluminium, qui renforcent la réponse immunitaire.

Résultat ? Les preuves scientifiques ne montrent aucun lien, que ce soit avec le thiomersal ou avec l’aluminium. Le comité a été formel : les vaccins, sous toutes leurs formes, ne sont pas responsables des troubles du spectre de l’autisme.

« Le comité a conclu que les preuves ne montrent aucun lien entre les vaccins et l’autisme, y compris ceux contenant de l’aluminium ou du thiomersal. »

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS

D’où vient cette peur tenace ? Retour sur 1998

Tout a commencé avec une étude publiée dans la revue The Lancet par Andrew Wakefield. Ce médecin britannique affirmait avoir trouvé un lien entre le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole) et l’autisme chez douze enfants. L’article fit l’effet d’une bombe.

Problème : l’étude était frauduleuse. Wakefield avait manipulé les données, caché des conflits d’intérêts (il travaillait pour des avocats anti-vaccins) et violé les règles éthiques. L’article fut rétracté en 2010, Wakefield radié de l’ordre des médecins. Mais le mal était fait.

Vingt-cinq ans plus tard, cette idée fausse continue de circuler, alimentée par des célébrités, des réseaux sociaux et, plus récemment, par certaines sphères politiques.

Les vaccins sauvent des millions de vies chaque année

Derrière le débat scientifique se cache une réalité chiffrée impressionnante. Tedros l’a rappelé avec force :

« Au cours des 25 dernières années, la mortalité des enfants de moins de cinq ans a diminué de plus de moitié, passant de 11 millions à 4,8 millions de décès par an. Les vaccins en sont la principale raison. »

Cela représente plus de 6 millions de vies sauvées chaque année. La rougeole, la coqueluche, la polio, le tétanos… ces maladies qui tuaient ou handicapaient des générations entières sont aujourd’hui sous contrôle grâce à la vaccination.

Refuser un vaccin, ce n’est pas seulement mettre son enfant en danger. C’est aussi fragiliser l’immunité collective et permettre le retour de maladies qu’on croyait éradiquées.

Un revirement inquiétant aux États-Unis

Le timing de cette nouvelle analyse de l’OMS n’est pas anodin. Outre-Atlantique, la principale agence sanitaire fédérale semble aujourd’hui relayer la théorie du lien vaccins-autisme, un changement de discours impulsé par la nouvelle administration et notamment par Robert F. Kennedy Jr, nommé ministre de la Santé.

Ce positionnement marque une rupture historique avec des décennies de consensus scientifique. Des experts du monde entier s’inquiètent des conséquences possibles sur la couverture vaccinale et sur la résurgence de maladies évitables.

Pourquoi la science est-elle aussi catégorique ?

L’autisme est un trouble neurodéveloppemental complexe dont les signes apparaissent souvent vers l’âge où les enfants reçoivent leurs premiers vaccins (12-18 mois). Cette coïncidence temporelle a suffi à créer la confusion.

Mais des centaines d’études, impliquant des millions d’enfants, ont comparé les taux d’autisme chez les enfants vaccinés et non vaccinés. Résultat constant : aucune différence significative.

  1. Études danoises sur plus de 650 000 enfants (2019) → aucun lien.
  2. Études américaines sur des cohortes de plusieurs centaines de milliers d’enfants → aucun lien.
  3. Méta-analyses incluant des millions de personnes dans le monde → aucun lien.

Les chercheurs s’accordent aujourd’hui sur le fait que l’autisme a principalement des origines génétiques, avec des facteurs environnementaux précoces (pendant la grossesse), bien avant la période vaccinale.

Comment parler de tout cela à un parent inquiet ?

La peur n’est pas rationnelle, elle est humaine. Quand on entend un parent dire « je préfère prendre le risque de la rougeole que celui de l’autisme », on comprend l’émotion. Mais les chiffres sont cruels :

Risque de complication grave avec la rougeole 1 sur 1 000 (encéphalite, décès)
Risque d’autisme causé par le vaccin ROR 0 (zéro)

Le choix devient alors évident quand on regarde les faits sans filtre.

Et demain ?

L’OMS ne s’arrêtera pas là. Face à la montée de la désinformation, l’organisation prévoit de renforcer ses campagnes de communication et de soutenir les pays où la couverture vaccinale recule. Car chaque point de pourcentage perdu peut se traduire par des milliers de vies menacées.

En conclusion, la science a parlé, encore une fois, et avec la même clarté qu’il y a vingt ans. Les vaccins ne causent pas l’autisme. Ils sauvent des vies. Le reste n’est que bruit de fond, aussi bruyant soit-il.

À nous, parents, journalistes, citoyens, de choisir quel message nous voulons relayer. Celui de la peur ? Ou celui de la science qui a déjà prouvé qu’elle protège nos enfants.

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