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Conflit dans le département : Chasseurs vs Autorités

Coup de chaud en Loire-Atlantique où les chasseurs entrent en conflit ouvert avec les autorités locales suite à des restrictions de chasse. Leur menace : geler les indemnisations versées aux agriculteurs pour les dégâts du gibier. Un bras de fer qui risque de peser lourd sur l'équilibre écologique et économique de la région...

C’est un véritable bras de fer qui s’est engagé ces derniers jours en Loire-Atlantique entre les chasseurs locaux et les autorités du département. Au cœur du conflit : les restrictions croissantes imposées à la pratique de la chasse sur plusieurs espaces naturels sensibles de la région, notamment autour de la commune de Préfailles. Face à ce qu’ils considèrent comme une remise en cause de leurs droits et traditions, les chasseurs ont décidé de riposter en menaçant de ne plus payer les indemnités compensant les dégâts causés par le gros gibier aux cultures agricoles.

Près de 150 hectares interdits à la chasse

Le week-end dernier, une centaine de chasseurs et piégeurs, soutenus par des agriculteurs de la FNSEA, se sont rassemblés à Pornic pour protester contre la sanctuarisation de plus de 150 hectares de zones littorales autour de Préfailles, Port-aux-Goths et la pointe Saint-Gildas. Des secteurs particulièrement giboyeux où cerfs, chevreuils et surtout sangliers prolifèrent, causant d’importants dommages aux exploitations agricoles alentour. Privés d’accès à ces terrains, les chasseurs s’estiment lésés et pris en otage par des décisions “protectionnistes” qu’ils jugent contre-productives.

Les chasseurs gèlent leurs cotisations

En guise de représailles, au moins deux sociétés de chasse locales ont annoncé leur intention de ne plus verser leurs cotisations à la Fédération des chasseurs de Loire-Atlantique. Or ce sont précisément ces cotisations qui abondent le fonds destiné à indemniser les agriculteurs pour les dégâts de gibier. Un manque à gagner potentiellement énorme, sachant que ces indemnisations s’élevaient à près de 700 000 euros pour le seul département en 2023-2024.

Discussions au point mort

Malgré des propositions de compromis avancées par les chasseurs, comme l’arrêt de la chasse sur la bande littorale ou des battues le dimanche après-midi, le dialogue semble totalement rompu avec le Comité de gestion de l’Espace naturel sensible de Préfailles. Le maire de la commune, qui avait déjà pris des arrêtés limitant la chasse ces dernières années, se retranche derrière des impératifs de sécurité des habitants, tout en rappelant faire parfois appel aux chasseurs quand la situation l’exige.

Crainte d’un “désert de biodiversité”

Au-delà des enjeux économiques, les chasseurs mettent en garde contre les risques environnementaux d’une prolifération incontrôlée des populations de grand gibier, notamment des sangliers qui peuvent transformer des pans entiers de nature en “déserts de biodiversité”. Sans compter la recrudescence probable des collisions routières impliquant des animaux sauvages, déjà très fréquentes dans le département.

« Si l’on ne peut plus réguler le gros gibier, alors tout le secteur de la Pointe Saint-Gildas jusqu’à Pornic risque de se transformer en désert de la biodiversité » alerte Claude Grandjouan, président des piégeurs de Loire-Atlantique.

– Claude Grandjouan, président des piégeurs de Loire-Atlantique

Face à ce dialogue de sourds, certains appellent à faire peser la responsabilité financière des dégâts sur les communes qui limitent la chasse sur leur territoire. Une façon de mettre les élus face à leurs responsabilités… Quoi qu’il en soit, une réunion de médiation entre les différentes parties est prévue le 11 juillet prochain à l’initiative du département. L’occasion, peut-être, de renouer le fil du dialogue pour trouver un équilibre durable entre les différents usages de la nature.

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