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Agression Bastille : 12 Mois Ferme et Sursis pour Deux Multirécidivistes

Trois étudiantes de 22 ans agressées à l’aube dans le métro Bastille : coups, vol de collier en or, menaces de mort… Deux des agresseurs viennent d’être condamnés. Mais pourquoi l’agression sexuelle n’a-t-elle pas été retenue ? L’insécurité dans le métro parisien a-t-elle encore de beaux jours devant elle ?

Il est un peu plus de sept heures du matin, ce samedi 6 décembre 2025. La ligne 1 du métro parisien file vers l’ouest. À la station Bastille, trois étudiantes de 22 ans, encore marquées par une soirée festive, montent dans une rame presque vide. Dix minutes plus tard, leur vie bascule.

Une agression d’une rare violence en plein Paris

Les images de vidéosurveillance sont sans équivoque. Trois hommes, manifestement très alcoolisés – près de deux grammes d’alcool dans le sang chacun – encerclent les jeunes femmes. Ce qui commence par des bousculades se transforme rapidement en une scène de cauchemar : coups de poing, tentative de coups de tête, attouchements, menaces de mort répétées. L’une des victimes se voit arracher sa chaîne en or sous la menace d’un couteau qui, finalement, ne sera jamais retrouvé.

Les trois étudiantes, originaires de Martinique et mesurant entre 1m55 et 1m60, font face à des individus bien plus imposants. Le président du tribunal le soulignera d’ailleurs : « Elles étaient particulièrement vulnérables, plus petites de 25 à 30 centimètres. » Dix minutes. C’est le temps qu’a duré cet enfer avant que les agresseurs ne descendent à la station suivante.

Un déferrement express et une troisième personne relâchée

Grâce à la réactivité des témoins et à la vidéosurveillance, les trois suspects sont interpellés peu après à Châtelet. Direction la garde à vue. Mais très vite, un premier tri s’opère : le troisième homme, qui n’apparaît pas clairement sur les images en train de frapper ou de voler, est remis en liberté faute de charges suffisantes. Une décision qui, dans ce genre d’affaires, fait toujours grincer des dents.

Les deux autres, Moussa D. et Malik N., tous deux âgés de 22 ans, sont déférés en comparution immédiate dès le lundi suivant. L’un habite Gonesse, l’autre Nanterre. L’un est déjà connu pour une impressionnante série de condamnations : vol aggravé, extorsion, abus de confiance. Un casier judiciaire qui pèse lourd dans la balance.

« Cette affaire illustre tristement ce qu’est la vie d’une jeune femme à Paris la nuit. »

Le procureur, lors de l’audience

Ce que le tribunal a retenu… et ce qu’il n’a pas pu retenir

À l’audience, les faits sont accablants. Malik N. a porté de multiples coups : poing au visage, dans les côtes, tentative de coup de tête. Moussa D. a arraché le collier en or et s’est emparé d’un téléphone pour empêcher la victime d’appeler à l’aide. Les menaces de mort – « Je vais vous tuer » – ont été proférées à plusieurs reprises.

Mais un point fait particulièrement débat : les agressions sexuelles. L’une des jeunes femmes affirme avoir été touchée aux fesses et à la poitrine. Pourtant, faute de preuves matérielles irréfutables et d’images suffisamment nettes, ces chefs ne seront pas retenus. Un non-lieu partiel qui laisse un goût amer à la défense des victimes.

Autre zone grise : le couteau. Plusieurs victimes jurent qu’un des agresseurs en brandissait un. Là encore, aucun couteau n’a été retrouvé lors de l’interpellation. Le doute profite aux accusés.

Les peines prononcées : entre fermeté et aménagements

Le verdict tombe tard dans la soirée du lundi 8 décembre, peu avant 22 heures.

  • Moussa D., le multirécidiviste identifié comme l’auteur du vol du collier : 18 mois de prison dont 6 avec sursis probatoire. Mandat de dépôt prononcé. Il dort en prison dès la sortie du tribunal.
  • Malik N., auteur principal des violences physiques : 12 mois de prison ferme… mais aménageables sous bracelet électronique.

Des peines qui peuvent sembler clémentes au regard de la violence des faits, surtout quand on sait que les deux hommes étaient en état de récidive légale pour certains chefs. Le bracelet électronique, en particulier, fait bondir plus d’un observateur : un agresseur violent qui retourne chez lui le soir même, avec un simple boîtier à la cheville.

L’insécurité dans le métro : un sentiment qui ne faiblit pas

Cette affaire n’est malheureusement pas isolée. Chaque semaine ou presque, les faits divers relatent des agressions similaires dans le réseau francilien. Le métro, surtout aux heures tardives ou matinales, reste un terrain de prédilection pour les prédateurs. Alcool, drogue, bandes, individus isolés : les profils varient, mais le sentiment d’impunité, lui, semble persistant.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, la Sûreté régionale des transports a enregistré une hausse de 18 % des violences physiques dans le métro et le RER. Les agressions sexuelles, elles, ont augmenté de 12 % sur la seule ligne 1. Des statistiques froides derrière lesquelles se cachent des vies brisées.

Et pourtant, les moyens alloués peinent à suivre. Les patrouilles sont rares à 7 heures du matin un samedi. Les agents RATP, quand ils sont présents, n’ont pas le pouvoir d’interpellation. Quant aux caméras de surveillance, elles filment… mais n’empêchent rien.

Les victimes, grandes absentes du procès

Un détail glaçant : les trois étudiantes n’étaient pas dans la salle d’audience lors du prononcé du verdict. Traumatisées, elles avaient déjà témoigné lors de leur confrontation avec les agresseurs. Revenir au tribunal, affronter une nouvelle fois leurs bourreaux, était au-dessus de leurs forces.

Elles ont malgré tout récupéré leurs biens volés grâce à l’intervention inespérée d’amis croisés par hasard dans le métro. Un happy end relatif qui n’efface ni les bleus, ni les nuits blanches, ni cette peur viscérale qui reste collée à la peau quand on prend le métro seul.

Que nous dit cette affaire de la justice française en 2025 ?

Plusieurs leçons se dégagent de ce dossier.

  • La comparution immédiate permet une réponse rapide… mais parfois au prix d’une instruction bâclée.
  • La récidive, même lourde, n’entraîne pas systématiquement des peines plancher dissuasives.
  • L’aménagement de peine sous bracelet électronique reste une solution privilégiée, y compris pour des faits graves.
  • Les agressions sexuelles restent extrêmement difficiles à faire reconnaître quand il n’y a pas de traces physiques ou de témoins directs.

Autant de constats qui alimentent le débat sur la fermeté pénale et sur la protection réelle des femmes dans l’espace public.

À l’heure où certains responsables politiques promettent « zéro impunité », cette affaire vient rappeler que le chemin reste long. Très long.

Dans le métro Bastille, la vie a repris son cours. Les rames continuent de défiler. Mais pour trois jeunes femmes de 22 ans, plus rien ne sera jamais comme avant.

À lire aussi : Ces affaires qui, comme celle de Bastille, montrent que l’insécurité dans les transports n’est pas une fatalité… mais qu’elle exige une réponse politique forte et cohérente.

Car au-delà des peines prononcées, c’est bien la question de la prévention, de la présence humaine et de la tolérance zéro qui se pose. Une question que les Parisiennes – et les Françaises en général – continuent de porter à bout de bras. Et à bout de nerfs.

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