Quand un monument du football français comme Thierry Henry ouvre la bouche, le monde du ballon rond écoute. Et cette fois, c’est Mohamed Salah qui en a pris pour son grade.
Sur le plateau de CBS, à l’occasion d’une soirée Ligue des champions, l’ancien attaquant d’Arsenal et du Barça n’a pas hésité à tacler l’Égyptien, mis sur la touche par Liverpool lors du déplacement à l’Inter Milan. Pour Henry, il y a des choses qui se règlent en interne… et d’autres qui ne doivent jamais sortir du vestiaire.
Un principe simple : le club avant tout
« Quand vous jouez pour un club, vous devez le protéger à tout prix, tout le temps. » Cette phrase, prononcée avec le regard sérieux qu’on lui connaît, résume parfaitement la philosophie de Thierry Henry. Et il sait de quoi il parle.
À 48 ans, l’ancien international français a vécu presque toutes les situations possibles dans une carrière hors norme : banc de touche, mise en tribune, frustrations, titres majeurs… Mais jamais, au grand jamais, il n’a lavé son linge sale en public.
Et c’est précisément ce qu’il reproche à Mohamed Salah : avoir exprimé publiquement sa déception après avoir été laissé hors du groupe face à l’Inter. Pour Henry, le timing et la forme sont aussi problématiques que le fond.
L’exemple personnel qui pèse lourd
Pour appuyer son propos, Henry n’hésite pas à raconter une anecdote personnelle, peu connue du grand public. On est en mai 2010, le FC Barcelone se déplace à Villarreal. Thierry Henry traverse une période compliquée, joue peu, sent que la fin approche en Catalogne.
Ce jour-là, il fait le déplacement avec l’équipe. Dans le bus, tout va bien. À l’arrivée au stade ? Surprise : Pep Guardiola l’a placé en tribune. Pas sur le banc, en tribune. Un camouflet monumental pour un joueur de son standing.
« Tu m’as entendu en parler ? Non. »
Thierry Henry, cash
Et pourtant, silence radio. Pas un mot dans la presse, pas une story Instagram avant l’heure, pas une interview pour se plaindre. Juste la dignité et le respect du maillot.
Henry va même plus loin : il reconnaît avoir eu des échanges tendus avec Guardiola, en privé. Il a vidé son sac, comme il le dit lui-même, mais jamais devant les caméras.
Le vestiaire, ce lieu sacré
Pour l’ancien coach de Monaco et des Espoirs français, il y a une règle d’or : ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire. Même quand la colère est légitime. Même quand on est une star mondiale payée des dizaines de millions.
Il l’a fait lui-même : « J’ai tout fracassé dans le vestiaire », confesse-t-il avec un demi-sourire. Mais jamais en public. Parce que l’image du club, l’unité du groupe, le moral des autres joueurs passent avant l’ego personnel.
Et c’est là que le bât blesse avec Salah. À 33 ans, en fin de contrat dans six mois, l’Égyptien traverse une zone de turbulences. Les négociations traînent, les rumeurs d’Arabie Saoudite reviennent sans cesse, et sa mise à l’écart face à l’Inter a été la goutte de trop.
Mais pour Henry, ce n’est pas une excuse. Au contraire.
Quand la frustration devient contre-productive
Henry reconnaît la grandeur de Salah. Personne ne peut lui enlever ce qu’il a accompli à Liverpool : des centaines de buts, des titres, des records. Un joueur « exceptionnel », dit-il sans hésiter.
Mais justement. Quand on est à ce niveau, on se doit d’être irréprochable sur l’attitude. Et sortir dans la presse pour critiquer la gestion de son coach, alors que l’équipe est déjà sous pression, c’est prendre le risque de fracturer un peu plus un vestiaire.
Et Liverpool, en ce début décembre 2025, n’est pas au mieux. La concurrence fait rage en Premier League, la Ligue des champions est un objectif majeur, et les déclarations de Salah tombent au pire moment.
« Je peux comprendre la frustration, mais je ne comprends pas la manière ni le moment. Ça n’a aucun sens pour moi. »
Thierry Henry
Une génération qui change les codes ?
Ce débat n’est pas nouveau. Depuis quelques années, les joueurs utilisent de plus en plus les réseaux sociaux et les interviews pour exprimer leur mécontentement. On se souvient de Pierre-Emerick Aubameyang, de Kylian Mbappé, ou encore de tant d’autres.
Est-ce l’évolution du football moderne ? Les joueurs sont-ils devenus trop puissants ? Ou simplement plus transparents avec leurs émotions ?
Thierry Henry, lui, reste fidèle à l’ancienne école. Celle où l’on règle ses comptes en face à face. Où l’on protège l’institution, même quand elle vous met de côté.
Et il n’est pas le seul. Virgil van Dijk, capitaine de Liverpool, a lui aussi botté en touche quand on lui a demandé l’avenir de Salah : « Aucune idée de ce qui va se passer. » Un silence qui en dit long.
Et maintenant ?
La situation de Mohamed Salah reste floue. Son contrat expire en juin 2026. Les offres saoudiennes sont toujours là, énormes, presque indécentes. Liverpool veut-il le garder à tout prix ? L’Égyptien veut-il encore s’inscrire dans le projet d’Arne Slot ?
Ce qui est sûr, c’est que les prochaines semaines seront décisives. Et que les déclarations de Thierry Henry ont remis une pièce dans la machine à débats.
Parce qu’au-delà du cas Salah, c’est une question de valeurs qui est posée. Entre l’individualisme croissant des stars et la culture du collectif qui a fait la grandeur des plus grands clubs.
Henry a choisi son camp. Et il l’assume pleinement.
« L’équipe passe d’abord. Toujours. »
– Thierry Henry
Une phrase qui résonne comme un mantra. Et qui, dans le football d’aujourd’hui, semble parfois appartenir à une autre époque.
Mais une époque que beaucoup, supporters comme anciens joueurs, aimeraient bien voir revenir.









