C’est une fraude aux allocations familiales à grande échelle qui a été mise au jour à Bordeaux. La semaine dernière, un couple de tunisiens habitant la ville a été placé en garde à vue par la Police aux Frontières (PAF). L’homme de 60 ans et sa femme de 48 ans sont soupçonnés d’avoir escroqué la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) de Gironde pendant plusieurs années, pour un montant estimé à près de 70 000 euros de prestations sociales indûment perçues.
Une combine bien rodée
Selon les premiers éléments de l’enquête, le couple aurait mis en place un système frauduleux bien huilé pour détourner de l’argent public à son profit. En effet, les deux suspects auraient fourni de fausses déclarations et documents falsifiés à la CAF afin de gonfler artificiellement le montant des allocations auxquelles ils pouvaient prétendre.
Cette combine leur aurait ainsi permis de percevoir indûment des prestations sociales comme les allocations familiales, les aides au logement ou encore le RSA, et ce pendant une durée prolongée. Au total, le préjudice pour la CAF de Gironde s’élèverait à près de 70 000 euros sur plusieurs années.
Les autorités alertées
C’est un signalement des services de la CAF qui a permis de révéler l’ampleur de la fraude. Face à des incohérences dans les dossiers du couple et des soupçons d’irrégularités, la Caisse d’Allocations Familiales a décidé de porter plainte.
L’enquête a alors été confiée à la Police aux Frontières de Bordeaux, qui a procédé à l’interpellation des deux suspects tunisiens à leur domicile la semaine dernière. Placés en garde à vue, ils ont été auditionnés sur les faits qui leur sont reprochés.
Un couple déjà connu des services
Les investigations ont aussi permis de découvrir que le couple n’en était pas à son coup d’essai. Déjà connus des services de police, l’homme et la femme avaient des antécédents judiciaires pour des faits similaires d’escroquerie et de fraude aux prestations sociales.
Lors des perquisitions à leur domicile, les enquêteurs ont pu saisir de nombreux documents et matériel informatique. L’analyse de ces pièces devrait permettre de confirmer le mode opératoire des mis en cause et l’étendue exacte de leur fraude sur la durée.
Une procédure judiciaire enclenchée
À l’issue de leur garde à vue, le couple tunisien a été déféré devant la justice. Le parquet a ouvert une information judiciaire des chefs d’escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, et détournement de fonds publics.
Les deux suspects ont été placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire, dans l’attente de la suite de la procédure. Ils encourent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et de lourdes amendes. La CAF devrait aussi se constituer partie civile pour obtenir réparation du préjudice subi.
Un phénomène en augmentation
Ce nouveau dossier d’escroquerie aux prestations sociales n’est malheureusement pas un cas isolé. Ces dernières années, les fraudes aux allocations familiales et autres aides publiques sont en nette augmentation en France.
En 2022, la CAF a détecté et stoppé plus de 300 millions d’euros de fraudes, soit une hausse de 18% par rapport à l’année précédente.
Chiffres du Ministère des Solidarités
Face à l’ampleur du phénomène, le gouvernement a fait de la lutte contre la fraude sociale une priorité. Des moyens supplémentaires ont été alloués aux CAF pour renforcer les contrôles et mieux détecter les abus.
Des sanctions plus sévères ont aussi été mises en place contre les fraudeurs, avec notamment la possibilité de supprimer certaines prestations en cas de fraude avérée. Mais les combines continuent de se multiplier, profitant parfois de failles du système.
Un coût important pour la société
Au-delà des sommes détournées, ces escroqueries ont un impact direct sur l’ensemble de la collectivité. Elles représentent un manque à gagner important pour le budget de l’État et fragilisent notre système de protection sociale.
En effet, les fraudeurs profitent d’un argent public normalement destiné à aider les familles modestes, les travailleurs précaires ou les personnes en difficulté. Leur comportement pénalise donc directement ceux qui en ont le plus besoin.
Un enjeu de solidarité nationale
Au-delà de l’aspect financier, la lutte contre la fraude aux prestations sociales est donc aussi un enjeu de solidarité et de cohésion nationale. Il en va de la crédibilité et de la pérennité de notre modèle social.
Chaque euro fraudé est un euro de moins pour soutenir une famille monoparentale, aider un chômeur à retrouver un emploi ou accompagner le handicap d’un enfant. Combattre ces abus est une nécessité pour préserver notre système redistributif.
L’enquête sur le couple bordelais soupçonné d’avoir escroqué 70 000 euros à la CAF illustre l’ampleur que peuvent prendre ces fraudes. Les autorités semblent déterminées à frapper fort pour endiguer le phénomène. Mais au-delà de la réponse judiciaire, c’est un véritable sursaut citoyen et une prise de conscience collective qui seront nécessaires pour enrayer cette dérive.