Imaginez la scène : les lumières tamisées des Folies Bergère, les rires qui fusent dans la salle, et soudain, quatre silhouettes masquées surgissent sur scène en hurlant « Abittan violeur ». Le spectacle s’arrête net. Le public retient son souffle. Quelques heures plus tard, la Première dame de France elle-même vient soutenir l’humoriste en personne… et laisse échapper des mots qui vont mettre le feu aux réseaux.
Une soirée qui tourne au psychodrame national
Samedi soir, tout commence comme une simple représentation humoristique. Ary Abittan remonte sur les planches après des années d’absence liées à une accusation de viol classée sans suite. Pourtant, pour une partie du mouvement féministe, le non-lieu ne suffit pas : l’humoriste reste, à leurs yeux, indéfendable.
Quatre militantes du collectif #NousToutes décident d’agir. Masques à l’effigie d’Abittan barrés du mot « violeur », elles envahissent la scène et scandent leur slogan. Le spectacle est interrompu plusieurs minutes avant que la sécurité n’intervienne. L’action est revendiquée immédiatement sur les réseaux avec photos et communiqué.
Le lendemain, Brigitte Macron entre en scène
Le dimanche suivant, alors que la polémique commence à peine à enfler, Brigitte Macron se rend aux Folies Bergère pour assister au même spectacle. Une présence symbolique forte : la Première dame apporte ostensiblement son soutien à l’artiste controversé.
Une vidéo, filmée en coulisses et publiée par un magazine people, va tout faire basculer. On y voit Ary Abittan, visiblement stressé, confier à Brigitte Macron : « J’ai peur. » La réponse fuse, spontanée, presque légère :
« S’il y a des sales connes on va les foutre dehors. Surtout des bandits masqués. »
Le ton est détendu, presque complice. Brigitte Macron rit. Mais dès la diffusion de la séquence, l’ambiance change radicalement.
Une phrase qui déclenche une tempête
En quelques heures, la vidéo est partagée des milliers de fois. Le collectif #NousToutes la reposte avec le hashtag #salesconnes devenu viral sur Bluesky. Les réactions pleuvent.
Gwen, militante ayant participé à l’action de samedi, témoigne anonymement : « Nous sommes profondément choquées. Ces mots en disent long sur sa vision des femmes qui luttent contre les violences sexuelles. C’est un crachat de plus sur les victimes. »
L’actrice Judith Godrèche, figure de proue du #MeToo français, réagit immédiatement sur Instagram : « Moi aussi je suis une sale conne. Et je soutiens tous.tes les autres. » Le message est liké plus de 80 000 fois en vingt-quatre heures.
Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, monte au créneau sur BFMTV : « Ces propos sont gravissimes. Une Première dame ne devrait pas dire ça. Jamais. »
La défense de l’Élysée : « une simple critique de méthode »
Face à la vague d’indignation, l’entourage de Brigitte Macron tente de désamorcer. Contacté, il assure qu’il ne faut voir dans ces mots « qu’une critique de la méthode radicale employée » par les militantes masquées. « Brigitte Macron n’approuve pas cette méthode qui vise à empêcher un artiste de se produire », précise-t-on.
Mais pour beaucoup, l’argument ne passe pas. Utiliser l’insulte « sales connes » pour dénoncer une méthode, même radicale, reste choquant venant de la Première dame.
Retour sur l’affaire Ary Abittan : trois ans de tourmente
Pour comprendre l’ampleur de la polémique, il faut remonter à fin 2021. Une jeune femme porte plainte pour viol contre l’humoriste après une soirée chez lui. Ary Abittan est placé en garde à vue, mis en examen, puis interdit de contact avec la plaignante.
L’instruction dure trois ans. En janvier 2025, la justice prononce un non-lieu, confirmé en appel. Pour les magistrats, les éléments ne permettent pas de caractériser une infraction pénale. Ary Abittan crie à la victoire et annonce son retour sur scène.
Mais une partie du public et des associations féministes refuse ce retour. Des manifestations ont lieu devant presque toutes ses dates. Des spectacles sont perturbés, parfois annulés. Pour elles, le non-lieu ne vaut pas innocence absolue et la victime mérite toujours d’être crue.
Liberté d’expression contre droit de manifester : le débat sans fin
Cette affaire cristallise un débat plus large qui fracture la société française depuis plusieurs années. D’un côté, ceux qui défendent la présomption d’innocence et le droit pour un artiste de travailler après un non-lieu. De l’autre, ceux qui estiment que certaines accusations, même non jugées pénalement, doivent avoir des conséquences sociales.
Les actions coups de poing du type interruption de spectacle divisent même au sein du mouvement féministe. Certaines les jugent contre-productives et alimentant l’image d’un féminisme « hystérique ». D’autres les voient comme le seul moyen d’être entendu dans un système encore trop clément avec les agresseurs présumés.
Deux visions irréconciliables
- Pour les soutiens d’Abittan : un homme blanchi par la justice a le droit de reprendre sa carrière sans être harcelé.
- Pour les militantes radicales : la justice pénale a un seuil de preuve très élevé ; ne pas condamner ne signifie pas « rien n’a eu lieu ».
Le rôle de la Première dame : entre vie privée et fonction publique
Brigitte Macron n’a pas de mandat politique. Son rôle est protocolaire et symbolique. Pourtant, chaque sortie, chaque phrase est scrutée. En choisissant d’aller voir Ary Abittan et surtout en tenant ces propos filmés, elle s’est placée au cœur de la polémique.
Pour certains, elle n’a fait qu’exprimer une opinion personnelle dans un cadre privé. Pour d’autres, une Première dame doit incarner l’exemplarité et ne peut se permettre de tenir des propos insultants envers des citoyennes engagées, même si elle désapprouve leurs méthodes.
Ce n’est pas la première fois que Brigitte Macron se retrouve sous le feu des critiques. Son style vestimentaire, ses amitiés, ses prises de position parfois directes ont souvent détonné avec l’image lisse attendue d’une épouse de président.
Et maintenant ? Une polémique qui ne s’éteindra pas de sitôt
À l’heure où ces lignes sont écrites, le hashtag #salesconnes reste dans le top tendances françaises sur plusieurs réseaux. Des pétitions circulent pour demander des excuses publiques. D’autres, au contraire, soutiennent Brigitte Macron et dénoncent « l’hystérie féministe ».
Ary Abittan, lui, continue sa tournée. Certaines dates affichent complet, d’autres sont boycottées. Le spectacle, comme la société française, reste profondément divisé.
Une chose est sûre : cette phrase, prononcée sur le ton de la plaisanterie en coulisses, aura des répercussions bien au-delà des murs des Folies Bergère. Elle révèle les tensions vives qui traversent le pays sur les questions de violences sexuelles, de liberté artistique et du rôle des figures publiques dans les débats de société.
Et vous, de quel côté vous situez-vous dans ce débat passionnel qui n’en finit pas d’opposer présomption d’innocence et écoute inconditionnelle des victimes ?









