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Ran Gvili : Le Dernier Otage Attendu par Tout Israël

Dans une petite ville du Néguev, Talik et Itzik attendent encore leur fils Ran, 24 ans. Il a été le premier à courir secourir les autres le 7 octobre… et pourrait être le tout dernier à rentrer. Israël a promis de ne pas passer à la phase suivante du cessez-le-feu sans lui. Mais tiendra-t-on parole ?

Imaginez que votre enfant soit le dernier. Le tout dernier nom sur une liste interminable de douleur. Celui dont tout le monde parle, mais que personne n’a encore ramené à la maison. C’est la réalité quotidienne de Talik et Itzik Gvili, parents de Ran Gvili, ce jeune policier de 24 ans enlevé le 7 octobre 2023 et dont le corps reste, à ce jour, le seul qui n’ait pas été restitué par le Hamas.

Le héros qui a couru vers le danger

Ce matin-là, Ran n’était même pas en service. En arrêt maladie pour une blessure à l’épaule qui nécessitait une opération, il aurait pu rester chez lui, à l’abri. Mais quand les sirènes ont retenti et que les informations ont commencé à parler d’attaque massive, il a pris son arme personnelle et il est parti.

Direction le kibboutz Aloumim, tout près de la frontière avec la bande de Gaza. Là, il s’est posté à l’entrée et a tenu tête aux assaillants pendant de longues minutes. Des témoins racontent qu’il a vidé chargeur après chargeur pour empêcher les terroristes de pénétrer dans le village. Il a été blessé par balle, mais il a continué jusqu’à sa dernière cartouche.

Puis il a été capturé.

« Le premier à aider, le dernier à rentrer »

Cette phrase, Talik Gvili la répète souvent. Elle résume toute la vie de son fils. Toujours le premier pour tendre la main, pour se porter volontaire, pour courir là où ça brûle. Et aujourd’hui, ironie tragique, il est devenu le dernier otage dont on attend le retour.

« Il est parti le premier et revient le dernier. D’une certaine manière, cela lui ressemble, d’être celui qui reste le dernier. »

Talik Gvili, mère de Ran

Dans leur maison de Meitar, petite ville du sud d’Israël bordée par le désert du Néguev, les parents vivent entourés de photos de leur fils. Sur les murs, sur les meubles, sur leurs vêtements. Des affiches avec son visage sont visibles à chaque rond-point de la région. Sous le portrait, on peut lire « Héros d’Israël ».

Un cessez-le-feu en suspens

Le cessez-le-feu actuel, entré en vigueur le 10 octobre sous forte pression américaine, prévoyait la restitution de tous les otages, vivants ou morts, avant le passage à la deuxième phase. Vingt otages vivants ont été libérés. Vingt-sept corps ont été rendus à leurs familles.

Il en manque un.

Talik Gvili, avocate de 55 ans, affirme avoir reçu des assurances de toutes parts : responsables politiques, militaires, simples citoyens. Tout le monde lui répète la même chose :

« On ne passera pas à la phase deux tant que Rani ne sera pas revenu. »

Le Premier ministre lui-même aurait tenu ces propos lors d’une récente interview. Promesse publique, promesse solennelle. Pourtant, chaque jour qui passe fait peser la crainte que cette parole ne soit oubliée dès que l’attention médiatique se sera tournée ailleurs.

Cette petite lueur qui refuse de s’éteindre

Fin janvier 2024, l’armée israélienne a informé les parents que Ran avait succombé à ses blessures peu après son enlèvement. Information officielle, basée sur des renseignements.

Mais Itzik, le père, 61 ans, refuse d’y croire complètement.

« C’est ce qu’ils disent, mais nous avons encore une toute petite lueur d’espoir. Peut-être qu’il a été soigné. Peut-être qu’il est encore vivant. Nous nous accrochons à ce miracle. »

Itzik Gvili

Cette lueur, aussi infime soit-elle, est ce qui les fait tenir. Elle explique aussi pourquoi ils continuent à multiplier les interviews, les appels, les rassemblements. Pour que le monde n’oublie pas qu’il reste un fils, un frère, un héros, quelque part à Gaza.

Un symbole national

Ran Gvili n’est plus seulement un nom. Il est devenu le symbole de cette promesse collective : aucun otage ne sera abandonné. Son visage doux aux yeux clairs, son uniforme de l’unité d’élite Yassam, sa passion pour les motos de course… tout cela fait partie désormais du récit national israélien post-7 octobre.

Les habitants de Meitar et des environs ont transformé leur ville en un immense mémorial vivant. Des rubans jaunes pendent aux rétroviseurs. Des autocollants « Bring Ran Home » ornent les pare-chocs. À chaque carrefour, son portrait vous regarde.

Et dans le salon des Gvili, la porte reste toujours ouverte. Pour les journalistes, pour les voisins, pour tous ceux qui veulent venir dire qu’ils pensent à Ran. Qu’ils n’oublieront pas.

Une famille qui se bat avec les seules armes qui lui restent

Ils pourraient s’effondrer. Ils pourraient se murer dans le silence. Mais Talik et Itzik ont choisi une autre voie : parler, encore et encore. Sensibiliser le monde, comme ils disent. Garder le nom de leur fils vivant dans toutes les conversations.

Chaque interview est une bataille. Chaque photo publiée est une prière. Chaque jour sans nouvelle est une épreuve. Mais ils tiennent bon, portés par cette idée que tant que Ran n’est pas rentré, la guerre n’est pas vraiment terminée pour eux.

Et peut-être pour Israël tout entier.

Et demain ?

Aujourd’hui, en décembre 2025, plus de deux ans après l’attaque du 7 octobre 2023, la question reste entière : tiendra-t-on la promesse faite à cette famille ? Le corps de Ran Gvili sera-t-il rendu avant que le cessez-le-feu ne passe à sa deuxième phase ?

Dans le salon de Meitar, les parents attendent toujours. Le téléphone peut sonner à tout moment. La nouvelle peut tomber n’importe quand. Ils vivent dans cette attente suspendue, entre espoir fou et résignation douloureuse.

Parce que pour eux, tant que Ran n’aura pas franchi le seuil de la maison – vivant ou dans un cercueil recouvert du drapeau israélien – l’histoire ne sera pas terminée.

Et quelque part, au fond d’eux, ils savent que leur fils, ce garçon toujours premier pour aider les autres, mérite qu’on soit à lui jusqu’au bout.

Ran Gvili.
Le premier à courir vers le danger.
Le dernier à pouvoir rentrer chez lui.

Ran Gvili, héros du 7 octobre, otage numéro 251.
Israël n’oubliera pas.

Dans l’attente de ce jour où, enfin, Ran pourra reposer en paix sur la terre qu’il a défendue de tout son courage.

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