Les élections législatives de juin-juillet 2024 resteront dans les annales comme un échec cuisant pour Emmanuel Macron. En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale pour “clarifier la situation”, le président espérait obtenir une majorité absolue. C’était sans compter sur la profonde impopularité qui le frappe depuis plusieurs mois.
Un pari présidentiel perdu d’avance
En appelant les Français aux urnes, Emmanuel Macron pensait pouvoir surfer sur un élan populaire qui lui redonnerait les coudées franches à l’Assemblée. Mais comme le souligne Alain Minc, un de ses plus fidèles soutiens, cette dissolution relevait d’un “narcissisme poussé à un état presque pathologique”.
Quand un homme que l’on suppose intelligent, et qui l’est, prend une décision d’une absolue bêtise c’est que la dimension psychologique a pris le pas sur la réflexion et la raison.
– Alain Minc
Résultat des courses : non seulement le parti présidentiel Renaissance perd sa majorité relative, mais la gauche unie sous la bannière du Nouveau Front Populaire (NFP) sort vainqueur du scrutin. Sans pour autant disposer d’une majorité absolue.
Une Assemblée nationale ingouvernable
Avec seulement une majorité relative pour la coalition de gauche, et un Rassemblement national (RN) renforcé mais loin de triompher, le nouveau rapport de force à l’Assemblée s’annonce explosif. Les trois principales forces en présence (NFP, Renaissance, RN) se vouent une haine féroce et s’excluent mutuellement de toute alliance.
- Pour la gauche, le RN incarne le mal absolu.
- Pour le RN, la gauche représente l’anti-France.
- Quant à Renaissance, il refuse de s’allier avec l’un ou l’autre.
Dans ce contexte de défiance et de radicalité, aucun compromis n’est envisageable. La France se retrouve déchirée en trois blocs irréconciliables, rendant le pays plus ingouvernable que jamais.
Un scrutin entaché de manipulations
Malgré une forte participation (67%), la légitimité de ce scrutin législatif est fragilisée par les multiples manœuvres et pressions qui ont émaillé la campagne. Du matraquage antifasciste au chantage à la violence, en passant par les grandes pétitions d’artistes, tous les moyens ont été bons pour diaboliser le RN.
Même Renaissance a retourné sa veste entre les deux tours, acceptant le “front républicain” avec une gauche pourtant qualifiée d’extrémiste quelques jours plus tôt. Bref, un festival de manipulations fondé sur le mythe d’un fascisme aux portes du pouvoir.
Les Français, grands perdants de l’élection
Au final, les grands perdants de ces législatives sont les Français qui espéraient un vrai changement. Ils se retrouvent avec une Assemblée fragmentée, un statu quo en pire, et un pays plongé dans un chaos politique sans précédent sous la Ve République.
Combien ce psychodrame absurde de deux semaines, dont le seul effet sera d’aggraver l’impuissance publique aura-t-il coûté au pays, en termes de déchirements hystériques, de tension entre les Français, de radicalisation à droite comme à gauche, de violences, de peur et d’angoisses, d’espoirs déçus, de pertes pour l’économie française et de temps perdu ?
– Maxime Tandonnet
Face à ce marasme, il est urgent de repenser en profondeur notre modèle démocratique. Car derrière la crise des institutions, c’est bien une crise de la représentativité et de la confiance qui se joue. Les Français n’en peuvent plus de ce système politique à bout de souffle qui tourne à vide.
Ces législatives chaotiques doivent être le déclencheur d’une prise de conscience : notre démocratie a besoin d’un sérieux dépoussiérage. Place à une VIe République plus représentative, plus efficace et plus apaisée. Sinon la France court à sa perte dans un climat de guerre civile rampante.