Les élections législatives françaises, dont le second tour s’est tenu ce dimanche, ont livré leur verdict. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat a de quoi surprendre. La gauche unie sous la bannière de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) arrive en tête, talonnée par le camp présidentiel. Mais aucune force politique ne parvient à décrocher une majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Un résultat qui inquiète les marchés financiers, craignant une France difficilement gouvernable. L’euro en a fait les frais dès l’ouverture des marchés ce lundi matin, reculant face au dollar.
L’Euro Perd du Terrain Face au Dollar
Aux alentours de 8h50, l’euro reculait de 0,15% par rapport au dollar, s’échangeant à 1,0824 dollar pour un euro. Si la chute peut paraître limitée, elle traduit néanmoins les inquiétudes des investisseurs quant à la stabilité politique française et, par extension, celle de la zone euro. Car ces élections législatives ont livré un paysage politique morcelé, où aucun parti ne dispose d’une majorité absolue pour gouverner sereinement.
Comme le soulignent les analystes de Commerzbank, la monnaie unique avait initialement plongé davantage à l’ouverture des marchés asiatiques dimanche soir. Mais au fil des échanges lundi matin, « il est devenu clair que le marché dans son ensemble estimait que le résultat des élections n’a en grande partie aucune importance pour l’euro ». La zone euro dispose en effet désormais de mécanismes lui permettant de faire face aux crises.
La Gauche en Tête, l’Extrême Droite en Retrait
Principale surprise de ce scrutin législatif : la percée de la gauche unie sous la bannière de la NUPES. L’alliance des partis de gauche remporte le plus grand nombre de sièges, autour de 180. Le camp présidentiel d’Emmanuel Macron et ses alliés suivent avec environ 160 sièges. Enfin, contrairement à ce que prédisaient les derniers sondages, l’extrême droite ne réalise pas une percée aussi importante qu’attendu. Le Rassemblement National et ses alliés obtiennent un peu plus de 140 sièges, loin de la majorité.
La France est passée d’un soutien à l’extrême droite à un soutien à l’extrême gauche en seulement une semaine. Les Français recherchent des solutions entre deux extrêmes et ce n’est pas un résultat idéal.
Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank
Une Assemblée Divisée, le Scénario du « Moins Pire » pour les Marchés ?
Si une assemblée morcelée en trois blocs inquiète quant aux risques de blocage, c’est pourtant « le scénario du moins pire » pour les marchés financiers selon John Plassard, spécialiste de l’investissement chez Mirabaud. Les investisseurs craignaient bien davantage une percée plus nette des extrêmes, synonyme d’instabilité politique et économique pour le pays. Une crainte en partie dissipée donc, même si les prochains mois s’annoncent agités sur le plan politique.
Les analystes d’UBS estiment pour leur part que si la gauche « impose sa stratégie », le cours de l’euro face au dollar « tombera probablement en dessous de 1,05 dollar pour un euro, compte tenu des implications budgétaires considérables ». La politique économique et sociale prônée par la NUPES, avec notamment une hausse significative des dépenses publiques, inquiète les marchés.
Quelles Perspectives pour l’Économie Française ?
Au-delà de l’impact immédiat sur les marchés, ce sont les perspectives de l’économie française qui interrogent. Comment gouverner efficacement avec une assemblée aussi divisée ? Quelles réformes pourront être menées ? La France parviendra-t-elle à maintenir le cap de l’assainissement des finances publiques, dans un contexte inflationniste qui pèse déjà sur le pouvoir d’achat ?
Autant de questions qui devront trouver réponse dans les prochaines semaines et les prochains mois. L’avenir politique de la France est plus incertain que jamais, et avec lui les perspectives économiques et budgétaires du pays. Un flou qui risque de peser durablement sur l’euro, mais aussi sur l’ensemble des marchés financiers européens.
Une seule certitude dans ce paysage politique chamboulé : la nécessité pour les différentes forces en présence de dialoguer et de trouver des compromis. Faute de quoi, c’est la paralysie qui guette le pays. Avec le risque d’une crise politique, économique et sociale majeure. Un scénario catastrophe que personne ne souhaite voir se réaliser, mais qui n’est pas à exclure si aucune majorité stable ne se dégage dans les prochaines semaines à l’Assemblée. L’avenir de la France, et dans une certaine mesure celui de l’Europe, en dépendent.