Imaginez : vous avez bossé toute l’année, sacrifié vacances et week-ends, et là, à l’instant décisif, la météo décide de tout bouleverser. C’est exactement ce qui arrive en ce moment même aux 170 joueuses engagées dans la finale des qualifications LPGA, la fameuse Q School. Et parmi elles, quatre Françaises jouent leur avenir professionnel sur un parcours détrempé de Venice, en Floride.
Un scénario catastrophe qui change tout
Initialement prévue sur 90 trous avec cut après 72, la compétition a été frappée de plein fouet par des pluies diluviennes. Départ repoussé d’une journée entière, troisième tour interrompu à deux reprises dimanche à cause de greens inondés et de visibilité quasi nulle… Les organisateurs n’ont eu d’autre choix que de trancher dans le vif : on passe à 72 trous, sans cut, et on termine mardi quoi qu’il arrive.
Concrètement ? Les 25 premières et ex æquo à l’issue du quatrième tour décrocheront leur carte pleine pour la saison LPGA 2026. Les places suivantes se partageront des statuts conditionnels plus ou moins avantageux. Autrement dit, chaque coup compte double désormais. Pas de seconde chance, pas de filet de sécurité.
Perrine Delacour, la plus affûtée du clan tricolore
À l’heure où ces lignes sont écrites, une Française brille particulièrement : Perrine Delacour. Après deux premiers tours solides (69 sur le Falls Course, puis un excellent 67 sur le Crossing Course), elle a entamé son troisième tour tambour battant. Quatre trous joués dimanche avant l’arrêt définitif, deux birdies, et la voilà à -9 total, provisoirement 2e à un petit coup de la leader.
Pour ceux qui suivent le golf féminin français depuis quelques années, ce n’est pas vraiment une surprise. Perrine, 31 ans, possède déjà une expérience précieuse sur le circuit américain. Elle a retrouvé cette saison une régularité impressionnante sur le Ladies European Tour et semble avoir passé un cap mental. Son putting, souvent son point faible par le passé, paraît enfin libéré.
« Je me sens vraiment bien depuis plusieurs mois. J’ai travaillé dur sur mon jeu court et ma gestion du stress. Là, je suis juste focus sur mon plan coup par coup, le reste on verra mardi soir. »
Perrine Delacour (interview récente)
Nastasia Nadaud, la rookie qui monte
Juste derrière, on retrouve une autre Française dans le top 25 : Nastasia Nadaud. La jeune femme de 23 ans, qui vient de remporter son premier titre professionnel sur le LET à Malaga il y a à peine dix jours, confirme qu’elle est bel et bien lancée. À -3 total après sept trous joués dimanche, elle pointe autour de la 20e place.
Son swing fluide et sa capacité à rester calme sous pression font plaisir à voir. Si elle conserve cette position d’ici mardi, elle obtiendra sa toute première carte pleine LPGA. Un rêve qui deviendrait réalité à peine un an après son passage pro.
Agathe Laisné et Adela Cernousek : deux destins opposés
Plus loin au classement, Agathe Laisné se bat dans le par total, autour de la 42e place. Un score honorable mais qui la place pour l’instant en dehors des 25 précieuses. Il lui faudra une carte sous les 68 lors des deux prochains tours pour espérer remonter dans la zone de sécurité.
Enfin, week-end compliqué pour Adela Cernousek. L’ancienne numéro 1 mondiale amateur, qui dispute sa première Q School, paye cash son manque d’expérience sur ce format marathon. À +11, la mission s’annonce quasi impossible pour accrocher une carte pleine, mais un sursaut reste toujours possible pour grappiller un statut conditionnel.
Pourquoi cette Q School 2025 est historique
Outre les conditions météo dantesques, cette édition 2025 restera dans les annales pour plusieurs raisons :
- Première fois depuis très longtemps que la finale passe à 72 trous sans cut pour cause de force majeure.
- Record de participation avec plus de 170 joueuses au départ.
- Présence de plusieurs anciennes du circuit LPGA venues retenter leur chance (Kim Kai, Pornanong Phatlum…).
- Niveau de jeu global extrêmement relevé : la barre des -5 pourrait ne pas suffire pour le top 25.
Et puis il y a cette pression unique : 72 trous pour (re)conquérir son rêve américain. Pas de deuxième semaine comme sur le circuit européen, pas de filet. Tout se joue là, maintenant.
Les enjeux derrière les cartes
Pour rappel, les 25 premières obtiennent la catégorie pleine (priorité maximale aux tournois). Viennent ensuite :
- Places 26-45 : catégorie conditionnelle avec accès à la majorité des tournois.
- Places 46-100 environ : accès très limité, obligation de passer par les lundis de qualification.
- Au-delà : retour à la case départ sur le circuit Epson ou le LET.
Autant dire que chaque place compte des dizaines, voire centaines de milliers de dollars de gains potentiels sur la saison à venir.
Lundi et mardi : deux jours sous haute tension
La reprise est prévue ce lundi matin pour terminer le troisième tour, avant d’enchaîner directement avec le quatrième et dernier tour mardi. Avec des prévisions météo qui s’améliorent enfin, on devrait pouvoir jouer sans interruption. Mais les greens, gorgés d’eau, risquent de rester très lents et réceptifs. Avantage aux joueuses solides en approche-putting.
Chez les Françaises, Perrine Delacour part avec une longueur d’avance. Mais dans ce genre de tournoi, tout peut basculer en quelques trous. Un double sur un par 3, un trois-putts évitable, et c’est la panique au classement.
Nastasia Nadaud, elle, devra probablement signer deux cartes dans les 68-69 pour sécuriser sa place dans le top 25. Mission difficile mais loin d’être impossible vu sa forme actuelle.
À suivre de très près ce mardi soir :
- Jusqu’où Perrine Delacour peut-elle aller ? Une victoire serait symbolique.
- Nastasia Nadaud va-t-elle transformer l’essai après son titre LET ?
- Agathe Laisné est-elle capable d’un exploit final ?
- Quel sera le cut final ? -6 ? -7 ? Voire plus bas ?
Une chose est sûre : rarement une Q School LPGA n’aura été aussi ouverte, aussi incertaine, et aussi excitante à suivre jusqu’au dernier putt. Les Tricolores ont leur destin entre les mains. Rendez-vous mardi soir pour savoir combien de Françaises fouleront les fairways du grand circuit américain en 2026.
En attendant, on croise les doigts, on regarde les livescores, et on se dit que parfois, le golf est le sport le plus cruel… et le plus beau.









