Imaginez la musique à fond, les lumières stroboscopiques qui dansent sur les visages heureux, les verres qui s’entrechoquent… Et soudain, en quelques minutes seulement, tout bascule. Ce qui devait être une nuit mémorable dans l’une des destinations les plus prisées d’Inde s’est transformé en l’une des pires tragédies récentes de Goa. Vingt-trois vies fauchées, des familles brisées, un choc immense pour tout un État.
Une nuit qui a viré au drame à Arpora
C’est dans le nord de Goa, plus précisément à Arpora, que le sinistre s’est déclaré peu après minuit, dans la nuit de samedi à dimanche. L’établissement, une discothèque intégrée à un hôtel et baptisé « Birch », était bondé. Des touristes indiens et étrangers, du personnel, des habitués : tous étaient là pour profiter de l’ambiance légendaire de cette région côtière.
Les premières flammes, puis très vite une fumée épaisse et toxique. Les issues de secours semblent avoir été insuffisantes ou mal indiquées. Beaucoup n’ont pas eu le temps de réagir. Les secours, arrivés rapidement, n’ont pu que constater l’ampleur du désastre.
Un bilan humain très lourd
Au petit matin, le chiffre officiel tombe : au moins 23 morts. Parmi les victimes, plusieurs touristes et des membres du personnel de l’hôtel. La plupart ont succombé à une asphyxie fulgurante causée par les fumées. Le ministre en chef de Goa, Pramod Sawant, parle d’un « jour très douloureux » pour l’État tout entier.
Aujourd’hui est un jour très douloureux pour nous tous à Goa. Un incendie majeur à Arpora a coûté la vie à 23 personnes.
Pramod Sawant, ministre en chef de Goa
Les images tournées sur place sont bouleversantes : des brancards descendus un à un dans un escalier étroit en pierre, des corps recouverts, des visages hagards des secouristes et des proches qui attendent dans l’angoisse. La foule, d’abord curieuse, laisse rapidement place à un silence lourd.
Un établissement qui fonctionnait hors-la-loi
Le plus révoltant dans cette affaire ? L’établissement n’aurait jamais dû être ouvert au public dans ces conditions. Le ministre en chef l’a dit clairement : la discothèque opérait sans les autorisations nécessaires. Une négligence qui, selon lui, est directement responsable du drame.
Ce tragique accident n’aurait jamais dû se produire. L’établissement fonctionnait sans autorisation en bonne et due forme et cette négligence a provoqué l’incendie.
Pramod Sawant
Des contrôles défaillants, des responsables qui ferment les yeux, des propriétaires prêts à tout pour attirer la clientèle… Le schéma, hélas, n’est pas nouveau en Inde. Mais à Goa, destination touristique par excellence, ce genre de laxisme prend une dimension particulièrement choquante.
Explosion de bonbonne de gaz ? L’enquête ne fait que commencer
Si la cause exacte reste à déterminer, une hypothèse circule avec insistance : une explosion de bonbonne de gaz aurait déclenché l’incendie. Dans les discothèques et les hôtels, ces bonbonnes sont utilisées pour les cuisines ou les bars. Une fuite, une étincelle, et c’est la catastrophe.
Les enquêteurs passent au peigne fin les installations électriques, les stockages de gaz, les systèmes de ventilation. Chaque détail comptera pour comprendre comment un simple incident a pu tourner au désastre en si peu de temps.
Le ministre en chef a déjà promis des sanctions sévères. « Les responsables seront punis selon la loi la plus stricte », a-t-il assuré après s’être rendu sur place dans la nuit.
Goa, paradis touristique sous le choc
Goa, c’est plus de dix millions de visiteurs par an, dont près d’un demi-million d’étrangers. Russes, Britanniques, Israéliens, Européens, Asiatiques… Tous viennent chercher le soleil, les plages interminables, la fête, le patrimoine colonial portugais. Cette tragédie risque de marquer durablement l’image de la destination.
Pourtant, derrière les cartes postales, les problèmes de sécurité existent depuis longtemps. Surcharge des établissements, constructions illégales, corruption : les ingrédients d’un cocktail dangereux qui explose parfois littéralement.
Les incendies, un fléau récurrent en Inde
Ce drame n’est malheureusement pas isolé. L’Inde paie régulièrement un lourd tribut aux incendies, souvent liés à des normes de sécurité laxistes ou inexistantes.
Quelques rappels récents :
- En mai dernier, 17 morts dans l’incendie d’un immeuble à Hyderabad.
- Un mois plus tôt, 15 victimes dans un hôtel en feu à Calcutta, certaines ayant sauté par les fenêtres.
- Régulièrement, des usines, des hôpitaux, des écoles prennent feu avec des bilans dramatiques.
Dans les lieux de divertissement, le risque est décuplé : forte affluence, musique assourdissante qui empêche d’entendre les alarmes, éclairage réduit, consommation d’alcool… Tout concourt à rendre l’évacuation plus compliquée.
Que retenir de cette nuit tragique ?
Derrière les chiffres, il y a des visages, des familles qui pleurent un fils, une fille, un parent, un ami. Des touristes qui étaient venus chercher du rêve et qui ne rentreront jamais.
Cette catastrophe doit servir d’électrochoc. Renforcer les contrôles, fermer sans complaisance les établissements hors-la-loi, former le personnel aux gestes qui sauvent, équiper correctement chaque lieu recevant du public : voilà les mesures urgentes que beaucoup appellent de leurs vœux.
Goa reste une destination magnifique. Mais elle se doit maintenant de redevenir aussi une destination sûre. Pour que plus jamais une soirée ne se termine dans l’horreur.
Nos pensées vont aux familles des victimes et à tous ceux qui ont été touchés par ce drame.
Puissent les responsables être rapidement identifiés et jugés, et que des mesures concrètes soient prises pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise.
En attendant les conclusions de l’enquête, une seule certitude : cette nuit du samedi à Arpora restera gravée comme l’une des plus sombres de l’histoire récente de Goa.









