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Nantes : Bagarre à la Hache pour une Place de Prière à la Mosquée

À 600 m de la mosquée Bellevue à Nantes, un fidèle en djellaba est poursuivi en pleine nuit par deux hommes armés d’une hache et d’une batte de baseball. Le motif ? Un simple désaccord sur l’emplacement des tapis de prière. Le bras cassé, la tête ensanglantée… Mais que s’est-il vraiment passé, et pourquoi cette violence extrême ?

Imaginez-vous sortir tranquillement de la prière du soir, encore imprégné de sérénité, et vous retrouver quelques minutes plus tard poursuivi dans les rues sombres par deux hommes armés d’une hache. C’est exactement ce qu’a vécu un fidèle de 52 ans, le 6 octobre 2025, dans le quartier Bellevue à Nantes. Un banal différend sur la place occupée dans la mosquée qui a viré au cauchemar.

Une soirée qui bascule en quelques instants

Il est un peu plus de 21 heures ce lundi d’octobre. La prière d’Isha vient de s’achever à la mosquée de Bellevue. Comme souvent dans les lieux très fréquentés, la question des emplacements est sensible : on veut être près de l’imam, près d’un ami, ou tout simplement à un endroit où l’on a ses habitudes. Une discussion s’envenime. Des mots, des gestes, des menaces. Rien qui ne sorte vraiment de l’ordinaire dans ce type de contexte… jusqu’à ce que ça dégénère complètement.

Driss, la victime, décide de quitter les lieux pour éviter l’escalade. Mais à peine a-t-il franchi les 600 mètres qui séparent la mosquée du lieu de l’agression que deux hommes le rattrapent en voiture. L’un brandit une hache, l’autre une batte de baseball. Un troisième individu serait également impliqué. La course-poursuite est brève : en djellaba, difficile de courir vite. Driss est rapidement plaqué au sol, frappé violemment à la tête et au bras. Bilan : fracture ouverte, multiples plaies, sang sur le bitume.

Les agresseurs : un père et son fils

Les deux principaux auteurs ne sont pas des inconnus du quartier. Il s’agit d’Oussama M., 25 ans, et de son père Lamine M., 65 ans. Un duo intergénérationnel qui, selon les éléments révélés lors du procès, n’en était apparemment pas à son coup d’essai en matière de règlement de comptes musclés. Le fils conduit la voiture, le père participe activement aux violences. Une solidarité familiale… à la limite du clanisme.

Devant le tribunal correctionnel de Nantes, le 5 décembre 2025, les faits sont reconnus. Les juges qualifient l’affaire de « violences aggravées par deux circonstances : l’usage d’une arme et le caractère collectif ». Oussama et Lamine M. écopent de peines de prison ferme. Le délibéré est rapide, presque expéditif. La justice a voulu marquer le coup face à une sauvagerie qui dépasse l’entendement.

Un motif dérisoire pour une violence extrême

Ce qui choque l’opinion publique, au-delà de la brutalité des faits, c’est le motif. Se battre pour une place dans une mosquée ? Utiliser une hache pour un différend aussi trivial ? On peine à y croire. Et pourtant, les témoignages concordent : c’est bien autour de l’emplacement des tapis que la dispute a commencé. Un symbole fort de la dérive de certaines tensions communautaires où la moindre frustration peut déclencher une explosion de violence.

« J’étais en djellaba, je ne pouvais pas courir vite »

Driss X., la victime, lors de son audition

Cette phrase, prononcée devant les enquêteurs, résume à elle seule l’absurdité tragique de la situation. Un homme en tenue traditionnelle de prière, censé incarner la paix et la spiritualité, se retrouve à fuir pour sauver sa vie dans les rues de sa propre ville.

Bellevue, un quartier sous tension permanente

Le quartier Bellevue n’est pas connu pour être un havre de paix. Trafics en tout genre, incivilités quotidiennes, sentiment d’abandon… Les habitants le savent, les élus le reconnaissent à demi-mot, et les faits divers s’enchaînent. Mais cette fois, c’est au sein même de la communauté musulmane que la violence a éclaté. Un tabou qui tombe : non, l’unité affichée lors des grandes occasions ne résiste pas toujours aux frustrations du quotidien.

Les associations cultuelles locales, souvent promptes à dénoncer l’islamophobie, se retrouvent cette fois-ci dans l’embarras. Comment expliquer que des fidèles, quelques minutes après avoir prié côte à côte, en viennent à s’entretuer pour quelques mètres carrés de moquette ? Le silence est assourdissant.

Une justice qui tape fort… mais jusqu’à quand ?

La condamnation rapide d’Oussama et Lamine M. a été saluée par ceux qui réclament plus de fermeté face à l’ensauvagement. Des peines de prison ferme pour des violences avec arme, cela reste rare dans certains dossiers similaires. Mais beaucoup s’interrogent : est-ce une réponse ponctuelle ou le signe d’un durcissement durable ?

Car les faits divers de ce type se multiplient. Règlements de comptes au couteau dans les cités, agressions gratuites, expéditions punitives pour des motifs toujours plus futiles… La société française semble avoir franchi un cap ces dernières années. Et les lieux de culte, autrefois perçus comme des sanctuaires, n’échappent plus à cette spirale.

Derrière l’anecdote, un malaise plus profond

Cette affaire n’est pas qu’un simple « fait divers croustillant ». Elle révèle plusieurs fractures :

  • Une importation de modes de règlement de conflits violents, hérités parfois de cultures où l’honneur prime sur la raison.
  • Une surpopulation de certaines mosquées qui exacerbe les tensions les plus triviales.
  • Un sentiment d’impunité chez certains jeunes qui n’hésitent plus à sortir hache et batte pour la moindre vexation.
  • Une difficulté croissante des responsables religieux à maintenir l’ordre et le respect des règles élémentaires.

Quand la prière devient prétexte à la guerre, c’est tout un modèle de vivre-ensemble qui vacille.

Et demain ?

À l’heure où certains quartiers concentrent des populations issues majoritairement de l’immigration maghrébine et subsaharienne, les autorités locales vont devoir se poser les bonnes questions. Multiplier les lieux de culte ? Renforcer la présence policière aux abords ? Former les imams à la gestion de conflits ? Ou simplement admettre que certains codes importés sont incompatibles avec notre pacte républicain ?

Ce qui est sûr, c’est que l’affaire de la mosquée Bellevue ne restera pas un cas isolé. D’autres disputes pour des places, des regards, des paroles déplacées risquent de tourner au drame. Et la prochaine fois, la victime ne s’en sortira peut-être pas avec un simple bras cassé.

En attendant, dans le quartier, on murmure que la tension est toujours palpable. Certains fidèles évitent désormais la grande prière du vendredi. D’autres ont choisi de prier chez eux. Quant à Driss, il se remet lentement de ses blessures. Mais la peur, elle, mettra beaucoup plus de temps à s’effacer.

Une histoire banale ? Non. Une histoire symptomatique d’une France qui change à toute vitesse, et pas toujours dans le bon sens.

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