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Soudan : 114 Morts Dont 63 Enfants dans l’Attaque d’une École

Le 4 décembre à Kalogi, une école maternelle et l’hôpital voisin ont été frappés trois fois. 114 morts, dont 63 enfants. Les secouristes eux-mêmes ont été visés. Comment en est-on arrivé à une telle horreur au Soudan ? La suite est encore plus glaçante…

Imaginez une matinée ordinaire dans une petite ville du Kordofan du Sud. Les rires des tout-petits résonnent dans la cour d’une école maternelle. À quelques mètres, un hôpital rural tente de soigner malgré le manque de tout. Et puis, en quelques minutes, le ciel se transforme en enfer.

C’est exactement ce qui s’est passé le 4 décembre à Kalogi.

Une attaque en trois vagues qui a tout emporté

Les faits sont accablants par leur simplicité terrifiante. Trois frappes successives, attribuées à des drones des Forces de soutien rapide (FSR) et de leurs alliés, ont d’abord touché l’école maternelle, puis l’hôpital rural voisin, et enfin les secouristes qui accouraient pour porter secours aux enfants.

Le bilan annoncé lundi par le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, glace le sang : 114 morts, dont 63 enfants, et au moins 35 blessés graves.

« Des frappes répétées ont touché une école maternelle et, à au moins trois reprises, l’hôpital rural de Kalogi. Des ambulanciers et secouristes ont été pris pour cible alors qu’ils tentaient de transporter les blessés. Ces attaques insensées contre des civils et des infrastructures de santé doivent cesser. »

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS

Kalogi, une ville déjà meurtrie par deux ans de guerre

Kalogi se trouve dans l’État du Kordofan du Sud, zone stratégique restée jusqu’ici sous contrôle de l’armée soudanaise régulière. Depuis octobre, les paramilitaires des FSR ont achevé la prise totale du Darfour voisin, et portent désormais leurs offensives plus à l’est.

Pour les habitants, cette avancée signifie une seule chose : la guerre, qui semblait encore lointaine, frappe désormais à leur porte. Et elle ne fait aucune distinction entre soldats et écoliers.

Des enfants visés alors qu’ils jouaient ou apprenaient

Les témoignages locaux, recueillis dès le lendemain par les autorités administratives de Kalogi, décrivent la première explosion au milieu de la cour de récréation. Des dizaines d’enfants de moins de six ans ont été tués sur le coup.

Les survivants, paniqués, ont été transportés en urgence vers l’hôpital rural tout proche. C’est là qu’a eu lieu la deuxième, puis la troisième frappe, transformant le lieu censé les sauver en piège mortel.

Enfin, quand les premiers secouristes et habitants sont revenus pour extraire les corps coincés sous les décombres de l’école, une nouvelle vague les a fauchés.

Un hôpital déjà fragile réduit en cendres

L’hôpital rural de Kalogi était l’un des derniers fonctionnels dans toute la région. Déjà privé d’électricité stable, de médicaments et de personnel en nombre suffisant, il représentait le seul espoir pour des dizaines de milliers de personnes.

Aujourd’hui, il n’est plus qu’un amas de béton fumant. Les survivants ont dû être évacués vers Abu Jebaiha, à des heures de route sur des pistes défoncées, pendant que des appels au don de sang fusent de toutes parts.

2025, l’année où les attaques contre les soins de santé explosent

L’OMS a recensé cette année 63 attaques vérifiées contre des établissements de santé au Soudan. Cela représente presque une tous les cinq jours.

Ces agressions ont provoqué 1 611 décès et 259 blessés parmi les patients, le personnel médical et les accompagnants. Parmi ces attaques :

  • 52 ont directement visé du personnel soignant
  • 45 ont détruit ou endommagé des infrastructures
  • 32 ont touché des patients à l’intérieur des hôpitaux

L’attaque de Kalogi entre malheureusement dans la catégorie la plus barbare : celle qui combine école et hôpital, enfants et soignants, en une seule journée.

Un conflit qui s’enfonce dans l’horreur absolue

Depuis avril 2023, la guerre opposant l’armée régulière du général Al-Burhan aux paramilitaires des FSR du général Hemedti a déjà fait des dizaines de milliers de morts – le chiffre exact reste impossible à établir tant les zones sont inaccessibles.

Plus de 12 millions de personnes ont été déplacées, soit près d’un quart de la population totale du pays. Des villes entières ont été rayées de la carte, des hôpitaux pillés ou bombardés, des écoles fermées ou transformées en camps de réfugiés.

Et pourtant, chaque nouveau massacre semble repousser les limites de l’inacceptable un peu plus loin.

L’Union africaine et l’OMS appellent à l’arrêt immédiat des hostilités

Dès le lendemain de l’attaque, l’Union africaine parlait déjà de « plus de 100 morts ». L’OMS, elle, a attendu d’avoir des chiffres vérifiés pour communiquer, mais son ton est sans équivoque.

Tedros Adhanom Ghebreyesus a conclu son message par un appel pressant : « J’exhorte toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à protéger les civils, en particulier les enfants et le personnel de santé. »

Mais dans un conflit où chaque camp accuse l’autre de tous les crimes, ces mots risquent de rester lettre morte.

Et maintenant ?

Les survivants de Kalogi pleurent leurs morts. Les enfants qui ont réchappé aux explosions sont traumatisés à vie. Les médecins qui restent n’ont plus ni toit ni matériel.

Dans le silence assourdissant de la communauté internationale, la guerre continue. Et chaque jour, de nouvelles écoles, de nouveaux hôpitaux, de nouveaux enfants se retrouvent le chemin de la liste des victimes.

Parce qu’au Soudan, en décembre 2025, même une maternelle n’est plus un sanctuaire.

À retenir

  • 114 morts dont 63 enfants en une seule journée
  • Une école maternelle et un hôpital rural détruits
  • Les secouristes délibérément visés
  • 63 attaques contre la santé recensées en 2025 par l’OMS
  • 12 millions de déplacés depuis 2023

Il est temps que le monde regarde enfin le Soudan en face. Avant qu’il ne reste plus rien à sauver.

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