Vous êtes en plein troisième tour d’un tournoi du DP World Tour, le soleil australien tente de percer entre deux averses, et soudain… votre balle repose sous une peau de banane. Pas une métaphore, pas un rêve bizarre : une vraie peau de banane jetée par un spectateur. C’est exactement ce qui est arrivé à Rory McIlroy samedi sur le trou numéro 2 du Crown Australian Open. Une séquence qui va rester dans les annales du golf par son absurdité.
L’incident qui fait déjà le tour du monde
Le Nord-Irlandais, connu pour son tempérament parfois volcanique, a cette fois-ci gardé son calme avec un sourire un peu crispé. Sa balle, mal placée dans une épaisse touffe d’herbe en bord de rough, était littéralement recouverte par cette épluchure abandonnée. Règle de golf oblige : l’obstacle est considéré comme « instable ». Si Rory avait tenté de l’enlever, la balle aurait bougé et il se serait pris une pénalité.
Il a donc joué tel quel. Résultat ? Un wedge qui n’a parcouru qu’une dizaine de mètres, suivi d’un double bogey douloureux. « J’ai l’impression que cette semaine est pleine de premières fois », a-t-il lâché en conférence de presse, mi-amusé, mi-résigné.
Une situation rarissime mais pas totalement inédite
On se souvient tous de Victor Dubuisson jouant depuis les cactus en 2014 lors du Match Play face à Jason Day. Le Français avait même fini par gagner le trou. Mais une peau de banane ? C’est une grande première sur les circuits majeurs. Le golf, sport de précision et de fair-play, se retrouve confronté à l’incivilité la plus bête qui soit.
Les commentateurs n’ont pas manqué de souligner l’ironie : Rory, habitué à lutter contre les éléments, le vent, la pluie, les bunkers profonds, se fait piéger par… un déchet organique. Preuve que même au plus haut niveau, l’imprévisible reste roi.
Un moving day compliqué sous la pluie
Les conditions météo n’ont rien arrangé. Pluie intermittente, greens ralentis, rough punitif : le parcours de Melbourne offrait peu de cadeaux ce samedi. McIlroy, parti avec un swing un peu rouillé, a pourtant réussi à limiter la casse en signant un 68 (-4) courageux après son incident.
Mais à -5 total, il pointe déjà à neuf longueurs du leader, le Danois Rasmus Neergaard-Petersen, auteur d’un excellent 66 et solide à -14. Difficile d’imaginer une remontada dimanche, même pour un joueur de la trempe de Rory, vainqueur ici même en 2013.
« Si les leaders étaient restés autour de -10 ou -11, ça aurait encore été jouable avec une grosse dernière journée. Mais là… »
Rory McIlroy, fataliste
Les Français loin du compte
Côté tricolore, la journée a été contrastée. Tom Vaillant et Ugo Coussaud partagent la 37e place à -3, après des cartes solides mais sans éclat. Clément Charmasson, tout juste promu sur le DP World Tour, a vécu un moving day cauchemardesque : +6 après douze trous avant de se refaire une santé avec un eagle au 14. Romain Langasque ferme la marche à +2.
Aucun Français dans le top 20, une habitude malheureusement ces dernières semaines sur le circuit européen. On attendra 2026 et surtout la nouvelle génération (Vaillant, Charmasson, Coussaud) pour espérer voir enfin un drapeau bleu-blanc-rouge tout en haut d’un leaderboard.
Rasmus Neergaard-Petersen, l’homme en forme
À seulement 25 ans, le Danois confirme semaine après semaine qu’il faut désormais compter avec lui. Déjà vainqueur cette saison, il enchaîne les cartes sous le par avec une régularité impressionnante. Son 66 du jour, malgré la pluie, témoigne d’une maturité rare.
Son secret ? Un jeu de fers ultra-précis et un putting en feu. Quand on lui parle de la peau de banane de McIlroy, il sourit : « J’ai vu l’image, c’est complètement fou. Le golf, c’est parfois ça aussi… » Dimanche, il partira avec cinq coups d’avance sur son plus proche poursuivant. Mission victoire largement à sa portée.
Le golf, sport de gentlemen… et parfois de malotrus
Cet incident relance le débat sur le comportement des spectateurs. Si le golf reste l’un des sports les plus respectueux, certains oublis (bouteilles, emballages, et maintenant peaux de banane) ternissent l’image. Les organisateurs australiens ont déjà annoncé renforcer les messages avant le dernier tour.
Car au-delà de l’anecdote, c’est bien la sécurité et l’équité du jeu qui sont en cause. Une peau de banane peut sembler anodine, mais elle a coûté deux coups à l’un des meilleurs joueurs du monde. Imaginez si cela avait concerné le leader en plein money time…
Le golf professionnel n’est pas le foot. On n’y tolère ni les projectiles ni les incivilités. Espérons que cette histoire servira de leçon, même si elle restera surtout comme l’une des plus drôles (et absurdes) de l’année 2025.
Que retenir de cette 3e journée ?
- Une image qui va marquer l’histoire du golf
- Un Danois en route vers un deuxième titre cette saison
- Un Rory McIlroy philosophe malgré la frustration
- Des Français en retrait mais quelques espoirs pour demain
- Une météo toujours aussi capricieuse à Melbourne
Le dernier tour s’annonce passionnant, même si la victoire semble déjà promise à Rasmus Neergaard-Petersen. Quant à Rory, il repartira avec une anecdote qu’il racontera encore dans vingt ans dans les dîners. « Tu sais, la fois où une peau de banane m’a coûté un double bogey… »
Le golf, finalement, c’est ça aussi : un sport où l’on peut tout maîtriser… sauf l’incivilité d’un spectateur qui n’a pas trouvé de poubelle. Rendez-vous dimanche pour la conclusion de cet Open d’Australie déjà entré dans la légende pour les mauvaises (et bonnes) raisons.









