Quand un club promu découvre la Ligue 1, les premières semaines ressemblent souvent à un baptême du feu. Le Paris FC ne déroge pas à la règle cette saison. Résultats en dents de scie, frustration palpable dans les travées du Stade Charléty et sur les réseaux sociaux… Pourtant, au milieu de la tempête, une voix calme et assurée vient rappeler l’ordre des priorités.
Antoine Arnault : « Nous ne nous prenons pas pour un autre »
Dans un long entretien accordé ce lundi, Antoine Arnault, représentant de la famille actionnaire majoritaire depuis novembre 2024, a choisi ses mots avec précision. Pas de panique, pas de déclaration guerrière, juste une ligne claire : le projet reste long terme et Stéphane Gilli en est toujours le pilier.
« L’équipe méritait mieux sur certains matches », reconnaît-il d’entrée, preuve qu’il suit chaque rencontre avec attention. Mais il ajoute aussitôt : « N’oublions vraiment pas que nous sommes un promu et qu’il ne faut pas non plus se prendre pour un autre. » Une phrase qui résume à elle seule la philosophie actuelle du Paris FC.
Un début de saison frustrant, mais cohérent avec le statut de promu
Revenons quelques mois en arrière. À l’été 2024, le Paris FC célèbre sa montée historique en Ligue 1 après des décennies d’attente. L’euphorie est totale. Les supporters rêvent déjà de derby brûlant contre le PSG, de soirées européennes, d’un stade plein à craquer chaque week-end.
La réalité du très haut niveau rattrape vite tout le monde. Les adversaires sont plus costauds, les erreurs se paient cash, et le calendrier ne fait aucun cadeau. Résultat : après quinze journées, le Paris FC pointe dans la seconde partie du classement, parfois dangereusement proche de la zone rouge.
Pourtant, ceux qui suivent le club de près notent autre chose : une identité de jeu qui se met doucement en place, des séquences intéressantes, une solidarité évidente. Des signes qui ne trompent pas les observateurs patients.
« Si l’équipe continue à jouer comme ça, avec cette mentalité, j’ai bon espoir que nous soyons une bonne équipe de milieu de tableau. »
Antoine Arnault
Stéphane Gilli, l’homme de la situation depuis 2023
Arrivé à l’été 2023, Stéphane Gilli a déjà réussi l’exploit de faire monter le club en deux saisons. Son discours posé, sa proximité avec les joueurs et sa vision claire du football ont séduit dès le premier jour.
Antoine Arnault se souvient parfaitement de leur première rencontre : « J’ai eu le plaisir de rencontrer Stéphane Gilli, d’écouter son discours positif très apprécié par un groupe qui vit extrêmement bien ensemble. » Plus d’un an après, rien n’a changé.
Le message est on ne peut plus clair : le départ de Stéphane Gilli n’a jamais été envisagé. Dans un football où les entraîneurs sautent au moindre accroc, cette prise de position publique est rare et forte.
Un actionnariat familial qui change la donne du temps
L’arrivée de la famille Arnault au capital a été perçue, à tort, comme une promesse de folies dépensières immédiates. En réalité, le discours a toujours été mesuré. L’objectif annoncé dès novembre 2024 ? Le maintien, rien de plus, rien de moins.
Antoine Arnault le répète aujourd’hui avec la même fermeté. Pas question de brûler les étapes. Le centre de formation va être modernisé (le projet a d’ailleurs été officialisé récemment), le stade Charléty va évoluer, mais tout cela prend du temps.
Ce tempo raisonnable tranche avec l’impatience générale du football français. Et c’est précisément cette patience qui pourrait devenir l’arme secrète du Paris FC.
Le vestiaire derrière son coach : le facteur décisif
Derrière les déclarations officielles, il y a la réalité du quotidien. Et là aussi, les signaux sont au vert. Les joueurs affichent publiquement leur soutien à Stéphane Gilli. Les capitaines prennent la parole après chaque match pour défendre le projet.
Dans un vestiaire où cohabitent jeunes pousses du centre et recrues expérimentées, cette unité est précieuse. Elle explique en grande partie pourquoi, malgré les points perdus bêtement, l’équipe ne s’est jamais effondrée mentalement.
Les chantiers prioritaires pour la seconde partie de saison
Si la confiance est totale envers le staff, Antoine Arnault n’élude pas les difficultés. L’attaque peine à trouver le chemin des filets avec régularité. Le recrutement d’un buteur expérimenté est devenu la priorité numéro un du prochain mercato hivernal.
Le milieu de terrain, autre secteur en souffrance lors de certaines rencontres, pourrait également être renforcé. Mais toujours dans l’idée de construire quelque chose de durable, et non de colmater à la va-vite.
Les trois priorités du Paris FC cet hiver :
- Recruter un attaquant capable de faire la différence en Ligue 1
- Renforcer l’entrejeu pour mieux tenir le ballon face aux gros
- Continuer à intégrer les jeunes du centre de formation
Un modèle qui rappelle le Brest de ces dernières années
Quand on parle de promu patient et ambitieux à la fois, un nom revient souvent : Brest. Le club breton a mis plusieurs saisons avant de vraiment décoller, mais il l’a fait avec la même recette : confiance absolue en l’entraîneur, recrutement malin, identité forte.
Le Paris FC semble suivre exactement le même chemin. Et si l’histoire devait se répéter ? Un maintien tranquille cette saison, puis une belle place dans le top 10 l’année suivante, et pourquoi pas une qualification européenne d’ici trois ou quatre ans…
Antoine Arnault, lui, refuse de griller les étapes. Mais dans ses mots transparaît une ambition réelle. Celle d’installer durablement le Paris FC parmi l’élite du football français, loin des projecteurs aveuglants du PSG, mais avec une solidité qui fait envie.
Conclusion : la patience, nouvelle vertu du football parisien
Dans un monde où tout doit aller vite, le Paris FC fait figure d’ovni. Un actionnaire milliardaire qui prône l’humilité, un entraîneur confortablement installé sur son banc malgré des résultats en demi-teinte, un vestiaire uni autour d’un projet collectif.
Cette sérénité forcée pourrait bien être la plus belle des surprises de cette saison de Ligue 1. Car pendant que certains clubs s’enflamment ou s’effondrent au moindre accroc, le Paris FC avance, pas à pas, avec l’assurance de ceux qui savent où ils vont.
Le message est lancé. À Stéphane Gilli de transformer cette confiance en points. À la famille Arnault de continuer à protéger ce projet des tempêtes médiatiques. Et aux supporters de garder la foi : le meilleur est peut-être à venir.
Parce qu’au fond, dans le football comme ailleurs, les plus belles histoires sont souvent celles qui prennent leur temps.









