Imaginez la scène : les plus gros gestionnaires d’actifs de la planète, ceux qui pèsent des milliers de milliards, décident subitement de retirer 75 millions de dollars des ETF Ethereum en une seule journée. Pas un seul dollar n’entre. Le prix, lui, reste scotché autour des semaines autour des 3 000 $. À première vue, tout sent la panique et le désintérêt. Pourtant, quand on gratte un peu, un détail absolument fascinant apparaît… et il pourrait bien changer toute la narration.
Les ETF Ethereum saignent pour la quatrième journée consécutive
Le 5 décembre 2025 restera comme une journée noire pour les fonds négociés en bourse sur Ethereum. Selon les données consolidées, les neuf ETF spot américains ont enregistré 75,21 millions de dollars de sorties nettes, sans la moindre entrée pour compenser. BlackRock, via son produit ETHA, a porté l’essentiel de ces retraits.
C’est la quatrième séance consécutive de pertes (hormis un bref répit le 3 décembre grâce à Fidelity). Depuis le début du mois, ce sont déjà plus de 200 millions de dollars qui se sont évaporés des ETF ETH. Un chiffre qui fait mal quand on se souvient de l’euphorie autour du lancement de ces produits en juillet 2024.
BlackRock, le géant qui vacille… temporairement ?
Le fonds ETHA de BlackRock reste de très loin le leader avec plus de 13 milliards de dollars d’encours. Mais même ce mastodonte n’échappe pas à la vague de désinvestissement. Grayscale, avec son ETHE converti, continue quant à lui de perdre du terrain (-4,99 milliards cumulés depuis la conversion). Seuls Fidelity (FETH) et quelques petits acteurs parviennent encore à afficher des entrées positives sur l’année.
À titre de comparaison, les ETF Bitcoin ont, eux, collecté 54,8 millions de dollars le même jour. Les actifs sous gestion des ETF BTC atteignent désormais 117 milliards de dollars contre « seulement » 18,9 milliards pour Ethereum. Le contraste est violent.
Pourquoi tant de sorties soudainement ?
Plusieurs explications circulent dans la communauté.
- Prise de bénéfices après la hausse post-élection américaine
- Rotation sectorielle vers Bitcoin et les meme-coins Solana
- Déception face au manque de rendement direct (pas de staking dans les ETF US)
- Crainte d’une politique monétaire moins accommodante en 2026
Toutes ces raisons sont valables. Mais elles masquent un phénomène beaucoup plus profond qui se déroule en coulisses.
Le paradoxe : la supply d’Ethereum n’a jamais été aussi serrée
Pendant que les institutionnels américains vendent leurs parts d’ETF, la quantité d’ETH disponible sur les plateformes d’échange vient de tomber à 8,84 % de l’offre totale. C’est un record historique absolu.
Pour remettre en perspective : Bitcoin affiche encore 14,8 % de son offre sur les exchanges. Ethereum est donc presque deux fois plus « rare » en termes de liquidité immédiate.
« ETH entre silencieusement dans son environnement de supply le plus tendu de tous les temps. Les jetons sont aspirés vers le staking, le restaking, les layer 2, les usages en données (blobs), les boucles de collatéral… Des endroits d’où ils ne ressortent pas. »
Milk Road Daily – 5 décembre 2025
En clair : pendant que le prix somnole et que les ETF saignent, les vrais détenteurs (whales, stakers, protocoles DeFi) retirent massivement leurs ETH des exchanges pour les verrouiller à long terme.
Les moteurs cachés de cette absorption massive
Plusieurs tendances structurelles expliquent ce mouvement tectonique.
- Le staking explose – Plus de 34 % de l’offre totale est désormais stakée (record historique également).
- Restaking (EigenLayer et consorts) – Des milliards verrouillés pour sécuriser d’autres réseaux.
- Explosion des layer 2 – Arbitrum, Optimism, Base, Blast… chaque bridge retire des ETH de la circulation.
- Blobs depuis Dencun et Fusaka – Les rollups consomment des données sur Ethereum sans rendre les ETH.
- Tokenisation d’actifs réels – BlackRock lui-même tokenise des obligations sur Ethereum… mais hors ETF.
Résultat : l’offre réellement disponible fond comme neige au soleil. Et cela se produit précisément au moment où la demande institutionnelle « officielle » (via ETF) semble faiblir.
Que nous dit l’histoire quand supply et prix divergent ainsi ?
Regardez 2020-2021. Entre juillet et novembre 2020, alors que le prix évoluait entre 200 et 400 $, la supply sur exchanges a chuté de 25 % à 16 %. Puis le bull-run a démarré. Même schéma en 2023-2024 avant l’explosion vers 4 800 $.
Aujourd’hui, nous sommes à 8,84 %. Vous avez dit « supply shock » ?
Le marché regarde le rétroviseur (ETF flows) pendant que le moteur surchauffe en silence (supply dynamics).
Les prochains catalyseurs à surveiller absolument
Plusieurs événements pourraient transformer cette tension latérale en explosion directionnelle.
- Pectra upgrade (prévu Q1-Q2 2026) – Augmentation massive du staking et blobs.
- Possibilité de staking dans les ETF – La SEC étudie les demandes (Ark, 21Shares, etc.).
- Tokenisation massive – BlackRock, Franklin Templeton, Société Générale poussent des actifs réels sur Ethereum.
- Reprise du ratio ETH/BTC – Historiquement, quand Bitcoin domine trop, Ethereum reprend le leadership.
Et surtout, n’oubliez jamais : les ETF ne représentent qu’une petite partie de la demande institutionnelle. Les vrais géants (fonds souverains, family offices, entreprises du Fortune 500) achètent directement sur le marché ou via des produits privés, loin des statistiques publiques.
Conclusion : le calme avant la tempête ?
Oui, les ETF Ethereum ont perdu 75 millions de dollars en une journée. Oui, le prix stagne désespérément autour des 3 000 $. Oui, le sentiment est exécrable.
Mais non, cela ne signifie pas qu’Ethereum meurt. Au contraire. Les fondamentaux de réseau n’ont jamais été aussi solides. La supply n’a jamais été aussi rare. Les cas d’usage (DeFi, RWA, layer 2, IA décentralisée) n’ont jamais été aussi nombreux.
Le marché a simplement la mémoire courte. Il se focalise sur les flux visibles et oublie les mouvements souterrains. Or l’histoire nous a appris une chose : quand la supply se contracte ainsi pendant que le prix consolide, la suite est généralement… spectaculaire.
Alors la prochaine fois que vous verrez un titre alarmiste sur les sorties d’ETF Ethereum, souvenez-vous de ce chiffre : 8,84 %. Et demandez-vous qui, vraiment, a le contrôle du jeu.









