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Chine : 70 Vins de Bourgogne IGP Reconnus et Luzerne Ouverte

La Chine vient d’ouvrir grand ses portes à 70 vins de Bourgogne IGP et à la luzerne française. Mais derrière ces excellentes nouvelles, les tensions sur le porc et le cognac restent vives… Que s’est-il vraiment passé lors de la visite d’État de Macron ?

Imaginez un instant : un verre de vin de Bourgogne posé à côté d’un bol de riz cantonais. Ce qui semblait encore improbable il y a quelques années devient peu à peu réalité. La Chine, premier marché mondial en devenir pour les produits premium, vient de franchir un pas décisif en direction des terroirs français.

Une avancée historique pour la Bourgogne

Le week-end dernier, la ministre française de l’Agriculture a annoncé une nouvelle qui fait vibrer tout le vignoble bourguignon : la Chine reconnaît officiellement 70 indications géographiques protégées (IGP) pour les vins de Bourgogne. Ce n’est pas une simple formalité administrative. C’est une véritable porte d’entrée grande ouverte sur le marché le plus convoité de la planète.

Jusqu’à présent, seuls quelques crus prestigieux bénéficiaient d’une reconnaissance officielle. Depuis 2024, deux appellations d’origine protégée (AOP) – Gevrey-Chambertin et Mâcon – avaient déjà obtenu ce sésame. Aujourd’hui, ce sont des dizaines de vins plus accessibles, souvent issus des coteaux moins médiatisés, qui vont pouvoir s’afficher fièrement sur les tables chinoises avec la garantie de leur origine.

« Je veux dire à nos viticulteurs que nous avons obtenu la reconnaissance de 70 indications géographiques des vins de Bourgogne par la Chine »

Annie Genevard, ministre de l’Agriculture

Pourquoi cette reconnaissance change tout

En Chine, la contrefaçon de produits européens reste un fléau. Des « Bordeaux » ou « Champagne » fabriqués localement inondent parfois le marché à des prix défiant toute concurrence. Avec la protection officielle des IGP, tout vin portant ces mentions sans en avoir le droit pourra être retiré des rayons et son importateur sanctionné.

Pour les vignerons, cela signifie surtout une valorisation immédiate de leur production. Les consommateurs chinois, de plus en plus exigeants et sensibles à l’authenticité, sont prêts à payer le prix fort pour la garantie d’un produit véritablement français.

Et le timing est parfait : la classe moyenne chinoise explose, les jeunes citadins découvrent le vin rouge avec passion, et les réseaux sociaux comme Xiaohongshu regorgent de photos de bouteilles françaises. Le Bourgogne IGP arrive au bon moment pour capter cette vague.

La luzerne déshydratée, l’autre grande gagnante

Moins glamour que le vin, mais tout aussi stratégique : la France a obtenu l’ouverture du marché chinois à la luzerne déshydratée. Ce fourrage riche en protéines, principalement produit dans la Marne et l’Aube, est très recherché pour l’alimentation des vaches laitières chinoises.

Avec une consommation de lait qui explose en Chine, la demande en aliments de qualité pour le bétail suit la même courbe. La luzerne française, réputée pour sa teneur élevée en protéines et sa traçabilité irréprochable, était attendue comme le messie par les éleveurs chinois.

En chiffres :
– La France est le 1ᵉʳ producteur européen de luzerne déshydratée
– Plus de 1,2 million de tonnes produites chaque année
– La Chine importe déjà plus de 1,5 million de tonnes de fourrages par an

Porc et abats : un dossier toujours sensible

Si le vin et la luzerne font sourire les agriculteurs français, le dossier du porc reste épineux. Depuis l’annonce européenne de droits de douane sur les véhicules électriques chinois, Pékin a lancé une enquête antidumping sur le porc européen et relevé fortement les taxes à l’importation.

Cependant, la diplomatie a porté ses fruits : deux établissements français viennent d’obtenir l’agrément pour exporter des abats porcins (pieds, oreilles, museau) vers la Chine. Ces morceaux, peu valorisés en France, sont considérés comme des mets de choix dans la cuisine chinoise.

Les professionnels français le répètent : il n’y a aucun dumping. Ces produits partent à des prix rémunérateurs parce que la demande chinoise est forte et l’offre européenne de qualité supérieure.

Cognac et produits laitiers : la vigilance reste de mise

La ministre a également abordé le cas du cognac. Une enquête chinoise antidumping est toujours en cours, et 17 exportateurs français se retrouvent exclus d’un accord de prix conclu en juillet 2025. Paris demande leur réintégration rapide.

Bonne nouvelle en revanche pour les producteurs de lait infantile : le protocole d’exportation vers la Chine a été renouvelé. Ce marché représente des centaines de millions d’euros chaque année et reste stratégique après les scandales sanitaires qui ont ébranlé la confiance des consommateurs chinois dans leurs produits locaux.

« Les producteurs français ne procèdent à aucune pratique de dumping, ces mesures sont donc sans fondement »

Annie Genevard

Que retenir de ces avancées ?

Ces annonces, issues de la visite d’État d’Emmanuel Macron début décembre, montrent que malgré les tensions commerciales mondiales, la diplomatie agricole française continue de porter ses fruits.

Le vin de Bourgogne, la luzerne, les abats et le lait infantile : des produits très différents, mais un même objectif – renforcer la présence française sur le gigantesque marché chinois tout en défendant les intérêts des agriculteurs français.

Le chemin reste long. Les enquêtes antidumping sur le cognac et le porc ne sont pas terminées. Mais chaque reconnaissance d’IGP, chaque protocole renouvelé est une victoire qui pave la voie à des échanges plus fluides et plus équitables.

Et pendant ce temps, quelque part en Bourgogne, un viticulteur lève son verre : son vin pourra bientôt trôner fièrement dans les rayons de Shanghai ou Pékin, protégé et reconnu. La route est ouverte.

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